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    Manif contre la loi Travail: notre journaliste empêché de filmer par la police

    Notre journaliste filmait une interpellation pendant la manifestation contre la loi Travail ce 5 juillet. La police a menacé de l'interpeller pour finalement le refouler hors de la manifestation.

    Notre journaliste David Perrotin couvrait la manifestation de ce 5 juillet contre la loi Travail quand il a été empêché de faire son travail par les forces de l'ordre. Il filmait une interpellation musclée vers 18h quand un policier l'a vu et a vérifié sa carte de presse.

    L'agent a d'abord menacé de l'interpeller avant finalement de le repousser, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessous, filmée par une manifestante présente sur place:

    Le policier a d'abord mis en avant son droit à l'image. «Je pourrais porter plainte contre vous si j'ai pas envie d'être filmé», a-t-il déclaré. Les policiers ne bénéficient pourtant pas d'une «protection particulière du droit à l'image» depuis une circulaire de 2008.

    Le fonctionnaire de police a ensuite argué le fait que la carte de presse de David Perrotin datait de 2015. Après avoir vu un mail de la commission de la carte d'identité professionnelle des journalistes (CCIPJ) confirmant son renouvellement en cours, le policier a tout de même décidé de l'expulser. Et l'a menacé une nouvelle fois de l'interpeller pour «rébellion».

    Pas de matricule visible

    Aucun des policiers présents sur les lieux n'avait son matricule visible. Ils ont également refusé de le donner. Contactée sur place par notre journaliste, la préfecture de police de Paris a confirmé que le policier «n'avait pas le droit d'empêcher un journaliste de filmer ni de refuser de donner son matricule». «On ne peut rien faire pour vous si les fonctionnaires sur place vous empêchent de travailler», ont-ils ajouté.

    Un article publié sur BuzzFeed France constatait que lors de la manifestation du 29 juin, plus de 200 policiers et gendarmes ne portaient pas de matricule. Cette mesure est pourtant obligatoire et inscrite dans le nouveau code de déontologie de la police nationale et de la gendarmerie depuis 2014.

    Policiers déjà accusés d'empêcher les journalistes de travailler

    Depuis le début des manifestations, les policiers ont été accusés à plusieurs reprises d'empêcher certains journalistes de faire leur travail. Le 23 juin dernier, deux journalistes indépendants Alexis Kraland et Gaspard Glanz ont été interpellés avant la manifestation parisienne contre la loi Travail, puis gardés pendant trois heures dans un commissariat du 18e arrondissement.

    Un peu plus tôt, en mai, un reporter pour le magazine Fumigène avait reçu un arrêté préfectoral l’interdisant de couvrir une manifestation anti loi-Travail. Le lendemain, le journaliste indiquait que le tribunal administratif de Paris avait retiré l’arrêté l’empêchant de se rendre sur le lieu de la manifestation.

    Plus grave encore, plusieurs manifestants et journalistes ont accusé les forces de l'ordre d'avoir commis des violences policières.

    Comme à Saint-Malo ou à Rennes au tout début du mois de juin. Des violences ignorées par le préfet d’Ille-et-Vilaine, malgré la présence de nombreux témoignages et vidéos.

    Le 17 juin, encore, c'est à Paris que des journalistes ont témoigné, notamment auprès de BuzzFeed News, de violences policières.