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    Mathieu Kassovitz a usurpé mon identité sur Facebook

    Pour une campagne promo un poil dérangeante.

    Ce mercredi matin, plusieurs amis m'ont envoyé un message sur Facebook en me demandant pourquoi je les avais rajoutés en ami une deuxième fois, avec un autre compte.

    Après vérification, j'avais moi-même reçu une friend request d'une certaine Anaïs Bordages (c'est moi).

    Un rapide coup d'œil au profil, et j'ai vu que l'on y trouvait mon job, mes photos de profil, et déjà quelques uns de mes amis, qui avaient accepté l'invitation sans se poser de questions.

    J'ai tout de suite cru à une simple arnaque visant à extorquer de l'argent à mes contacts. J'ai signalé le faux compte à Facebook, qui l'a immédiatement supprimé, et j'ai prévenu mes amis.

    Sept heures plus tard, j'ai reçu un mail légèrement flippant.

    Étant de nature très calme, j'imagine tout de suite un hack à la Jennifer Lawrence. Suis-je la victime d'un Anaïs Bordages-gate ? L'armée syrienne est-elle à mes trousses ?

    En fait non, c'était juste Mathieu Kassovitz.

    Ayant un peu peur du phishing, mais piquée par la curiosité, je clique sur le lien avec hésitation, pour tomber sur une vidéo de Pathé, à mon nom.

    Voir cette vidéo sur YouTube

    Je découvre ainsi qu'il s'agit d'une campagne de communication organisée par Pathé et l'agence Darewin, pour le nouveau film de Mathieu Kassovitz, « Un Illustre inconnu ».

    Évidemment, le thème du film (en salles le 19 novembre), c'est l'usurpation d'identité.

    Certes, le procédé est efficace. Mais le fait d'utiliser la photo et les données de quelqu'un sans sa permission n'en reste pas moins moralement dérangeant, et, comme l'a fait remarquer Le Point, à la limite de l'illégalité :

    « Le fait d'usurper l'identité d'un tiers ou de faire usage d'une ou plusieurs données de toute nature permettant de l'identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d'autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération, est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. », informe le Code pénal.

    UPDATE le 15 octobre à 22h59 : contacté par BuzzFeed, un représentant de Facebook nous a confirmé que « prétendre être quelqu'un d'autre [...] est une violation des conditions de Facebook. »

    Nous comptons sur la communauté Facebook pour signaler les instances potentielles où des faux noms ou des impostures pourraient avoir lieu, pour pouvoir vérifier le profil ou la page et prendre les mesures appropriées.

    UPDATE le 16 octobre à 14h30 : contacté par BuzzFeed, Jean-Samuel Kriegk de l'agence Darewin nous a assuré que pour lui, « l'opération ne pose pas de problème moral ».

    Les contenus reproduits étaient publics, les comptes clonés n'ont existé que quelques heures. [...] Il n'y a ni malveillance ni préjudice pour personne.

    L'agence nous confirme également ne pas avoir demandé d'autorisation à Facebook : « Chez Darewin on dit souvent "Ask for forgiveness, not for permission". »

    (« Demandez pardon, pas la permission », une devise franchement inquiétante qui donne une idée assez claire des méthodes de la boîte.)

    Alors que plusieurs journalistes ont récemment été ciblés par un pirate informatique, malheureusement, la campagne frappe par son mauvais goût.

    « Notre but n'était pas d'inquiéter quiconque », a ainsi ajouté Jean-Samuel Kriegk, faisant référence aux réactions énervées d'un blogueur et d'un journaliste du Monde.

    Non c'est ta faute tu proteges pas tes donnees...rappel un inconnu fait cela c est procès...une agence fait cela...c est audacieux...

    Personnellement, je suis enchantée de faire partie des « quelques dizaines d'influenceurs sur le web, triés sur le volet » pour la campagne (c'est ma mère qui va être fière). Mais je n'irai pas voir le film.