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    L'élection présidentielle américaine expliquée aux Français un peu paumés

    Pas de panique, c'est juste ~un tout petit peu~ compliqué.

    Dans la nuit du mardi 8 au mercredi 9 novembre, on devrait normalement savoir qui de Donald Trump ou de Hillary Clinton deviendra le/la 45e président-e des États-Unis.

    Dans les faits, il y a aussi d'autres candidats mais qui ont peu de chances d'être élus.

    On vous a déjà expliqué que celui qui a inventé le système électoral américain était clairement bourré. Mais le plus dur est derrière nous, car ce qui se déroule le jour du Election Day est plus limpide......

    OU

    PEUT-ÊTRE

    PAS

    Commençons par le commencement. Déjà c'est quoi l'Election Day?

    Sachez que:

    Elle se déroule toujours un mardi de novembre depuis 1845, car à l'époque le pays était principalement un pays agraire et très religieux. Mardi était une journée idéale car le lundi aurait obligé les votants à voyager le dimanche, jour de messe. Quant au mercredi, c'était généralement le jour du marché. Il fallait aussi éviter que cette journée tombe le 1er novembre, jour du All Saints Day (l'équivalent de la Toussaint en France).

    Cette année, près de 200 millions d'Américains sont inscrits sur les listes électorales. Dans la plupart des États, l’âge légal du droit de vote est de 18 ans, même si dans certains États il est possible de voter à 17 ans.

    Mais pour départager les deux prétendants à la Maison-Blanche, les Américains ne voteront pas directement pour les deux candidats mais... pour des grands électeurs.

    Le président américain est élu au suffrage indirect, contrairement à la France où le suffrage direct nous permet de mettre dans l'urne le bulletin du candidat que l'on souhaite voir président.

    Ils sont 538 membres et sont répartis entre les 50 États du pays ainsi que dans le district de Columbia, où se trouve la capitale Washington. Ce sont eux qui sont chargés d’élire le futur président.

    Leur nombre dépend notamment de le population de chaque État. Ces grands électeurs sont de grandes figures des partis ou des officiels de l’État mais leur nom n’apparaît pas forcément sur les bulletins. Il faut également savoir que la règle du winner takes all s'applique dans tous les États (sauf dans le Maine et le Nebraska) c'est-à-dire que le candidat en tête remporte la totalité des grands électeurs de l'État.

    Évidemment, il faut obtenir la majorité absolue des suffrages pour être élu. Pour l'emporter, un candidat doit ainsi remporter 270 grands électeurs. Et c'est ce collège électoral de 538 membres qui se réunira le 19 décembre pour élire officiellement le président et le vice-président.

    Et voici la carte de la répartition des grands électeurs. Sur cette carte, on voit que la Californie, le Texas, l'État de New York et la Floride (en rouge) comptent le plus nombre de grands électeurs. Le Dakota du Nord et du Sud et le Vermont, eux (en bleu), comptent parmi ceux qui en ont le moins.

    Comme le cerveau dont ce système est sorti n’est pas net, il reste la possibilité que chaque candidat obtienne 269 grands électeurs et qu’il y ait donc égalité. Dans ce cas précis, il y a un vote pour les départager à la Chambre des représentants.

    Vous en avez beaucoup entendu parler et vous vous demandez:

    Ce sont les États qui peuvent faire basculer l'élection car leur vote est indécis. Cette année, il faudra surveiller la Floride, l'un des États les plus peuplés en grands électeurs. Mais aussi la Pennsylvanie et l'Ohio.

    Et puisque le génie de ce système n'a pas décidé de faire les choses à moitié, il faut savoir qu'il n'y a pas que le président qui est élu le 8 novembre.

    Les Américains doivent aussi voter pour élire des membres du Sénat, de la Chambre des représentants, des gouverneurs... On peut le voir sur ce bulletin utilisé lors de l'élection de 2012:

    Et voici à quoi ressemblent certains bureaux de vote aux États-Unis:

    ET PUIS VIENT L'HEURE DES RÉSULTATS.

    Si un candidat obtient 270 grands électeurs, la tradition veut que le perdant appelle le gagnant pour le féliciter et admettre sa défaite. Sauf que Donald Trump a refusé de s'engager à accepter sa défaite si cela arrivait.

    Si les choses se passent normalement, les deux candidats prononcent ensuite un discours: l'un pour annoncer publiquement sa victoire, l’autre pour annoncer sa défaite.

    En gros, il y a trois scénarios possibles:

    1. La victoire de Hillary Clinton: C'est le scénario le plus probable. Les sondages les plus récents donnent la candidate démocrate gagnante. Mais l'écart avec Trump s'est tout de même réduit ces derniers jours, notamment avec le retour de l'affaire de ses mails examinés par le FBI. Pour s'imposer, l'ex-secrétaire d'État de Barack Obama peut compter sur des États historiquement démocrates comme la Californie et pour assurer sa victoire, se mettre les swing states dans la poche.

    2. La victoire de Donald Trump: La magnat de l'immobilier a remonté dans les sondages récemment mais il est toujours donné perdant. Il doit impérativement gagner des swing states et notamment la Floride qui dispose d'un nombre conséquent de grands électeurs.

    3. Un score serré: On se souvient que lors de l'élection présidentielle de 2000, George W. Bush et Al Gore étaient arrivés au coude-à-coude dans l'État de la Floride. Mais Al Gore avait fini par perdre dans l'État après un recompte des voix. Un nouveau recompte demandé par Al Gore avait été jugé inconstitutionnel après une longue bataille judiciaire et celui-ci avait fini par reconnaître sa défaite plus d'un mois après l'élection, le 13 décembre.

    Le 45e président des États-Unis sera officiellement investi le 20 janvier 2017.

    Le début d'une nouvelle ère pour l'Amérique!