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    Ces portraits montrent de jeunes SDF tels qu'ils souhaitent être vus

    Les jeunes SDF américains – dont 40% s'identifient comme LGBT – ont été immortalisés pour un nouveau projet photo qui sort le mois prochain.

    «De nombreux jeunes LGBT sans-abris ont le sentiment de ne pas avoir de contrôle sur la façon dont on les représente», a indiqué Taz Tagore, cofondatrice de la Reciprocity Foundation, une association à but non lucratif aidant les jeunes sans-abris de New York City, à BuzzFeed News. Dans les représentations typiques, dit-elle, les jeunes sans-abris «se sentent dénigrés et faibles. Ils se sentent désespérés. Beaucoup de portraits de victimes manquent de force.»

    Pour le 10e anniversaire de la Reciprocity Foundation, Mme. Tagore a fait équipe avec Alex Fradkin, photographe primé, pour remettre en cause la perception commune des jeunes SDF – en donnant à ces jeunes le pouvoir de s'illustrer eux-mêmes, et selon leurs propres termes.

    See Me: Picturing New York's Homeless Youth sera présenté dans une exposition à grande échelle et dans un livre en couleurs.

    «J'ai passé plusieurs mois à développer une relation avec ces gosses, avant même de sortir mon appareil photo», a dit le photographe à BuzzFeed News. Depuis l'automne 2014, Alex Fradkin dirige des ateliers photo à l'association, et s'est livré à de longues conversations avec ses sujets. Il a insisté sur le fait que See Me est totalement collaboratif: le produit d'un effort commun avec les jeunes. Après les séances photo, Alex Fradkin exposait les portraits lors d'ateliers, et demandait aux jeunes leur avis: est-ce que ces portraits sont honnêtes? Est-ce qu'ils sont convaincants?

    Taz Tagore veut aller encore plus loin pour amplifier la voix de ces jeunes, en les faisant écrire des essais pour accompagner leurs portraits. «Ça me vient naturellement cette envie de créer avec les jeunes, ou de co-créer avec eux. [La Reciprocity Foundation] a depuis longtemps l'habitude de faire parler les jeunes sur la façon dont ils veulent s'exprimer», a-t-elle dit.

    Parmi les projets précédents de l'association, une ligne de vêtements, un CD, et un film primé aux Emmy Awards. La photographie semblait donc être une étape logique.

    «Nous voulions travailler avec Alex afin de transformer la culture visuelle autour des jeunes», a-t-elle dit. Elle et Alex Fradkin voulaient que ces portraits soient «humanisants et créent une connexion».

    Elle a également indiqué qu'elle et le photographe ne voulaient pas juste représenter l'abandon et la maltraitance. «Ces choses existent, mais les portraits offrent la possibilité de créer un lien [avec les jeunes] et ce à de nombreux niveaux. Ils ne se sentent pas victimisés – ils se sentent fiers. Ils sont impatients de présenter le projet à travers New York, et d'éduquer les gens sur le processus de création de ce travail, et pourquoi il est important pour eux», a-t-elle expliqué.

    En parlant de son processus de réalisation, Alex Fradkin a fait écho aux craintes de Taz Tagore. «Je pense que beaucoup [de photographies des jeunes sans-abris] les montrent comme étant opprimés.» Il reconnaît que ces visuels les représentant comme des victimes sont un témoignage important sur leurs conditions difficiles de vie. «Mais je voulais éviter de faire quelque chose que j'avais déjà vu auparavant.»

    Les portraits représentent les jeunes à différents stades de la vie d'un sans-abri. Certains sont en hébergement d'urgence, d'autres en centre de transition à long-terme, et quelques uns ont été assez chanceux pour obtenir des logements subventionnés à long-terme. Ils sont tous, en tout cas temporairement, dans un endroit qu'ils peuvent appeler «un chez eux».

    Les photos ont été prises dans des endroits ayant une signification personnelle. «Un lieu symbolisant la peur, ou l'inspiration, ou rempli de souvenirs», dit le photographe.

    Reciprocity a pour but de soutenir et guérir «la dimension intérieure» des ces jeunes – une prouesse particulièrement difficile et importante compte tenu du nombre disproportionné de jeunes sans-abris qui s'identifient comme LGBT (jusqu'à 40%, selon une étude de Williams Institute, menée en 2012).

    «Les jeunes LGBT sont tellement marginalisés», a ajouté Taz Tagore. «Nous avons vu des réactions horribles de la part des familles lors du coming-out leur enfant - nous avons encore du mal à croire que les parents puissent traiter leurs enfants ainsi.»

    «Le fait d'être rejeté par sa propre famille est particulièrement déchirant», a-t-elle dit. «Ils ont besoin de beaucoup d'amour, de soutien, de communauté, de guérison. Notre communauté, [chez Reciprocity], fonctionne, de nombreuses façons différentes, comme une famille. Les jeunes LGBT trouvent très réparateur... le fait d'être aimé pour ce qu'ils sont. Il arrive que nos étudiants arrivent en ayant changé de genre. Ils jouent, ils expérimentent. Et il y a de la place pour ça à Reciprocity. Il n'y a pas de "Tu dois choisir un genre ; tu dois choisir une orientation sexuelle."»

    Elle a ajouté: «Je pense que l'on espère créer à Reciprocity, et au-delà, un monde où l'orientation sexuelle est un voyage, où ça se développe – où vous avez la possibilité de faire des choix différents.»

    Alex Fradkin dit avoir été motivé par une question: «Comment faites-vous pour que le spectateur voie réellement et sincèrement la personne?»

    Il ne voulait pas faire un spectacle de ces jeunes, mais engager le spectateur, «le faire s'arrêter, regarder, et voir.»

    «Tellement peu de gens, une fois que vous leurs dites qu'ils sont SDF, arrivent à voir [ces jeunes] autrement», a déclaré Taz Tagore. «Mais, il y a une force qui vient avec le fait d'avoir survécu à des abus, d'avoir survécu à la rue. Devoir affirmer votre orientation sexuelle, ainsi que votre identité de genre, fait de vous une personne très puissante.»

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