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    Au Caire, la police égyptienne fouille les comptes Facebook en série

    À la veille des 5 ans de la révolution, les habitants du centre-ville racontent que les forces de sécurité viennent fouiller leurs appartements et demandent à voir leurs comptes Facebook.

    LE CAIRE, Égypte — La police égyptienne a fouillé des milliers d'appartements et a demandé à voir les comptes Facebook des gens, ont raconté à BuzzFeed News plusieurs résidents du centre-ville du Caire. La fouille des comptes de réseaux sociaux et les interrogatoires surviennent seulement quelques jours avant le 25 janvier, qui marquera le cinquième anniversaire du soulèvement populaire en Égypte.

    Asma et Dima, deux universitaires qui louent un appartement dans le centre-ville du Caire ont dit qu'elles étaient choquées lorsque les forces de sécurité ont frappé à leur porte lundi, avant de pénétrer dans leur appartement en demandant si elles avaient oui ou non participé à la révolution du 25 janvier. Puis, on a demandé à voir leur compte Facebook. Elles témoignent:

    «La question la plus absurde a été lorsque l'officier de police m'a demandé d'allumer mon téléphone portable pour lui montrer mon compte Facebook», raconte Asma. «Nous avons eu de la chance, car le premier propriétaire de l'appartement était un général dans l'armée, nous l'avons donc appelé avant de passer le téléphone à l'officier de police qui est parti immédiatement», ajoute Dima.

    Alors que la date anniversaire du soulèvement populaire en Égypte se rapproche, la police égyptienne semble prendre des mesures supplémentaires pour vérifier si des événements sont planifiés pour le 25 janvier.

    «C'est normal», déclare un officier de police du Caire à BuzzFeed News. Il a souhaité rester anonyme, car il n'était pas autorisé à parler aux médias. «Comme vous pouvez le constater, l'État fait face au terrorisme et le centre-ville est une zone très importante. Nous devons donc nous assurer qu'elle est totalement sécurisée». Le policier explique que les réseaux sociaux sont désormais l'un des outils que les criminels utilisent de nos jours, c'est la raison pour laquelle on leur a demandé de vérifier les comptes Facebook de tous ceux qui leur paraissent suspects. «Il y a quelques pages Facebook qui appellent à tuer des officiers, à brûler des immeubles et à détruire le pays», a-t-il ajouté.

    «Écoute-moi, jeune homme, va-t-en et ne t'attire pas des problèmes»

    Ramy Raoof, spécialiste en sécurité numérique basé au Caire, explique que la police vérifiait Facebook au hasard pour avoir une idée de l'état d'esprit dans les rues avant l'anniversaire de la révolution. «Pour surveiller un compte spécifique, ça requiert effort et argent, ce qui ne peut pas se faire pour un grand groupe, explique Raoof. C'est pourquoi il tournent en ville pour vérifier les téléphones des gens.»

    Nader, acteur de 22 ans, raconte que la porte de son appartement, situé près de la Place Tahrir, a été cassée et que l'endroit a été fouillé. Selon Nader, son portier lui a raconté que la police était venue et lui avait demandé s'il y avait des jeunes gens qui louaient des appartements dans cet immeuble, et qu'elle s'est ensuite dirigée vers son appartement et a ouvert la porte.

    Nader s'est rendu au commissariat pour porter plainte, mais n'a pas été autorisé à le faire. «Un vieux monsieur au commissariat m'a chuchoté à l'oreille "Écoute-moi, jeune homme, va-t-en et ne t'attire pas des problèmes que tu ne pourras pas affronter"», raconte-t-il.

    Ces perquisitions non désirées des forces de sécurité et leurs vérifications des portables pour accéder aux comptes Facebook des deux derniers jours ont engendré des critiques et des commentaires sarcastiques sur les réseaux sociaux.

    Hossam Bahgat, journaliste célèbre récemment détenu, interrogé et plus tard libéré, a écrit:

    «Tous les appartements dans le centre-ville du Caire sont passés au peigne fin. Cinq mille jusqu'à présent et ils continuent à chercher alors que personne n'est accusé de comploter quoi que ce soit. Ce mois sera inscrit dans les manuels médicaux en tant que premier cas de crise de panique touchant un gouvernement au complet et ses officiels.»

    Solafa Magdy, journaliste à la télévision, a mis en garde les personnes habitant dans le centre-ville en disant:

    «Les arrestations et les perquisitions au hasard continuent dans le centre-ville du Caire. Évitez les cafés et ne gardez pas du matériel chez vous ou des photos sur votre portable. Soyez prudents.»

    Ahmed Kamal décrit la situation du centre-ville: «Il y a presque un couvre-feu dans le centre-ville du Caire. Des rues principales ont été partiellement fermées et les voitures ne peuvent circuler que sur une seule voie.»

    وسط البلد تقريبا بقي فيه حظر تجول شارع 26يوليو مقفول في اتجاه الاسعاف قدام دار القضاء قفلو الشارع وسايبين حارة كماين كتير فشخ فوسط البلد

    Khaled Telema, présentateur télé, a discuté des incidents dans son émission et a demandé si le ministre de l'Intérieur avait des commentaires à faire.

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    «Ce qu'a fait la police est considéré comme un crime», a déclare Nasser Amin, avocat des droits humains basé au Caire. «Selon la constitution égyptienne, la police n'a pas le droit de vérifier votre domicile, votre téléphone ou votre ordinateur portable sans la permission du procureur, ce qu'elle n'a pas. Elle détruit tout simplement la loi bien qu'elle dise la protéger.»