Slate, Titiou Lecoq : « Et maintenant alors? On se dit au revoir? »
Désormais, on découvre qu'on vit dans un pays où des journalistes et des dessinateurs peuvent être exécutés pour leurs idées, parce qu'ils sont libres. Soyons honnête, pour ma génération, «liberté de la presse», ça ne voulait pas dire grand chose. A la limite, on s'en préoccupait surtout face aux éventuelles pressions politico-économiques ou des problèmes judiciaires. On voyait bien, chaque année, passer l'album de 100 photos pour la liberté de la presse de Reporters sans frontière. On se disait que c'était courageux de travailler là-bas, dans ces pays dangereux. Nous étions plein de l'inconscience des nantis.
Mais franchement, ça avait quel rapport avec notre réalité quotidienne? Notre réalité vient de changer. D'un coup de kalachnikov, on ne se contente pas de tuer quelqu'un, on bouleverse une société qui ne sera plus jamais la même. Et le choc est d'autant plus violent que ce n'est pas la liberté d'informer qui est remise en cause. Ils n'ont pas été exécutés parce qu'ils allaient révéler un complot mondial. Ils ont payé de leur sang notre droit au rire. Trois connards en cagoule viennent de nous dire «vous n'avez plus le droit de vous marrer».
Tommy dessine :
Au soir de la mort de ces journalistes, me reste l'image d'hommes et de femmes d'une grande curiosité, d'une immense tolérance, à l'indignation saine, mus par un grand sens de la responsabilité et par une grande rigueur, compulsant la presse, pour trouver des idées, recouper des infos.Ils m'ont appris l'irrévérence, la légèreté, l'exigence de tout penser, de tout remettre en cause, de débattre, de se mettre sur la gueule et de rigoler.
France Inter, Patrick Cohen : « L'hommage à Charlie Hebdo »
France Inter, Sophia Aram : « Je me souviens d'avoir eu envie de trouver une vanne, d'avoir envie d'en rire. Et je me souviens d'avoir échoué. »
Vidberg :
Le Monde, Gilles van Kote : « Libres, debout, ensemble »
Depuis dix ans, ils étaient menacés et le savaient : des fous de Dieu islamistes poursuivaient de leur haine ces « blasphémateurs » qui osaient moquer leur Prophète. L'équipe de Charlie Hebdo n'avait pas reculé, pas cédé, pas cillé. Chaque semaine, armée de ses seuls crayons, elle continuait son combat pour la liberté de penser et de s'exprimer.
Certains ne cachaient pas leur peur, mais tous la surmontaient. Soldats de la liberté, de notre liberté, ils en sont morts. Morts pour des dessins. A travers eux, c'est bien la liberté d'expression – celle de la presse comme celle de tous les citoyens – qui était la cible des assassins. C'est cette liberté d'informer et de s'informer, de débattre et de critiquer, de comprendre et de convaincre, cette indépendance d'esprit, cette nécessaire et vitale audace de la liberté que les tueurs ont voulu écraser sous leurs balles.
France Inter, Patrick Pelloux : « Hier matin, je devais être à la conférence de rédaction »
Les Guignols de l'info : « Paradie Hebdo »
Le Petit Journal :
Le Grand Journal :
France Inter, Caroline Fourest : « Ils ont tué des enfants, ils ont tué des nounours. »
Konbini, Rachid Majdoub : « Je suis Français de culture musulmane et je suis triste et apeuré »
Triste, de voir à quel point certains extrémistes salissent une religion qui ne prône en aucun cas, en aucuns termes, leurs convictions et leurs actes. Ces criminels ne représentent en rien une grande majorité d'arabes, une grande majorité de musulmans. Ils prétendent tenir entre leurs mains maculées de sang un Coran qui dit pourtant que tuer une seule personne revient à tuer l'humanité tout entière. Ces barbares ne sont pas l'islam ; ils sont le fardeau de l'islam.
Je suis triste, de devoir subir les conséquences de leurs agissements. Triste de voir la tournure prise par les événements. Triste, de devoir me justifier. Triste, de devoir me défendre pour un crime que je n'ai pas commis. Triste, d'observer des mentalités tomber dans le piège de l'amalgame. Quand un arabe devient un ennemi. Quand un musulman devient un terroriste.