Huit milliardaires –tous des hommes, six Américains– possèdent autant que les 3,7 milliards de personnes les plus pauvres de la planète, révèle un nouveau rapport d'Oxfam.
Les résultats de ce rapport mettent en lumière l'ampleur des inégalités à travers le monde, les chiffres montrant également que les 1% les plus riches possèdent plus que les 99% restants.
Le rapport d'Oxfam est publié le premier jour du Forum économique mondial de Davos, une réunion de dirigeants politiques et de chefs d'entreprise, cette année sur le thème du «leadership responsable».
L'année dernière, une étude de l'organisme international révélait que les 62 personnes les plus riches du monde possédaient plus que les 50% les plus pauvres, mais depuis, il a reçu des données plus précises sur la répartition des richesses sur la planète.
Les huit hommes qui sont aussi riches que la moitié de la planète sont: Bill Gates, le fondateur de Microsoft; Amancio Ortega, le fondateur de Zara; l'investisseur américain Warren Buffett; Carlos Slim Helu, propriétaire du conglomérat mexicain Grupo Carso; le fondateur d'Amazon Jeff Bezos; le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg; le cofondateur d'Oracle Larry Ellison; et l'homme d'affaires et ancien maire de New York Michael Bloomberg.
Ensemble, ces huit hommes possèdent 400 milliards d'euros (en moyenne, 48 milliards d'euros chacun), alors que les 3,7 milliards de personnes les plus pauvres de la planète disposent de 384 milliards d'euros (en moyenne, 104 euros chacune).
Plusieurs de ces milliardaires se sont engagés à donner la majorité de leur fortune à des œuvres de charité, avant ou après leur mort.
«La photographie des inégalités cette année est plus claire, plus précise et plus choquante que jamais. Il est grotesque qu'un groupe d'hommes qui pourrait facilement tenir dans une voiturette de golf possède plus que la moitié la plus pauvre de l'humanité», a déclaré Mark Goldring, le directeur d'Oxfam Royaume-Uni.
«Alors qu'une personne sur neuf dans le monde se couche en ayant faim le soir, une petite poignée de milliardaires a tellement d'argent qu'il lui faudrait plusieurs vies pour le dépenser. Le fait qu'une élite ultra-riche puisse prospérer aux dépens du reste d'entre nous, dans notre pays et à l'étranger, montre à quel point notre économie est pervertie.
Les inégalités ne font pas que précipiter des millions de personnes dans la pauvreté, elles fracturent nos sociétés et empoisonnent notre vie politique. Il n'est pas juste que les cadres supérieurs touchent d'énormes bonus, alors que le salaire des travailleurs stagne ou que les multinationales et les millionnaires évitent l'impôt, alors que les services publics sont amputés.»
L'organisme international affirme que le problème des inégalités est aggravé par des gens déjà relativement riches qui captent la majeure partie de la richesse croissante du monde. Entre 1988 et 2011, les 10% les plus pauvres de la planète ont bénéficié en moyenne d'une augmentation de salaire de 65 dollars, tandis que les 10% les plus riches ont obtenu 3278 dollars chacun.
Le premier 1%, quant à lui, a reçu en moyenne 11.800 dollars.
Par conséquent, la richesse mondiale s'est fortement concentrée dans les mains du top 1% et 10%, les gens dans le top 70-80% possédant seulement 2,3% de la richesse mondiale –tandis que le top 10% en possédait 89%.
La barre rouge dans le graphique ci-dessous montre la part de la richesse détenue par le top 1%.
Oxfam a également transmis à BuzzFeed News des données dont la méthodologie avait été critiquée ces dernières années. Ces critiques relèvent que de nombreuses personnes qui seront riches un jour peuvent actuellement faire partie des 10% les plus pauvres –prenez par exemple un médecin récemment diplômé aux États-Unis ou au Royaume-Uni avec peu de biens et une énorme dette étudiante. Cette personne apparaît dans le groupe le plus pauvre de la population mondiale.
Cependant, les données additionnelles semblent montrer que ce cas de figure représente une faible part des 50% les plus pauvres de la planète, dont 1% vivent en Amérique du Nord et moins de 10% en Europe –les pays africains, la Chine et l'Inde, constituant l'écrasante majorité du groupe.
L'organisme international exhorte les leaders présents à Davos à adopter ce qu'il appelle une «économie plus humaine» en s'attaquant à l'évasion fiscale, en augmentant le financement de la santé et de l'éducation, et en améliorant les droits des travailleurs.
Ce post a été traduit de l'anglais.