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    Attention aux intox sur l'enseignement de l'Histoire à l'école

    L'islam n'est pas entré au programme de la classe de cinquième en 2016, il y figure depuis plusieurs années déjà.

    1. Non, l'islam ne fait pas son apparition en cinquième cette année.

    Contrairement à ce que certains ont avancé, l'enseignement de l'islam en 5e n'est pas une nouveauté de la rentrée 2016.

    On peut par exemple le constater ici en consultant le programme de l'année 2008. L'islam y était abordé dans la période qui va du Moyen Âge aux Temps modernes. «Le programme de cinquième s’ouvre par la découverte de la naissance de l’islam (fait religieux) et de l’islam médiéval (civilisation).»

    Et ça n'a pas changé depuis de nombreuses années, comme le confirme Bruno Modica, professeur agrégé d’Histoire et président de l'association Les Clionautes. à BuzzFeed News.

    «J'enseigne depuis 1981 et depuis 30 ans au moins l'islam a toujours été étudié en classe de cinquième notamment en terme de civilisation. Les titres dans les programmes ont peut-être évolué mais pas le contenu. Les élèves étudient également les chrétientés occidentales et orientales avec l'Empire Byzantin».

    Voici par exemple une page d'un manuel scolaire (Nathan) datant de 2010 envoyé par un professeur membre de l'association Les Clionautes.

    Et voici un exemple d'un manuel de 1982 pour la classe de cinquième:

    2. Contrairement à ce que certains membres de la «fachosphère» racontent sur Twitter, Napoléon ne disparaît pas de l'enseignement d'Histoire.

    Dans le programme d'Histoire de la classe de quatrième, comme l'a notamment remarqué cet internaute, l'impasse n'est pas faite sur Napoléon Bonaparte. On retrouve l'empereur dans le thème «Le XVIIIe siècle, expansions, Lumières et révolutions». La période napoléonienne est étudiée, ainsi que les réformes nées de cette période de l'Histoire de France.

    «Les réformes révolutionnaires puis napoléoniennes (Code civil de 1804, réorganisation de l’administration…) ont un rayonnement européen incontestable, quand bien même la domination militaire et diplomatique du Premier consul, puis de l’empereur sur l’Europe, est instable, contestée et finalement mise à bas en 1814 et 1815», peut-on lire sur le nouveau programme.

    3. François Fillon déclare dans Le Figaro que Jeanne d'Arc, Jules César, Christophe Colomb, Hugues Capet disparaissent du programme d'Histoire en école primaire. C'est faux.

    Dans cette tribune intitulée «Enseigner le récit national à nos enfants», l’ex-Premier ministre et ex-ministre de l’Éducation nationale affirme alors qu’«à la rentrée disparaissent du programme plusieurs personnages importants français et européens: Jules César, Vercingétorix, Hugues Capet, Jeanne d’Arc, Gutenberg, Christophe Colomb, Copernic, Galilée, Richelieu et même Voltaire et Rousseau!»

    Pourtant, en regardant les programmes de la rentrée 2016, ce n’est pas tout à fait exact. Au CM1 par exemple, les élèves étudieront «l’histoire de la colonisation romaine des Gaules» et également la monarchie capétienne.

    Et en vérifiant dans les nouveaux manuels de 2016, on trouve bien les noms de Jules César ou encore Hugues Capet.

    4. Lors de son discours à Sablé-sur-Sarthe, le dimanche 28 août, François Fillon avait déjà vivement critiqué l'Histoire telle qu'elle figure dans les nouveaux programmes de 2016. Il avait notamment dit que «les jeunes Français ignorent des pans de leur histoire.»

    Comme l’ont démontré Les Décodeurs, «la majorité des repères historiques fréquemment associés au «roman national» français figurent également au programme, dans des enseignements classés par ordre chronologique.»

    «Ce que François Fillon dit est faux», estime Bruno Modica. «Il est dans la logique de la primaire de la droite où lui comme d’autres ratissent sur un terrain conservateur. Depuis le XIXe siècle, l’Histoire est instrumentalisée à des fins politiques car c’est notamment par l’Histoire que les plus jeunes accèdent au débat politique ou au fonctionnement des institutions françaises.»

    «Sauf que cette instrumentalisation montre surtout que les politiques ne connaissent pas les programmes, qu’ils ne savent pas ce qui se passe dans les classes et qu’ils ne comprennent pas ou ne veulent pas comprendre que l’Histoire est une matière vivante qui évolue en fonction des recherches historiques.»

    «Et ce qui me met particulièrement en colère c’est que les politiques mettent constamment en cause l’honnêteté intellectuelle des professeurs en faisant de la surenchère sur “tout fout le camp”.»