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    Tribune sur l'école dans Le Figaro: les intox de François Fillon

    Dans Le Figaro, le candidat à la primaire de la droite écrit à tort que des personnages historiques comme Jules César ou Jeanne d'Arc disparaissent du programme à l'école primaire. Et ce n'est pas sa seule approximation.

    François Fillon, candidat à la primaire de la droite, a signé une tribune sur l'école dans Le Figaro daté du jeudi 1er septembre.

    Dans cette tribune intitulée «Enseigner le récit national à nos enfants», l'ex-Premier ministre et ex-ministre de l'Éducation nationale déclare que «tous les enfants doivent retrouver à l'École le sens de la République française».

    «Devant la nécessité vitale d'unir la jeunesse de notre pays, l'apprentissage de notre langue, de notre culture, de notre histoire doit être au cœur de notre ambition éducative», écrit-il.

    «La priorité de l'école primaire doit être la maîtrise de la langue française par tous les élèves.»

    Pour y parvenir, François Fillon propose de supprimer les enseignements de langues et de cultures des communautés d’origine (ELCO).

    Mis en œuvre en 1977, ces enseignements permettaient aux enfants de travailleurs migrants venus de pays tels que l'Algérie, l'Italie ou la Croatie de continuer à apprendre la langue de leurs parents.

    Le personnel est mis à disposition par le pays partenaire. Quelques nouveautés apparaissent lors de cette rentrée 2016, comme par exemple le fait que l'enseignant doit obligatoirement maîtriser le français et être intégré dans l'équipe pédagogique. Ce qui n'était pas le cas auparavant.

    François Fillon affirme ensuite qu'environ 100.000 élèves participent à ces ELCO. «Près de 100.000 élèves y assistent durant une heure trente à trois heures», dit-il. Soyons précis. Comme l'indique le ministère de l'Éducation 85.000 élèves y sont inscrits.

    Parmi eux, 48.129 apprennent l'arabe (le personnel venant d'Algérie, Maroc et Tunisie), 19.261 sont inscrits pour apprendre le turc et 10.469 apprennent le portugais.

    L'ex-Premier ministre aborde ensuite la question de l'enseignement de l'Histoire à l'école qu'il qualifie de «consternante».

    Il affirme alors qu' «à la rentrée disparaissent du programme plusieurs personnages importants français et européens: Jules César, Vercingétorix, Hugues Capet, Jeanne d'Arc, Gutenberg, Christophe Colomb, Copernic, Galilée, Richelieu et même Voltaire et Rousseau!»

    Pourtant, en regardant les programmes de la rentrée 2016, ce n'est pas tout à fait exact. Au CM1 par exemple, les élèves étudieront «l'histoire de la colonisation romaine des Gaules».

    Difficile d'imaginer les professeurs ne pas évoquer Vercingétorix, fédérateur des peuples gaulois, et dont la défaite à Alésia en 52 av. J.-C. face à Jules César marque la fin de l'indépendance de la Gaule et le début de la civilisation gallo-romaine.

    Ils étudieront également la monarchie capétienne. Là encore, comment imaginer que le fondateur de la dynastie, Hugues Capet, ne soit pas évoqué?

    En effet, quand on vérifie dans un manuel 2016 (celui des éditions Nathan par exemple), les noms de Vercingétorix, Jules César et Hugues Capet figurent bien au programme.

    Tout comme ceux de Christophe Colomb et Jeanne d'Arc.

    Toujours au sujet des ELCO, François Fillon indique que «des enseignantes y font classe parfois en portant le voile.» Faux, répond le ministère de l'Éducation. Sauf si François Fillon dispose d’informations non rendues publiques.

    Comme nous a précisé un membre du cabinet de la ministre de l'Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, «une fois que les enseignant-e-s nommé-e-s dans leur pays viennent en France et mettent le pied dans un établissement scolaire, ils/elles sont tenu-e-s de respecter les lois du territoire français». Et notamment le principe de neutralité dans le service public, a ajouté le ministère.

    La question du respect du principe de la laïcité au sein de ces enseignements a déjà été posée dans le passé. En 2004, Thierry Mariani avait proposé une résolution pour qu'une commission d'enquête soit ouverte sur l'application des conventions prévoyant l'organisation de cours ELCO.

    «Nous n'avons aucun moyen de contrôler ni le contenu des cours, ni le respect, par les professeurs, du principe de laïcité, ni la qualification des dits professeurs, ni même le support pédagogique de ces cours. Sur ce dernier point, en effet, il semblerait que certains professeurs utilisent le Coran comme support pour dispenser leurs enseignements», peut-on lire dans la proposition de résolution.

    Le rapport du député Jacques Domergue sur cette proposition de résolution indiquait que «les rapports d'inspection établis au cours des cinq dernières années scolaires relatifs à l'enseignement des langues et cultures d'origine constatent l'amélioration des méthodes d'enseignement et aucune dérive de nature à porter atteinte au respect du principe de la laïcité à l'école n'est signalée.»