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    La Palestine est-elle vraiment le premier partenaire international de la ville de Paris?

    Pour tenter d'éteindre la polémique autour de la manifestation «Tel Aviv sur Seine» organisée jeudi à Paris Plages, la mairie met en avant ses coopérations internationales. Et assure que les Territoires palestiniens sont ses premiers partenaires.

    Pétition, critiques d'élus parisiens, dénonciations sur les réseaux sociaux, l'initiative «Tel Aviv sur Seine» prévue jeudi dans le cadre de Paris Plages n'en finit plus de faire polémique.

    Interrogée par BuzzFeed France lundi, la mairie de Paris a dit ne pas comprendre les critiques et vouloir «faire de la pédagogie pour expliquer que l'événement n'est pas politique mais culturel». Elle a aussi ajouté:

    «D'ailleurs, le premier partenaire international de Paris est la Palestine».

    Contacté par BuzzFeed France, le service communication de la ville maintient son affirmation, sans en avoir encore la preuve:

    «Cela devrait être facile à prouver. Le service des relations internationales va chercher des documents sur le sujet pour ensuite revenir vers vous».

    Pour l'heure, nous n'avons encore rien obtenu. En off, un élu de la ville de Paris nuance l'affirmation de l'Hôtel de ville:

    «Cette question de savoir si les villes palestiniennes sont nos premiers partenaires me paraît bien compliquée. Il faudrait retrouver tous les accords de partenariats, et éventuellement les délibérations qui relèvent de cette délégation. Mais il faut aussi savoir comme un partenariat se calcule. En argent investi? Ou avec d'autres critères?».

    Un élu communiste de la ville assure, lui, que la mairie de Paris «a certainement raison».

    Dans les faits, si un classement des premiers partenaires de Paris est difficile à établir (la capitale a plus de 70 pactes de coopération), la ville entretient effectivement de nombreux liens avec des villes palestiniennes.

    En plus de donner de l'argent à des associations spécialisées dans l'aide d'urgence (420.000 euros l'an dernier selon la mairie), ou pour lutter contre le VIH (2 millions d'euros), la ville finance aussi des partenariats en matière d'eau, d'assainissement et de traitement des déchets pour un montant total de 6,5 millions d'euros par an.

    Sur les 67 accords d'amitié et de coopération avec les villes du monde entier, la ville de Paris en a par exemple noué 3 avec des villes palestiniennes (Jericho, Bethléem et Ramallah).

    Sur le site de la Commission nationale de la coopération décentralisée par exemple, on peut retrouver les principaux partenariats signés entre les territoires palestiniens et Paris depuis 2009.

    - Un projet d'aide d'urgence aux populations de Gaza (avec Médecins du Monde) en 2009

    - Un soutien aux actions du Secours Populaire français en faveur des populations civiles, victimes du conflit de Gaza et ses environs en 2009

    - Un projet d'amélioration de l'accès et de la gestion de l'eau dans le district de Qalqilya en 2010

    - Une coopération théâtrale avec une mission d'évaluation des théâtres municipaux de Ramallah suivie de modules de formation par le Théâtre du Rond Point

    - Un ensemble Orchestral de Paris à Gaza en 2011

    - Une coopération Paris – Jéricho pour une gestion durable de l'eau en 2011

    et financé à hauteur de 430.000 euros jusqu'en 2016.

    - Un appui à l'amélioration du service d'eau potable et d'assainissement: projet de réhabilitation du réseau d'eau des rues Carmel et Caritas à Bethléem

    - Un financement de réservoirs d'eau qui alimentent la ville de Jericho depuis 2009. Celui-ci est financé par le dispositif «Solidarité Eau» de la ville de Paris avec un budget d'1.3 million d'euros pour la période 2011-2014.

    Mais si ces contrats ont été signés sous l'ère Delanoë, Anne Hidalgo a également engagé de nouveaux partenariats.

    D'après le consulat général de France, Anne Hidalgo a rencontré le maire de Ramallah Moussa Hadid afin de relancer la coopération entre les deux villes lorsqu'elle était en visite à Jérusalem et dans les Territoires palestiniens en mai dernier. A cette occasion, l'édile de Paris a également déposé une gerbe sur la tombe de l'ancien président palestinien Yasser Arafat.

    Anne Hidalgo s'était enfin rendue à Bethléem où elle a remis à son homologue palestinienne Vera Baboun la plus haute distinction de la ville de Paris, «la médaille Grand Vermeil». Une convention portant sur le financement du Schéma directeur d'assainissement et d'eaux pluviales de Bethléem unissant la ville de Paris (avec d'autres partenaires) a été signé pour un montant de 712 000 euros dont 400.000 euros financés par la seule ville de Paris.

    Sans pourvoir encore affirmer que les territoires palestiniens représentent le premier poste de dépense de la ville en matière de solidarité, l'engagement de la capitale est en tout cas non négligeable.

    Sollicitée, la conseillère PC à la ville de Paris Raphaëlle Primet, qui siège notamment à la commission des relations internationales, évoque une «aide en effet très importante vers les territoires palestiniens», mais veut ajouter:

    «Nous avons beaucoup de moyens pour financer nos politiques de solidarité et c'est vrai que les Territoires palestiniens sont une priorité. Toutefois, cela n'a pas de rapport avec la polémique sur "Tel Aviv sur Seine". La mairie de Paris pense que l'on peut mener une politique équilibrée entre Israël et les Territoires palestiniens. Selon moi, celle-ci ne peut pas être symétrique lorsqu'il y a "un occupant" et un "occupé".»

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