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    Tel Aviv sur Seine: «On n'a pas vu la polémique venir»

    Une journée est dédiée à cette ville d'Israël dans le cadre de Paris Plages. Après de vives critiques, la mairie de Paris interrogée par BuzzFeed France explique son choix.

    C'est un petit article publié par le site Cool Israël jeudi qui a précédé la polémique sur «Tel Aviv sur Seine». Depuis samedi, de nombreuses personnes critiquent le fait que Paris Plages fasse la promotion de la capitale économique israélienne en proposant foodtrucks, jeux de plages ou animations musicales. Une pétition demandant l'annulation de cette manifestation publiée le samedi 8 août avait obtenu plus de 15.000 signatures ce lundi après-midi.

    En plus de cette pétition, les élus communistes et Front de gauche de la ville de Paris ont également demandé «l'annulation de la journée "Tel Aviv sur Seine" au profit d'une initiative de la Ville qui contribue à une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens».

    En plus de cette démarche, la conseillère de Paris Danielle Simonnet (Parti de Gauche) a exprimé a plusieurs reprises son désaccord avec cette initiative. «Je crains beaucoup que ça se passe très mal et puis je pense que c'est un très mauvais message qui est envoyé», a-t-elle ajouté ce lundi sur France Inter, exigeant qu'Anne Hidalgo «réorganise la manifestation».

    Depuis, l'élue est accusée de livrer un message «aux relents antisémites» par de nombreux internautes et par certains politiques à l'instar du député LR Éric Ciotti.

    La genèse de ce partenariat avec Tel Aviv est à dater de mai dernier, lorsque l'édile de Paris s'est rendue en Israël. Patrick Klugman, adjoint à la maire de Paris en charge des relations internationales nous raconte la suite:

    «Les deux maires ont déjeuné ensemble et c'est au cours de ce repas que nous avons échangé sur Paris Plages. L'idée d'organiser un événement dédié à Tel Aviv est ensuite venue tout à fait naturellement».

    Sauf que les élus communistes et Front de gauche de la ville assurent ne pas avoir été mis au courant de cette initiative. Une affirmation exacte selon un responsable de la mairie de Paris, qui préfère toutefois nuancer:

    «Paris Plages n'est pas débattu au conseil de Paris, donc oui la communication sur "Tel Aviv sur Seine" a été tardive, mais parce que c'était anecdotique. Après, rien n'était secret puisque le principe de nouer des partenariats avec cette ville d'Israël, comme avec des villes palestiniennes, est débattu au conseil et fait même plutôt consensus. D'ailleurs, le premier partenaire international de Paris est la Palestine (la mairie a notamment signé un accord sur l'eau avec Bethléem, ndlr) ».

    La conseillère PC à la ville de Paris Raphaëlle Primet, elle, ne décolère pas:

    «Ce "Tel Aviv sur Seine" n'est pas une promotion culturelle mais plutôt commerciale. Or, nous pensons que pour faire évoluer la situation, il faut une isolation d'Israël pour que ce pays respecte le droit international. Même si nous ne sommes pas pour un boycott général des produits israéliens. Il aurait fallu un Paris Plages pour la paix, avec des échanges pour ne pas oublier la Palestine. Et contrairement aux nombreuses accusations de personnes qui n'ont pas d'arguments, ce n'est pas antisémite de tenir cette position».

    De nombreux internautes ou associations ont pourtant vu dans les propos des élus d'extrême gauche, un argumentaire antisémite. C'est par exemple le cas du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui a demandé sur Facebook que l'on fasse « taire tous les soit disant #antisionistes - dont certains élus - dont les propos ont de vrais relents #antisémites».

    À la mairie de Paris, Patrick Klugman ne partage pas cet avis:

    «Chez Danielle Simonnet par exemple, je n'ai pas vu des propos antisémites. Elle a dit de grosses bêtises oui, a tenu des propos caricaturaux, mais cela ne fait pas d'elle une antisémite. Il y a des discours radicaux, antisémites, mais pas seulement. Et je comprends parfaitement qu'il y ait différentes sensibilités sur le conflit israélo-palestinien. Sauf que dans le cas présent, Paris Plages n'est pas politique, donc je trouve ces critiques injustifiées».

    Une chose est sûre, la mairie de Paris n'avait pas anticipé ces polémiques. Un responsable confie:

    «On n'a pas vu la polémique venir [...] Il y a énormément de partenariats avec Paris Plages, Tel Aviv en est un parmi tant d'autres. Après, c'est évident que les choses risquent de mal se passer. Il y a un emballement parce qu'il s'agit d'une question sensible, parce qu'un enfant palestinien et son père sont morts brûlés tout récemment et parce que les médias qui n'ont pas beaucoup d'actualités, se sont mis ça sous la dent. Mais on ne peut pas interdire cette manifestation, car ce serait donner raison aux plus radicaux.

    En terme de sécurité, les troubles vont être difficiles à éviter et le côté festif va être dur à tenir avec la présence de nombreux CRS».

    Dans leur majorité, les opposants à cet événement dénoncent le symbole véhiculé par la mairie de Paris en rappelant qu'il y a «un an, 4 enfants palestiniens étaient tués sur une plage de Gaza par l'armée israélienne».

    Patrick Klugman balaye cet argument:

    «Cette dimension symbolique je ne la comprends pas et je la récuse. D'abord parce que la mort de ces 4 enfants a eu lieu en juillet et pas en août. Et parce que moi, je garde en souvenir un Paris ravagé par les manifestations pro-palestiniennes.

    Franchement, je défie quiconque de voir quelque chose d'hostile à célébrer Tel Aviv, une ville tolérante et ouverte. Je veux bien que les gens expriment leur mécontentement de manière républicaine, nous sommes en démocratie. Mais je pense aussi que l'on ne peut pas défendre la Palestine et être contre Tel Aviv».

    La mairie de Paris «reste en lien permanent avec la préfecture pour adapter le dispositif de sécurité».

    Selon Le Figaro, plus de 300 gendarmes et policiers devraient sécuriser les lieux, et d'après nos informations, des «barrages filtrants vont être installés notamment pour fouiller les sacs des participants à Paris plages».

    Photo de une: Studio Touch & L'Agence Culturelle

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