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    Jon Stewart sur Charleston: «C'est une attaque terroriste»

    Le roi des talk-shows américains plein d'humour n'avait pas de blagues hier soir pour parler de Charleston. On a traduit son monologue très fort en français.

    Jon Stewart est connu pour son humour pince-sans-rire et ses punchlines en série, qu'il balance dans The Daily Show où il officie depuis 1999.

    Mais jeudi soir, après la tuerie de Charleston de la veille, où neuf noirs ont été tués dans une église par un jeune blanc, il n'avait «pas de blagues» pour son traditionnel monologue d'ouverture, a-t-il expliqué.

    À la place, il a évoqué avec beaucoup de sérieux et d'émotion de la tuerie, s'intéressant plus particulièrement à la façon dont les médias et la population en ont parlé.

    «Neuf personnes tuées dans une église. Et quelle est notre réaction ? "Hé, qu'est-ce que tu veux y faire? Les fous sont fous, hein?". C'est ça que je n'arrive pas, je n'arrive pas, à comprendre. Vous savez que c'est ça qui va se passer. "C'est une horrible tragédie". Ils utilisent déjà le langage nuancé du manque d'effort pour en parler. C'est une attaque terroriste. C'est une attaque violente contre l'église Emanuel en Caroline du Sud, qui est un symbole pour la communauté noire. Elle est dans cette partie de Charleston depuis plus de cent ans et a été brutalement attaquée à plusieurs reprises, comme c'est le cas de beaucoup d'autres églises noires.»

    [Je n'ai pas de blagues] Je n'ai rien d'autre que de la tristesse, alors qu'encore une fois nous faisons face à l'abysse de violence sans limite que nous nous faisons subir les uns aux autres, et à la blessure raciale béante qui ne cicatrise pas, et dont nous prétendons ignorer l'existence. Et je suis sûr, pourtant, qu'en la reconnaissant, en la regardant honnêtement, on ne changera quand même rien. Ouep. C'est tout nous.Et c'est ça qui me rend le plus dingue. Je ne veux pas rentrer dans l'aspect arme et contrôle des armes. Ce qui me rend dingue, c'est la disparité de notre réponse entre les fois où on pense que des étrangers vont nous tuer, et les fois où on se tue nous-mêmes.Si ça avait été de l'ordre du terrorisme islamique, ça rentrerait dans notre… On a envahi deux pays et dépensé des milliards de dollars et perdu des milliers de vies américaines, et maintenant on fait voler des machines de mort au-dessus de cinq ou six pays, juste pour que les Américains soient en sécurité. On est prêts à tout. On torture des gens. On est prêts à tout pour protéger les Américains.Neuf personnes tuées dans une église. Et quelle est notre réaction ? «Hé, qu'est-ce que tu veux faire ? Les fous sont fous, hein ?». C'est ça que je n'arrive pas, je n'arrive pas, à comprendre. Vous savez que c'est ça qui va se passer. «C'est une horrible tragédie». Ils utilisent déjà le langage nuancé du manque d'effort pour en parler. C'est une attaque terroriste. C'est une attaque violente contre l'église Emanuel en Caroline du Sud, qui est un symbole pour la communauté noire. Elle est dans cette partie de Charleston depuis plus de cent ans et a été brutalement attaquée à plusieurs reprises, comme c'est le cas de beaucoup d'autres églises noires.J'ai entendu quelqu'un aux infos dire «Un drame a traversé cette église». Il ne s'agit pas d'une tornade. C'était raciste. C'était un type avec un badge de la Rhodésie sur son sweat-shirt. Vous savez, je déteste utiliser ce jeu de mot mais vous savez, c'est noir ou blanc. Il n'y a pas de nuance dans ce qui s'est passé. Et on va continuer de faire comme si, de dire «Je ne comprends pas. Qu'est-ce qui s'est passé? Ce type a perdu la boule». Mais on baigne dans cette culture dans ce pays, et on refuse de le reconnaître, et je n'arrive pas à croire à quel point des gens travaillent à le minimiser. En Caroline du Sud, les routes sur lesquelles les noirs conduisent portent le nom de généraux confédérés qui se sont battus pour empêcher les noirs d'avoir le droit de conduire librement sur ces routes. C'est de la folie. [...] C'est, c'est, on ne peut pas autoriser ça. Neuf personnes ont été tuées dans une église noire par un type blanc qui les détestait, qui voulait débuter une sorte de guerre civile. Le drapeau confédéré flotte sur la Caroline du Sud, et les routes portent le nom de généraux confédérés, et c'est le mec blanc qui a l'impression qu'on lui prend son pays. On l'a bien cherché. Et c'est ça le problème. Al-Qaeda, EI, ces types ne sont rien quand on les compare aux dégâts qu'on réussit apparemment à se faire nous-mêmes.

    Vous pouvez regarder la vidéo en entier en anglais ici:

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