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    Candidats En Marche!: à Lyon peu de renouvellement, Collomb impose ses proches

    Dans le département du Rhône, Emmanuel Macron n'a pas tenu sa promesse de renouvellement. Les candidats investis par En Marche! viennent rarement de la société civile et sont souvent des proches de Gérard Colomb, le maire socialiste de Lyon, comme le montre une enquête des étudiants du CFJ en collaboration avec BuzzFeed News.

    Dans le Rhône 29% des candidats seulement viennent de la société civile

    Sur les 14 candidats investis par LREM dans le département du Rhône, seuls quatre n’ont jamais été élus. Ces nouveaux venus ne représentent ainsi que 29% des effectifs. Un chiffre très éloigné des 52% atteints au niveau national lors du dévoilement des 428 premiers candidats investis le 11 mai dernier.

    Certains candidats sont même des vieux de la vieille. A 71 ans, Jean-Louis Touraine est le député sortant de la troisième circonscription du Rhône. Il est élu à Lyon depuis... 1989. Depuis 28 ans, il a été maire d'arrondissement, vice-président de la Communauté urbaine de Lyon, premier-adjoint de Gérard Collomb, conseiller général... A 63 ans, Yves Blein n’est pas en reste. Le député de la 14e circonscription du Rhône est aussi maire de Feyzin et il a été vice-président du Grand Lyon (collectivité territoriale).

    Résultat presque mécanique de ce manque de renouvellement, la parité n'est pas respectée dans le Rhône où sur les 14 candidats investis, seulement 6 sont des candidates (43%). La moyenne d'âge des candidats est aussi légèrement supérieure à ce qui est de mise au niveau national: 49 ans au lieu de 46.

    65% des candidats étiquetés sont issus de la gauche

    Les candidats qui ont une couleur politique marquée viennent en grande majorité de la gauche. Si on retire les trois personnes issues de la société civile, dont l’orientation politique est inconnue, 65% des candidats investis par LREM sont issus du Parti socialiste et du Parti radical de gauche. Trois d’entre eux sont apparentés à divers mouvements de droite, tandis que Cyrille Isaac-Sybille, le président départemental du MoDem, est le seul centriste. Au niveau national, le ratio est légèrement inférieur: les élus ou anciens élus investis par LREM viennent à 60% de la gauche, selon notre enquête publiée vendredi.

    CFJ/BuzzFeed

    Couac avec le Modem

    Ce manque de renouvellement a provoqué une crise avec le Modem à Lyon. Le parti de François Bayrou a annoncé lundi qu’il allait présenter des candidatures dissidentes dans trois circonscriptions du département. Un accord de longue date unissait les deux camps, mais le parti centriste s’estime « floué » par les choix de LREM. Selon le MoDem, le mouvement d’Emmanuel Macron ne respecte pas son engagement d'«une véritable alternance, un vrai changement des pratiques et des orientations.» Il reproche à Gérard Colomb, maire socialiste de Lyon et proche du président de la République, d’avoir cédé « par faiblesse aux pressions du PS » pour imposer ses candidats.

    Collomb a imposé ses proches

    Outre Jean-Louis Touraine, beaucoup de proches de Gérard Collomb ont été investis par le mouvement d'Emmanuel Macron. Hubert Julien Laferrière qui a été Investi dans la 2e circonscription du Rhône est par exemple présenté par le journal Lyon Quotidien comme un homme « à qui Gérard Colomb aurait longtemps promis des postes » mais qui « aurait toujours été sacrifié.»

    La main mise de Gérard Collomb sur les candidats investis à Lyon pourrait avoir poussé à la retraite l’ancien secrétaire d’Etat aux sports, Thierry Braillard. Député Radical de gauche, il avait décidé de se présenter sous la bannière de LREM dans la 1ère circonscription. Mais surprise, le mouvement a décidé d'investir un autre candidat dans sa circonscription, Thomas Rudigoz, un autre proche de Gérard Colomb. Contacté par le CFJ, Thierry Braillard a répondu : «Je me suis retiré de la vie politique, ce n’est pas pour la commenter dès le lendemain.» Mardi soir, il a publié un communiqué sur Twitter pour annoncer son retrait de la vie politique.


    J'ai décidé de renoncer à me présenter aux législatives et je me mets en retrait de la vie publique. Merci à tous c… https://t.co/82SoWQ0Eby

    Contacté par BuzzFeed News, Bruno Bonnell, référent départemental d'En Marche, n'a pas donné suite. Interrogé par Lyon Capital sur le manque de renouvellement des candidats à Lyon il avait déclaré ceci :

    «J'avais précisé que les conditions décrites par Emmanuel seraient atteintes au niveau national. C'est le cas. Dans le Rhône, on ne s'en sort pas si mal. Lyon, c'est un autre volet. J'avais glissé dans les conversations aux militants que nous avions un objectif stratégique différent. Pour obtenir des voix face, par exemple, à Nora Berra, une ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, on ne pouvait pas envoyer une novice. C'est pour ça que nous sommes moins dans le renouvellement. Pour chaque bataille, nous avons cherché à optimiser nos chances. Mais sur le département nous avons un équilibre, il faut maintenant dépasser les querelles de quartier.»