Cette réfugiée a été abandonnée 48h en mer, et les photos de son sauvetage sont déchirantes

«Les yeux, les yeux de cette femme sont le reflet même de la déshumanisation vers laquelle l'Europe se dirige.»

Cette femme a été extirpée de l'épave d'un bateau rempli de réfugiés au large de la côte libyenne mardi 17 juillet.

Juan Medina / Reuters

Le groupe qui l'a secourue, l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, a dit à BuzzFeed News qu'elle était restée dans l'eau pendant 48 heures.

Juan Medina / Reuters

Elle a été retrouvée à côté du corps d'un garçon de 5 ans et de celui d'une autre femme. «Ce sont les garde-côtes libyens qui les ont laissés, elle, l'autre femme, et le garçon. Nos docteurs ont découvert que les deux étaient morts peu de temps avant que nous arrivions», a déclaré Laura Lanuza, une porte-parole du groupe.

Juan Medina / Reuters

Elle a indiqué que le prénom de la femme était Josefa, et elle n'était pas sûre de l'âge de celle-ci, mais elle a estimé qu'elle avait entre 20 et 30 ans. Elle se serait enfuie du Cameroun à cause de violences conjugales.

«Elle est encore sévèrement choquée, et son état s'améliore petit à petit mais très lentement. Elle ne peut pas parler, et elle dort à peine. On espère que son état s'améliorera dans les jours qui viennent», a-t-elle déclaré depuis Barcelone, d'où elle était en contact avec le bateau de sauvetage. Il était en chemin pour Majorque, en Espagne.

«Josefa est la seule personne à pouvoir témoigner de ce qui s'est passé ce jour-là». Elle a ajouté: «Les garde-côtes libyens peuvent être accusés de non assistance et d'avoir abandonné ces gens en pleine mer. Évidemment, cette personne est en danger car son témoignage pourrait être gênant pour les politiques, elle doit donc être protégée.»

Des rapports indiquent que les garde-côtes libyens ont secouru plus de 100 personnes, lundi, à environ 130 km de la côte. Un porte-parole des garde-côtes libyens a nié que quiconque ait été oublié lors du sauvetage. «Tous les désastres en mer sont causés par des trafiquants de personnes qui ne s'intéressent qu'au profit, et par la présence de groupes non gouvernementaux irresponsables dans la région», a déclaré Ayoub Gassim, porte-parole des garde-côtes, au groupe d'information allemand DW.

Des photos de la femme se sont vite répandues sur l'internet, et de nombreuses personnes ont exprimé leur choc face à ce supplice.

Roberto Jones

Twitter: @ruidophoto

«Josefa a passé 48 heures à s'accrocher à un morceau de bois au milieu de la mer. Les garde-côtes libyens l'ont laissée avec une autre femme et un enfant qui n'ont par survécu. Son regard sur la photo en dit long.»

Twitter: @gryphonalex

«Les yeux, les yeux de cette femme sont le reflet même de la déshumanisation vers laquelle l'Europe se dirige.»

Twitter: @pabl0godoy

«Nous pouvons, nous DEVONS faire plus.»

C'est le dernier incident au milieu de tensions grandissantes entre les autorités italiennes et les organisations non gouvernementales travaillant dans la Méditerranée.

Le mois dernier, les autorités italiennes ont refusé d'accueillir plus de 600 réfugiés, les abandonnant jusqu'à ce que des responsables espagnols offrent de prendre en charge ces hommes, femmes, et enfants.

Le nouveau ministre de l'intérieur italien, Matteo Salvini, a promis que «plus une seule personne n'arriverait par bateau» dans le pays. Depuis 2014, plus de 640.000 réfugiés sont arrivés en Italie, renforçant le sentiment politique d'extrême droite grandissant contre les réfugiés et les migrants. Les promesses radicales de Salvini ont été condamnées par des ONG internationales, et aussi par des pays comme l'Espagne et la France.

Bien que le nombre total de gens essayant de rejoindre l'Europe ait chuté, il y a proportionnellement plus de morts, en raison du manque de bateaux de sauvetage d'organisations non gouvernementales qui rend le passage déjà dangereux encore plus périlleux.

Ce post a été traduit de l'anglais.