Aller directement au contenu

    Voilà les petits tracas causés par Pokémon Go pour les gardiens des parcs

    Nous vivons désormais dans un pokémonde et les services de sécurité des parcs et jardins ont bien été obligés de s’adapter. Nous sommes allés voir comment cela se passait dans le parc de la Villette, à Paris.

    Parcs envahis par les dresseurs, y compris la nuit, mouvements de foule impressionants à l’apparition d’un Pokémon rare… Depuis son lancement, Pokémon Go a eu des impacts importants sur l'utilisation des espaces publics. Et le jeu de Niantic change pas mal de choses pour ceux qui sont chargés de la sécurité ou de la propreté dans les endroits les plus prisés par les joueurs.

    Ainsi, plusieurs parcs ont dû installer des affichettes à l’attention des dresseurs pour leur signaler des pelouses interdites, comme à Nantes. Certains espaces ont dû être fermés, comme l’île du Souvenir, à Lyon. À Paris, au jardin du Luxembourg –où une chasse géante avait été interdite, sans succès, il y a quelques semaines– une des personnes chargées de la sécurité évoque des joueurs «qui rechignent à sortir du parc à la fermeture, à 21h». D’autres ont même tenté «d’escalader les grilles» pour pénétrer dans le Sénat et capturer la bestiole qui s’y trouvait à ce moment-là.

    «On a eu un peu peur quand on a vu qu’ils avaient mis une arène sur la tombe de Jim Morrison», raconte à BuzzFeed News le responsable de la sécurité du Père-Lachaise. «Mais en fait, tout se passe bien, elle est très peu utilisée.» S'il craint tout de même qu’un jour, un Pokémon très rare apparaisse et provoque un mouvement de foule, il reste positif:

    «Au final, ça permet à plein de jeunes qui n’avaient jamais mis les pieds au Père-Lachaise de découvrir le lieu.»

    Rémi, un des chargés de l’entretien du cimetière, est plutôt amusé par cette nouvelle population de visiteurs. Il décrit:

    «J’en ai gaulé plusieurs qui rentraient dans notre parking, interdit au public, les yeux scotchés sur leur écran. Quand ils nous voient, ils font semblant de chercher une tombe, ou la sortie. Ça nous fait bien marrer!»

    Près de 5000 personnes le week-end à la Villette

    Mais, à Paris, c’est probablement à la Villette que le changement a été le plus radical. Le parc du 19e arrondissement a la réputation d’être le meilleur endroit pour chasser dans la capitale. Et est littéralement envahi par les dresseurs, le jour comme la nuit.

    Pokemon Go au parc de la Villette. Cest de la folie. Heureusement j'y joue pas. Addict...


    Quand un Leviator pop à la Villette ca part en couille xD

    «C’est super pour trouver des bons Pokémon car il y a beaucoup de PokéStops et c’est blindé de leurres», nous détaille Myriam, 29 ans, qui vient ici deux à trois fois par semaine. «En plus, comme il y a le canal, on peut également capturer des Pokémon aquatiques. Et le lieu est agréable.» Vers le jardin de la Treille, de très nombreux dresseurs attendent en cercle que des Minidraco ou des Aquali apparaissent, grâce aux leurres posés par certains sur les nombreux PokéStops du coin.

    Le service de sécurité du lieu évoque «400 à 500 personnes par jour, voire 700 à 800 quand il fait beau». Et «près de 5000 personnes sur la journée» le week-end. Conséquence directe de la présence des dresseurs: par endroit, les services du parc ont des difficultés à circuler en voiture et doivent parfois contourner la foule, et les déchets ont augmenté. Le nombre de passage du ramassage de poubelles a dû être accru. Selon un chargé de la propreté du parc, quand ils ramassaient autrefois deux sacs de poubelles, ils en ramassent aujourd’hui cinq.



    Mais la crainte du service de sécurité, c'est avant tout les mouvements de foule, quand un Pokémon rare apparaît. «Des centaines de personnes se mettent à courir, il peut y avoir des chutes, des bousculades...», détaille Xavier Severin, chef d’équipe référent. Mais il se veut avant tout rassurant: aucun vrai souci n'a été signalé pour le moment. Pokémon Go ou pas, «on est habitué à avoir un flux important de personnes, donc ce n'est pas un problème», précise-t-il.

    «Au début, on voyait des déplacements de foule soudains, on ne comprenait pas ce qu’il se passait», raconte Tarik Benthahar, adjoint au représentant de la sécurité. «On craignait un accident ou une bagarre. Maintenant, on est plus habitués, on sait que c’est parce qu’un Pokémon rare vient d’apparaître.»

    Le parc a été particulièrement fréquenté par les dresseurs le week-end dernier. «Dimanche, c’était infernal», déplore Jean-Claude Thomas, coordinateur au service sécurité. «D’un seul coup, 800 personnes sont parties en courant vers le Zénith.» Et puis, «à cause de l’apparition d’un Pokémon rare, on a eu un attroupement dans le jardin du Dragon, normalement destiné aux enfants», rapporte également Xavier Severin. «On a dû fermer le lieu le temps qu'il disparaisse.»

    Jean-Claude Thomas évoque aussi un joueur sur le point de tomber dans le canal, pour attraper un Pokémon aquatique. Et cette anecdote:

    «On a vu un joueur qui commençait à escalader un pilier de la Grande Halle, pour tenter de se rapprocher d’un Pokémon posé sur l’horloge de la halle –on lui a demandé de redescendre».

    D'autres dresseurs ont demandé s’ils pouvaient rentrer à l’intérieur de la Grande Halle, dans l’exposition James Bond, où se trouvait un Pokémon. Comme on leur a répondu qu’il fallait débourser 20 euros de ticket d’entrée, ils sont repartis. «Mais il y en a tout de même un qui a payé pour pouvoir rentrer», s’amuse Tarik Benthahar.

    Des leurres sont régulièrement posés sur les PokéStops de la Villette.

    À une heure du matin, il reste encore beaucoup de dresseurs

    Les dresseurs occupent aussi beaucoup le service de sécurité la nuit. D'une à six heures du matin, le parc est fermé. On peut le traverser, mais pas s’y installer. Mais, comme le lieu n'est pas clos physiquement par un grillage, c'est aux gardiens d'aller expliquer aux promeneurs qu'il faut partir.

    «La nuit, les gardiens et les joueurs de Pokémon Go jouent au chat et à la souris», rapporte Jean-Claude Thomas. «À partir d’une heure, ils viennent expliquer aux joueurs qu’ils doivent partir. Les joueurs leur disent “oui” et s'en vont... mais, plus tard, les gardiens vont les recroiser dans un autre coin du parc.»

    À une heure du matin, il reste encore pas mal de dresseurs dans le fond du parc. «Quand on joue, on ne voit pas le temps passer, c'est plus par rapport à la batterie», note Myriam, qui dit toujours s'en aller quand les gardiens lui demandent. D'autres sont plus entêtés. «Quand on est le long des quais, les gardiens ne nous demandent pas de partir», a remarqué Pierre. Un de ses amis a trouvé une autre technique: «Ils nous ont dit qu'on a le droit de traverser le parc. Donc on marche.»

    CORRECTION

    Le parc de la Villette se situe dans le 19e arrondissement, et non dans le 20e comme l'indiquait précédemment cet article.