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    Prison ferme après une rixe pour des affiches sexistes de Bagelstein

    «Les quatre jeunes avaient des casiers vierges et n'ont jamais été en garde à vue», explique l'avocate à BuzzFeed News.

    Quatre jeunes hommes –trois de 19 ans, un de 24 ans– ont été condamnés vendredi dernier pour «violences en réunion lors de manifestation sur la voie publique» à trois mois, deux mois, deux mois et un mois de prison ferme après une altercation qui a eu lieu devant le restaurant Bagelstein de Rennes.

    L'altercation portait sur la communication de l'entreprise au niveau national, jugée sexiste et homophobe.

    Les faits, notamment relatés par la page Facebook d'un groupe militant féministe de l'université de Rennes 2, qui soutient les condamnés, se sont déroulés jeudi soir, après la manifestation contre la loi Travail à Rennes.

    Jennifer Cambla, qui a défendu le jeune homme condamné à trois mois de prison, dénonce auprès de BuzzFeed News des peines «absolument pas justifiées» pour des jeunes qui ont «tous des casiers vierges et n'ont jamais été placés en garde à vue».

    «Ces jeunes sont allés devant le restaurant après que la manifestation a fini, et ont commencé à lire à haute voix des blagues sexistes et homophobes utilisées par la communication. Ils ont commencé à discuter avec la serveuse, qui se trouve être la fille du gérant du magasin. Ce dernier est sorti et s'est battu avec mon client et ses trois copains», explique l'avocate.

    Des officiers de la brigade anticriminalité (BAC) ont alors interpellé les quatre jeunes hommes.

    «Certes, ils se sont battus, et le restaurateur a eu deux jours d'interruption de temps de travail (ITT). Mais il n'y a aucune image, et les seuls témoignages sont ceux de la victime et de sa fille, alors qu'on est dans une rue qui est très passante. Je trouve ça très étrange», déplore Me Cambla.

    Le père du jeune homme condamné à trois mois de prison, qui a souhaité que lui et son fils gardent l'anonymat, se dit auprès de BuzzFeed News «en colère contre la façon dont les choses ont été présentées».

    «J'ai du mal à comprendre la dureté de la sanction, et je pense qu'on est nombreux à s'étonner. (...) En général, il y a une confrontation pour discerner le vrai du faux. Là, tout a été fait pour mettre ça sous le coup d'une manifestation. À aucun moment on a analysé la situation pour ce qu'elle était vraiment.

    «La peine de prison est totalement inaudible. Je pense que ça a été fait pour donner l'exemple, mais qui peut comprendre cette décision?»

    Un rassemblement, place Hoche, a été organisé ce mercredi par les soutiens aux quatre personnes incarcérées. Une centaine de personnes s'y sont rendues, d'après Ouest-France.

    #Rennes #Bagelstein Une centaine de manifestants défilent dans le calme "en solidarité avec les féministes"

    La manifestation avait aussi pour but de dénoncer la communication de l'entreprise.

    Défilé dans le calme, les manifestants scandent "Bagelstein ils sont sexistes, ils sont racistes" #Rennes #féminisme #défilé

    Les manifestants, tenus à distance par la police et les gendarmes mobiles, n'ont pas pu se rendre devant le magasin.

    #Rennes Le magasin #Bagelstein est sous surveillance de la police #LoiTravail #Rennes2

    Le gérant du Bagelstein de Rennes «est terrorisé et ne veut pas réagir», explique Gilles Abecassis, co-fondateur de l’entreprise, à BuzzFeed News.

    «Les militants ont trouvé une phrase de Jean Yanne, qu’ils ne connaissent même pas… ils ont commencé à prendre à parti le franchisé, qui en plus est un bouddhiste, contre la violence. Et il s’est défendu», poursuit l’entrepreneur.

    Le co-fondateur de la chaîne de restaurants ne comprend pas la colère provoquée par la communication de l’entreprise.

    «On est sarcastiques. Peut-être que c’est maladroit - après plein de gens trouvent nos blagues géniales. Mais de là à donner des mandales à un mec… Là ils ont 20 ans, c’est un non-respect total du travail d’autrui. Ils ne connaissent pas du tout la marque, notre communication», a-t-il déclaré à BuzzFeed News

    «On est pas du tout dans l’homophobie… on se moque des gens homophobes. La blague sur «ces gays-là», c’est pour se foutre de la gueule de Jacques Séguéla, mais je suis sûr qu’ils n’ont pas compris», a-t-il ajouté. «Surtout, il faut comprendre qu’on est pas une multinationale. Le mec a mis toutes ses économies là-dedans et maintenant, il vit plus.»

    Contactés par téléphone, le parquet de Rennes et le greffe du tribunal de grande instance de Rennes n'ont pas été en mesure de nous donner des informations supplémentaires.

    Mise à jour

    Ajout des déclarations du co-fondateur de Bagelstein Gilles Abecassis.