Six candidats étiquetés Les Républicains espèrent remporter la primaire de la droite et du centre. Et quoi de mieux que le compte Twitter du parti, @LesRepublicains, pour faire vivre le débat et diffuser les idées des six prétendants à l'investiture? Sauf qu'à bien y regarder, le compte officiel du parti semble ne connaître que Nicolas Sarkozy.
On a souvent reproché à Nicolas Sarkozy d'avoir la mainmise sur le parti, et de profiter de son statut de président-candidat pour placer ses proches aux postes sensibles. Lors de sa démission en août dernier, Laurent Wauquiez, devenu président par interim, avait promis de rester «neutre» et de se conformer à un «code de conduite». Pour le vérifier, on a regardé comment le compte Twitter des Républicains gérait ce devoir de neutralité.
Et la différence de traitement entre Nicolas Sarkozy, président du parti jusqu'en août dernier, et les cinq autres prétendants des Républicains est flagrante. Une rapide recherche permet en effet de se rendre compte qu'en 2016, les autres candidats sont loin derrière lui en terme d'exposition médiatique sur le compte Twitter des Républicains.
Derrière l'ancien président de la République, le record est détenu en 2016 par François Fillon (qui a annoncé sa candidature dès 2013) avec huit mentions, devant Jean-François Copé (février 2016), trois mentions, Bruno Le Maire (février 2016) mentionné deux fois et Alain Juppé (2014) et Nathalie Kosciusko-Morizet (mars 2016), cités une seule fois chacun.
L'explication la plus simple est qu'avant le 22 août dernier, date de l'officialisation de sa candidature à la primaire, Nicolas Sarkozy était président du parti de droite, quand ses concurrents n'étaient «que» députés. Mais même après sa démission de ses fonctions, une différence de traitement persiste.
Le parti a trouvé la parade
Contacté par BuzzFeed News, Pierre-Antoine Kintzinger, à la tête de la cellule qui gère les réseaux sociaux pour le compte des Républicains, justifie ce déséquilibre par le statut de Nicolas Sarkozy:
«C'est tout simple. Depuis le début de l'année, il était président du parti. Depuis sa déclaration de candidature, il n'est plus cité une seule fois par le compte Twitter des Républicains.»
Il est vrai que Nicolas Sarkozy était président du parti jusqu'au 22 août. En revanche, il est faux de dire que depuis cette date, Nicolas Sarkozy n'a plus été cité sur le fil Twitter des Républicains. Il l'a été cinq fois, contre zéro pour ses concurrents. À chaque fois, il s'agit de défendre l'action de l'ancien chef d'État, que ce soit sur le dossier Alstom ou sur la question des réfugiés qui se massent à Calais.
Un constat que les staffs des autres candidats ont fait eux aussi. Contacté par BuzzFeed News, l'entourage d'Alain Juppé évoque une «appropriation du parti au profit d'un candidat»:
«Le parti travaille pour lui. Il fait en sorte qu'on ne sache pas que la primaire existe. C'est caricatural et grotesque. Ça fait plusieurs fois qu'on le dit et qu'on le répète, ce n'est pas étonnant.»
Même son de cloche parmi les proches de Jean-François Copé, qui plafonne à trois mentions en 2016:
«On ne peut pas savoir l'impact que ça a, mais c'est pas très équitable. Ce n'est pas la première fois qu'on observe des petits oublis comme ça.»
Il faut dire que lorsqu'on évoque la gestion des réseaux sociaux chez Les Républicains, deux noms reviennent dans la conversation: Axel Calandre et Pierre-Antoine Kintzinger. À eux deux, il assurent ou ont assuré la communication du parti via Twitter notamment. Or, les deux sont des sarkozystes convaincus.
Deux sarkozystes aux commandes
Axel Calandre a quitté Les Républicains pour rejoindre la campagne de Nicolas Sarkozy, dont il est désormais «conseiller à l'innovation». Sur son compte LinkedIn, il indique être conseiller à l'innovation de Sarkozy depuis mars 2015, date à laquelle il était toujours en charge des réseaux des Républicains:
Contacté via Twitter, Axel Calandre n'a pas souhaité nous répondre, préférant «parler du présent» que de son emploi passé au sein des Républicains. Il a juste jugé «ridicule» l'idée selon laquelle le compte Twitter des Républicains aurait ses préférences parmi les candidats.
Même réponse chez Pierre-Antoine Kintzinger, qui travaille toujours pour le parti. Pour lui, il est «évident» qu'il faut être «équitable» dans le traitement des candidats. Même s'il est assez discret sur les réseaux sociaux, le communiquant est «tagué» aux cotés de Nicolas Sarkozy dans un post Facebook de remerciement par Gaël Combettes, chargé de communication pour le PPE au Parlement européen et soutien actif de l'ancien président. La vidéo date de mai dernier.
Interrogé pour savoir si sa fonction au sein des Républicains et son soutien à l'ancien président de la République étaient compatibles, Pierre-Antoine Kintzinger nous a conseillé de nous rapprocher du service de presse des Républicains, qui n'a pas donné suite à nos sollicitations.