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    En France, les transgenres doivent être stérilisés pour qu'on reconnaisse leur identité

    Cette carte montre les pays où les personnes transgenres sont légalement reconnus et protégés de la discrimination en Europe.

    Les personnes transgenres sont peut-être plus visibles que jamais, mais dans la plupart des pays en Europe, la reconnaissance légale de leur identité sexuelle demeure soit impossible, soit parsemée d'obstacles.

    La carte ci-dessus, réalisée par l'organisation de défense des droits de l'homme Transgender Europe, montre les pays qui offrent un droit fondamental aux transgenres: la reconnaissance légale de leur identité de genre.

    Les pays en bleu sont ceux où l'État reconnaîtra le sexe vers lequel la personne a transitionné. Les pays en marron n'offrent pas du tout cette reconnaissance. Et ceux en rouge exigent que pour obtenir une reconnaissance officielle, il faille d'abord se faire stériliser - puis fournir des preuves de la procédure. Sans cela, même si vous avez (par exemple) vécu en tant que femme pendant des années, pour l'État, vous êtes un homme.

    C'est par exemple le cas en France, comme l'expliquait cet article de Yagg en 2013. Même si une circulaire de 2010 rappelait qu'une «ablation des organes génitaux» n'était pas nécessaire pour obtenir son changement d'identité civile, la grande majorité des tribunaux continue d'exiger une stérilisation, expliquait en 2011 une porte-parole de la marche des transsexuels et des trangenres à l'AFP.

    En tout, parmi les 51 États indépendants d'Europe, 37 reconnaissent légalement l'identité des transgenres, 23 de ces États exigent d'abord une preuve de stérilisation. Douze autres pays ne reconnaîtront que le sexe assigné à la naissance et ne prendront jamais en compte celui d'une personne transgenre.

    Les recherches de Transgender Europe ont aussi donné lieu à de nombreuses conclusions détaillées sur les différents droits des transgenres à travers le continent. Les chercheurs ont découvert que:

    * Seuls Malte et le Danemark reconnaissent le sexe des trans sans qu'ils aient besoin d'un diagnostique de «trouble de l'identité de genre» ou d'une autre évaluation psychologique.

    * Trente-huit États n'ont pas de reconnaissance spécifique pour les violences transphobes.

    * Vingt-deux États ont instauré une protection contre la discrimination des transgenres - dont sept États l'année dernière.

    L'étude, qui peut se télécharger ici, a comparé les politiques et les lois pour les transgenres dans 22 domaines différents, notamment le droit d'asile, la discrimination face à l'emploi, les lois sur les discours haineux, la discrimination en matière de biens et de services. Elle a également cherché à savoir si les documents officiels pouvaient être modifiés afin d'enregistrer l'identité de genre.

    L'étude à également conclu que quatre États (Andorre, le Kosovo, Monaco et Saint-Marin) n'avaient aucune politique et protection légale dans les 22 catégories. Six autres États (l'Arménie, la Russie, la Turquie, l'Irlande, l'Ukraine et la Lituanie) en avaient dans moins de cinq. Selon BuzzFeed News, la Russie a commencé à rédiger une ébauche de législation qui réduirait davantage ces protections, en comblant une lacune juridique dans sa législation contre le mariage entre deux personnes de même sexe, afin d'interdire le mariage aux trans.

    L'étude a aussi mis l'accent sur les États qui offrent les meilleurs cadres juridiques pour les transgenres. Le Royaume-Uni, l'Espagne, Malte, la Croatie, la Belgique et l'Allemagne ont mis en place plus de 17 politiques parmi les 22 recommandées, et le Portugal et la Norvège en ont mis en place 15. Toutefois, aucun pays n'applique les 22 politiques.

    «Les jeunes trans ont le même besoin et le même droit que leurs camarades de grandir dans un environnement de soutien et d'amour, mais ils font face à une multitude de désavantages tels que l'exclusion, la discrimination et la violence, a dit Alecs Recher, co-président de Transgender Europe. Protéger les enfants et les jeunes transexuels et transgenres et non conformistes sexuels, par exemple en faisant en sorte qu'ils aient accès à la reconnaissance légale de leur genre et en évitant de les cataloguer parmi les personnes mentalement déficientes, doit être une préoccupation majeure pour nous tous.»

    Le rapport a aussi examiné la fréquence des crimes transphobes, notamment la violence et l'homicide volontaire.

    Selon l'étude, au cours des sept dernières années, il y aurait eu 94 trans et non conformistes sexuels assassinés dans quatorze pays, dont 12% avaient moins de 20 ans. Cependant, la grande majorité des assassinats de personnes transgenres depuis 2008 ont eu lieu en dehors de l'Europe –notamment au Brésil, mais aussi dans d'autres pays du continent américain, dont les États-Unis.

    Les recherches ont montré que les homicides à l'arme à feu étaient la forme d'exécution la plus courante. Ils sont suivis par les agressions à l'arme blanche et les tabassages.

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    Cet article a été traduit de l'anglais, avec l'ajout d'un paragraphe sur la situation en France par Cécile Dehesdin.