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    Sur Twitter, cet homme raconte les violences policières dont il a été victime

    «J’avais besoin d’offrir un coup de projecteur sur des pratiques que l’on minimise beaucoup.»

    Mardi 19 juillet en fin d’après-midi, dans le Val-d’Oise, un jeune homme de 24 ans, Adama Traoré, est décédé après son interpellation par les gendarmes.

    Selon le procureur de la République de Pontoise, il aurait «fait un malaise cardiaque», mais les proches remettent en cause cette version des faits et accusent les forces de l'ordre de l'avoir «tabassé».

    Mardi et mercredi au soir, des violences ont éclaté dans le Val-d’Oise, à Beaumont-sur-Oise et à Persan.

    C'est dans ce contexte, qu'un utilisateur de Twitter, Paige A. Palmer, a voulu témoigner des violences policières qu'il a pu subir au cours de sa vie.

    Dans une longue série de tweets, ce romancier parisien de 30 ans, arabe et gay, décrit différentes interpellations humiliantes.

    Et notamment «un épisode décisif», alors qu'il avait 15 ans, lors duquel il a «reçu un coup de matraquage et un plaquage» car un joggeur pensait qu'il l'avait insulté.

    Selon son récit, la scène a pris fin grâce à l'intervention d'une passante.

    Il explique avoir subi d'autres contrôles par la suite.

    Comme cette fois où il a été interrogé «même quand la victime [d'un vol de sac] dit: "non, c'était un blond"».

    Il témoigne aussi de son expérience d'homme à la fois gay et arabe, dans son rapport aux forces de l'ordre. «Les flics me lâchaient quand je faisais la folle», dit-il. «Ça rassurait leur masculinité.»

    «Donc Beaumont-sur-Oise, c'est pas juste Beaumont-sur-Oise, y'a une réalité construite sur la haine», conclut-il.

    «L'État s'est déjà fait épingler et rien n'a été fait. On attend quoi?», demande-t-il.

    Il explique ne s'être jamais vraiment rebellé «parce que je préfère une GAV (garde à vue, ndlr) même injuste que la mort, parce qu'on assassine».

    Son tweet initial a été retweeté plus de 400 fois.

    Et de nombreuses personnes l'ont remercié pour son témoignage.

    Paige A. Palmer a ensuite publié un post sur son blog, intitulé «Cette abominable violence policière...» dans lequel il revient plus longuement sur son expérience.

    «J’ai partagé mon expérience car je connais Beaumont-sur-Oise -j’ai grandi à côté- et parce que j’avais besoin d’offrir un coup de projecteur sur des pratiques que l’on minimise beaucoup» explique-t-il à BuzzFeed News.

    «Devant la douleur du drame, j’ai préféré me ressaisir et faire part de mon vécu, afin d’en démontrer la complexité, ce qu’on a intériorisé en tant que personne sujette à des contrôles fréquents et l’humiliation qui s’ensuit.»

    Cet auteur qui «prépare un roman sur des gays racisés de banlieue» précise ne pas avoir voulu récupérer le décès de Adama à son compte, mais plutôt «le lier dans une histoire raciste dont, malheureusement, nous sommes nombreux à pouvoir témoigner».

    «J’ai reçu énormément de messages de soutien», raconte-t-il. Des messages «accueillis avec plaisir, mais aussi avec culpabilité quand je sais que rien n’est fait pour ces familles qui ont besoin d’être soutenues et entendues».