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    Les jeunes filles britanniques ne sont pas heureuses à cause de leur apparence

    Selon un rapport publié au Royaume-Uni, plus de 700.000 filles, âgées entre 10 et 15 ans, ont dit ne pas être heureuses à cause de leur apparence.

    Un nouveau rapport vient d'établir que près des 700.000 jeunes filles âgées de 10 à 15 ans et vivant au Royaume-Uni n'aiment pas leur apparence. Plus de 250.000 ne sont pas satisfaites de leur vie en général.

    Selon le dernier rapport Good Childhood, établi par l'association caritative Children's Society et l'université de York, 34% des interrogées auraient déclaré que leur apparence ne les rendait pas heureuses.

    Parmi les garçons de la même tranche d'âge, 20% n'étaient pas satisfaits de leur apparence, et 1 sur 9 (11%) n'était pas heureux de manière générale. Une fille sur sept (14%), âgée de 10 à 15 ans, ne se considère pas heureuse en général, une hausse de 25% en cinq ans.

    Le nombre de filles qui citent spécifiquement leur apparence a grimpé de 8% sur cette même période. Les chiffres concernant les garçons, dans les deux catégories, sont restés stables.

    «Les filles se sentent obligées de ressembler à quelque chose de précis à cause des garçons, et elles sont plus sujettes à la dépression et à avoir une mauvaise estime d'elles-mêmes. Elles ont l'impression d'être moches et bonnes à rien», déclare une fille ayant participé à l'étude.

    L'augmentation du nombre de filles malheureuses est particulièrement inquiétante. Le rapport Good Childhood de 2015 avait en effet déterminé que, parmi les quinze pays interrogés dans l'étude (dont l'Éthiopie, la Norvège, la Pologne, la Corée du Sud, et l'Allemagne), l'Angleterre arrivait dernière lorsqu'on analysait le bonheur des habitants. L'Angleterre avait également le plus grand écart entre les résultats des hommes et ceux des femmes.

    «Il est accablant de voir que tant de filles ont des problèmes avec leur apparence, ainsi que d'autres soucis, et encore plus avec des chiffres aussi bas comparés aux autres pays», dit Laura Bates, auteure féministe et fondatrice du Everyday Sexism Project, à BuzzFeed News.

    «Les filles d'aujourd'hui sont soumises à des pressions incroyables venant des films, de la télévision, des magazines, et même des poupées pour enfants, qui présentent des images de femmes idéalisées, surréalistes et retouchées ressemblant très peu à la réalité.»

    «Elles sont aussi la première génération à grandir avec internet, qui ajoute ses propres formes de pressions, comme les sextos, le harcèlement en ligne, et la pornographie misogyne en ligne.»

    Jo Swinson, cofondatrice de la Campaign for Body Confidence et ancienne ministre pour les femmes libérale-démocrate, a confirmé que «la pression énorme subie par les jeunes filles de se conformer à un "idéal" corporel irréaliste érode l'estime qu'elles ont d'elles-mêmes à un moment de vulnérabilité.»

    «Il faut que les marques, les enseignes de mode et les médias célèbrent la diversité, plutôt que de promouvoir un idéal de beauté étriqué qui suggère qu'il n'existe qu'une seule apparence acceptable», ajoute Jo Swinson à BuzzFeed News.

    Bien que les chercheurs n'aient pas été capables d'identifier une raison expliquant le gouffre grandissant en matière de bonheur entre les filles et les garçons, et qui est particulièrement fort en matière d'image corporelle, ils ont observé un lien entre leurs résultats et les données de l'Office for National Statistics (Bureau de la statistique nationale). La comparaison montre une augmentation plus importante dans l'utilisation des réseaux sociaux chez les filles que chez les garçons.

    Selon cette organisation, les filles sont bien plus propices à passer beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, auxquels des troubles mentaux ont été liés. Les chercheurs pensent donc que l'impact des réseaux sociaux sur la vie des jeunes, surtout des filles, devra être le centre d'attention des recherches futures.

    Laura Bates s'inquiète que, bien que les pressions auxquelles les jeunes font face soient reconnues, on ne leur donne pas les outils et le soutien appropriés pour s'en sortir.

    «Nous avons vraiment besoin que l'éducation sexuelle et relationnelle soit obligatoire dans toutes les écoles, afin de pouvoir aider ces jeunes gens à donner un sens à certains de ces messages et à apprendre des choses en matière de relations saines, de consentement, et sur leurs droits envers leur propre corps», dit-elle.

    Les chercheurs ont également reconnu le lien entre le sentiment général de bonheur chez les jeunes, le bien-être et la santé mentale.

    Le rapport montre que, comparées aux garçons, les filles deviennent progressivement insatisfaites de leur apparence et de leur vie. Tirant des conclusions sur les découvertes sur le bien-être et la santé mentale du rapport Undestanding Society de 2015, les chercheurs ont remarqué que les filles plus âgées avaient plus de risques de développer des troubles émotionnels, de l'anxiété et de la dépression que les garçons.

    Les garçons avaient plus de risques que les filles de développer des problèmes comportementaux, de l'hyperactivité, et de l'inattention vers l'âge de 10 ans, mais cela serait davantage lié à des problèmes scolaires que corporels. À l'âge de 14 ans, il y avait plus de filles souffrant de problèmes mentaux que de garçons.

    Jonny Benjamin, militant pour la santé mentale et fondateur de l'atelier Thinkwell, qui travaille avec les écoles pour les aider à assurer le bien-être des enfants, explique à BuzzFeed News qu'il n'était pas surpris par les conclusions du rapport.

    «Je suis souvent inquiet de ce que je vois et entends chez les enfants lorsque je vais dans les écoles, dit-il. Ceux qui ont des problèmes n'ont souvent pas de moyens d'évacuer, à l'exception des réseaux sociaux, qui sont eux-mêmes une source d'inquiétude, comme le souligne le rapport.»

    Jonny Benjamin explique que bien que le gouvernement anglais ait pris des engagements sérieux pour la santé physique des jeunes —notamment avec sa politique contre l'obésité infantile— il ne faisait toujours pas assez de choses pour aider au bien-être et à la santé mentale des enfants.

    «La conséquence de ceci est illustrée par le rapport Good Childhood, et jusqu'à ce que le problème du bien-être de nos enfants soit pris en considération, les choses continueront tout simplement à empirer», analyse Jonny Benjamin.

    À la vue des conclusions, la Children's Society demande au gouvernement de garantir que les enfants puissent avoir accès à un soutien psychologique au sein de l'environnement scolaire, et de fournir les fonds supplémentaires nécessaires à cela.

    L'association a également dit que le gouvernement devait prendre des engagements plus importants pour comprendre et suivre le bien-être des enfants, afin de simplifier l'apport d'un soutien lorsque nécessaire.

    «Il est vraiment inquiétant que tant de jeunes souffrent au lieu de s'épanouir», conclut Matthew Reed, directeur général de la Children's Society. «Les filles traversent une période particulièrement difficile, et il est clair qu'une action commune est nécessaire afin de régler ce problème.»