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    On lui a refusé l'entrée en boîte de nuit à cause de son handicap

    Katouche Goll, 19 ans, s'est vu refuser l'entrée de Visions Video Bar, une boîte de nuit de Dalston, à Londres.

    Une adolescente souffrant d'infirmité motrice cérébrale a fondu en larmes lorsqu'on lui a refusé l'entrée de Visions Video Bar, une boîte de nuit de l'Est de Londres. La semaine dernière, un manager et deux videurs lui ont en effet interdit l'entrée à cause de son handicap.

    Katouche Goll, 19 ans, a raconté à BuzzFeed News qu'elle n'a pas pu entrer car le club n'autorise pas les personnes en situation de handicap dans ses locaux pour des questions de santé et de sécurité.

    Katouche Goll est atteinte d'infirmité motrice cérébrale (ce qui affecte sa mobilité et sa coordination) depuis sa naissance et doit utiliser des cannes ou des béquilles pour se déplacer quand elle sort.

    La jeune fille est arrivée à la boîte de nuit vendredi soir, juste avant 23h30. D'après elle, les videurs l'ont tout d'abord prise pour une passante. «Ils pensaient que je voulais passer devant eux pour continuer ma route, mais je leur ai expliqué que j'étais là pour aller à Visions», relate-t-elle.

    «Au début, ils m'ont demandé si j'étais vraiment sûre de vouloir entrer... avant de m'expliquer ceci: "Nous sommes navrés mais vous ne pouvez pas entrer avec vos béquilles, ce lieu ne vous est pas accessible."»

    Après avoir plusieurs fois tenté de négocier son entrée dans la boîte, l'étudiante en histoire à l'université de Londres a finalement tourné les talons.

    «J'étais sortie en boîte la nuit précédente, il y a des marches chez moi, je suis allée au carnaval [de Notting Hill] lundi, je vis seule à l'université, je fais tout toute seule», ajoute-t-elle.

    «Le manager était franchement méprisant et m'a dit qu'après concertation avec son personnel, il avait été décidé de refuser l'entrée de personnes en situation de handicap dans le club car leur sécurité ne pouvait pas être garantie.»

    Last night I was turned away from Visions Video Bar in Dalston for being disabled

    La loi britannique oblige les lieux publics à engager des travaux ou des modifications raisonnables pour assurer leur accès aux personnes en situation de handicap. C'est la loi sur l'accessibilité des lieux publics.

    Dans une déclaration à BuzzFeed News, Gianno Parris, le manager de Visions, a expliqué qu'autoriser Katouche Goll à entrer dans la boîte de nuit «aurait été beaucoup trop risqué, que ce soit pour les autres ou pour elle-même». Il a également précisé que les personnes en situation de handicap devaient prévenir le club de leur venue.

    «La sécurité est la priorité absolue de tous les lieux bien gérés. Surtout en ce moment, alors que la vie nocturne de Londres est la cible d'attaques.»

    «Si une personne souffre d'un handicap qui entrave ses mouvements ou les mouvements des personnes qui l'entourent, il est important que nous soyons prévenus pour pouvoir nous y préparer et prévenir tout risque.»

    Cependant, Katouche Goll affirme qu'à cause de son handicap, elle prend toujours ses précautions avant d'aller où que ce soit. Selon elle, elle a appelé le club plusieurs fois ce jour-là, mais en vain.

    Elle ajoute qu'elle avait visité le site internet du club, mais qu'aucune information spécifique ne précisait que les personnes en situation de handicap ne pouvaient pas y entrer. Un porte-parole de Visions a dit à BuzzFeed News: «Katouche a été en contact avec nous toute la journée sur Facebook et n'a jamais mentionné son handicap.»

    Le manager affirme que les membres de la sécurité s'étaient demandé s'ils pourraient ou non faire une exception pour la jeune fille. «Après l'avoir vue se déplacer sur le trottoir et ayant pris en compte le nombre de personnes dans le club, la consommation d'alcool et la raideur de l'escalier menant au sous-sol, nous en avons conclu que les risques étaient trop grands pour les autres et pour elle.»

    Katouche Goll, qui est venue seule à la boîte de nuit, dit avoir trouvé l'expérience très déprimante et traumatisante. Et bien qu'elle précise que les personnes ayant assisté à l'incident dans la queue l'ont soutenue, elles n'ont rien pu faire pour convaincre le manager. «C'était vraiment démoralisant... D'habitude, je ne pleure jamais mais là, je n'ai pas pu retenir mes larmes. J'ai fini par partir.»

    «L'infirmité motrice cérébrale est un handicap que j'ai depuis la naissance, alors je sais parfaitement de quoi je suis capable ou non. Ils m'ont dit de partir parce qu'ils ont cru qu'ils connaissaient mieux que moi mon handicap... Voilà ce qui se passe quand on souffre d'un handicap: les gens croient toujours savoir mieux que vous ce que vous voulez.»

    Après avoir partagé son histoire sur les réseaux sociaux, l'adolescente raconte que certaines personnes n'ont montré aucune compassion et ont continué à lui dire que le club lui avait refusé l'entrée pour son propre bien.

    Certaines réactions l'ont blessée, mais pas surprise. «Je sais que les boîtes de Londres sont inaccessibles et je comprends que c'est un problème, reprend-t-elle. Mais en attendant, je refuse de tirer un trait sur cet aspect de ma vie sociale à cause de ça.»

    Philip Connolly, un porte-parole d'une association pour les droits des personnes en situation de handicap au Royaume-Uni, a expliqué à BuzzFeed News que celles-ci avaient autant le droit que les autres de s'amuser.

    «Il est sûrement temps que le club forme ses agents de sécurité à l'accueil de clients ayant un handicap, au lieu de leur demander de partir.»

    «Les personnes en situation de handicap ont autant le droit que les autres de s'amuser. Pourquoi les boîtes de nuit ne devraient-elles pas proposer leurs services aux clients qui souffrent d'un handicap, comme tout autre lieu public? C'est ce qu'on appelle de la discrimination.»