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    Un cas de typhoïde caché par les autorités en région parisienne: vraiment?

    Le FN a affirmé mardi que des cas de gale et surtout un cas de typhoïde avaient été identifiés dans une résidence accueillant des réfugiés en Essonne, et cachés par les autorités.

    «C'est maintenant la sécurité sanitaire des habitants qui est en jeu». Le communiqué publié mardi par Wallerand de Saint Juste, tête de liste Front national en Ile-de-France se veut particulièrement alarmiste et accusateur.

    Selon le trésorier du FN, «des cas de gale, mais surtout de typhoïde y ont été recensés» au Moulin de Vaux à Auvers-Saint-Georges en Essonne, où sont hébergés des réfugiés. L'élu assure même que les pouvoirs publics cachent la présence de cette grave maladie infectieuse:

    Les municipalités d'Auvers Saint Georges et d'Etrechy, où étaient scolarisés les enfants de ce foyer, refusent de rendre publique à leurs administrés la présence de cette maladie.

    Et d'insister:

    «Je dénonce l'omerta qui règne autour du Moulin de Vaux de la part des élus en place qui préfèrent dissimuler des faits d'une grande gravité et cacher à leurs administrés une situation que ne cesse d'empirer».

    Un enregistrement à l'appui

    Contacté, Wallerand de Saint-Just assure que ce n'est pas une rumeur et qu'il appuie ses accusations sur un enregistrement audio d'un élu frontiste local. Joint par le Parisien, François Hélie, ce conseiller municipal FN d'Etréchy (la commune voisine), s'explique:

    «J'ai appelé la structure qui gère le Moulin de Vaux, détaille-t-il. Un responsable m'a confirmé le cas de typhoïde, en m'expliquant que les meubles ont été brûlés».

    Le responsable en question gère les 17 familles de réfugiés du moulin. Dans l'enregistrement que nous reproduisons ci-dessous, il semble en effet confirmer un cas de typhoïde. A la question de François Hélie «il y a un fait de typhoïde au Moulin de Vaux, est-ce-que vous confirmez ou pas?», voici sa réponse:

    «On a, lundi passé, pris toutes les affaires de cette famille parce qu'ils ont été pris en charge par l'hôpital... je ne m'en rappelle plus le nom. On a pris toutes leurs affaires et on les a incinérées. Même Monsieur le maire était au courant. C'est lui qui nous a envoyé un tracteur pour jeter tous ces encombrants et les incinérer.

    Ca a été réglé, sinon on serait tous... Et en plus ils n'ont pas le droit d'aller à l'école, c'était la condition, il n'y a pas de discussion là-dessus. On les a arrêtés pour qu'ils n'aillent pas à l'école, pour qu'ils soient bien soignés»

    BuzzFeed France / Via w.soundcloud.com

    «C'est une intox relayée par le FN»

    Le responsable des résidents ne prononce jamais le mot «typhoïde», mais François Hélie assure qu'il confirme bien ce cas d'infection. Joint par BuzzFeed France, ce responsable des résidents «dément totalement» les propos du Front national et pointe une incompréhension:

    «Je n'ai jamais parlé de typhoïde, c'est l'élu qui a prononcé ce mot. Moi je confirmais seulement un cas de gale en lui expliquant que nous avions pris toutes les précautions en brûlant les affaires de la famille (draps, lits) lorsqu'ils ont été à l'hôpital. Nous n'avons rien caché, la mairie a même envoyé un tracteur pour nous aider. Mais, il n'y a jamais eu de cas de typhoïde».

    Pourquoi ce responsable semble confirmer un cas de typhoïde dans l'enregistrement? Il nous répond qu'il a mal compris la question ou que «l'enregistrement a été trafiqué».

    François Hélie maintient ses accusations auprès de BuzzFeed:

    L'enregistrement n'a pas été modifié, alors si ce responsable ne comprend pas le français... Je maintiens, il y a bien eu un cas de typhoïde au moulin».

    La mairie et le collège démentent aussi

    Parmi la famille de réfugiés hébergée au moulin, des enfants seraient scolarisés dans un collège d'une ville voisine. Contacté, le chef d'établissement ne souhaite pas se prononcer sur des cas de gale, mais nous assure qu'il n'y a pas eu d'identification de cas de typhoïde. Il ajoute:

    «S'il y avait eu un cas de maladie infectieuse, le protocole d'urgence est très strict et nous aurions contacté immédiatement l'académie et le rectorat. Je suis vraiment étonné que des gens puissent répandre ce genre de rumeur».

    Egalement contactée, la mairie de la commune voisine, Etréchy, nous assure que c'est une «intox relayée par le FN». «Aucun signalement n'a été porté à notre connaissance», affirme l'Agence régionale de santé au Parisien, tandis que Denis Meunier, le maire de la commune où se situe le moulin (Auvers-Saint-Georges) reconnaît que «des meubles ont été brûlés» et que l'école de la commune a été désinfectée, mais à cause d'un cas de gale.

    Des rumeurs pour stigmatiser les réfugiés?

    S'agissant des migrants, le FN local n'en serait en tout cas pas à sa première rumeur non vérifiée. Le 14 septembre, Marine Le Pen s'était en effet rendue devant le Moulin de Vaux pour y dénoncer «le symbole de cet établissement de standing reconverti en centre d'hébergement pour clandestins». Et Wallerand de Saint-Just avait assuré que «des cours d'islamisation à l'intérieur du Moulin étaient spécialement prévus».

    Une intox rapidement démentie par la radio RTL. Le responsable des résidents du moulin nous confirme:

    «C'est absolument faux. La mairie et l'école envoient des enseignants pour donner des cours aux 17 familles du moulin. Il s'agit de leçons d'alphabétisation et non pas d'islamisation».

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