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    Des interprètes en langue des signes perturbent le discours de Marine Le Pen

    Pour dénoncer l'absence d'interprète lors du discours de Marine Le Pen, des militantes du mouvement «Accès Cible» sont intervenues lors du meeting de la présidente du FN. Le service d'ordre n'a pas semblé comprendre de quoi il s'agissait.

    En plein discours de Marine Le Pen, six interprètes en langue des signes se sont positionnées au milieu de la salle et ont traduit quelques minutes du discours de la présidente frontiste.

    Des traducteurs pour sourds et muets perturbent le discours de Marine Le Pen mais Le service d'ordre FN ne s'en ren… https://t.co/jRMCje8L47

    Après leur intervention, les militantes ont pu tranquillement quitter la salle sous le regard médusé du service d'ordre. Rencontrée juste après, Claire Bernadat du mouvement «Acces Cible» explique la démarche de son mouvement:

    «Nous sommes un groupe mixte interprètes et sourds et nous dénonçons le manque d'accessibilité au sein du meeting de Marine Le Pen. Il n'y a pas de sous-titres, ni d'interprète. Comment veulent-ils que les sourds puissent faire un choix éclairé le jour de l'élection présidentielle?»

    Elle précise ne pas être anti-FN:

    «Nous avons fait des actions hier lors du meeting d'Emanuel Macron, pour Benoît Hamon ce matin, donc c'est vraiment général. Aucun des partis politiques actuels ne permet une accessibilité totale pour les sourds (traduction écrite pour les personnes sourdes qui ont pour langue première le français et langue des signes).»

    «Mes parents n'ont jamais voté»

    La langue des signe est en effet reconnue en tant que langue officielle depuis 2005, et ce mouvement souhaite qu'elle soit utilisée lors de tous les meetings des candidats à la présidentielle, mais aussi «lors de tous les mouvements citoyens du quotidien». Claire Bernadat déplore:

    «Il y avait environ 20 sourds dans la salle. Pourquoi n'y avait-il pas d'interprète à côté de Marine Le Pen? C'est l'absence de volonté politique.»

    Cette semaine, la Fédération nationale des sourds de France (FNSF) avait pourtant envoyé un courrier à tous les candidats pour exiger cette accessibilité. En vain.

    Anthony Guyon, qui est sourd, regrette auprès de BuzzFeed News de ne jamais avoir pu voter:

    «Je ne sais pas pour qui voter. On me dit les choses "lui est bien, lui est moins bien", mais j'ai envie d'avoir le droit de le savoir moi-même. La loi de 2005 est pourtant claire et dit que nous avons le droit à l'information au même titre que le autres. Au meeting de Macron hier, il y avait des sous-titres. Moi j'ai essayé de lire, mais pendant deux heures c'est extrêmement fatiguant quand on est plus à l'aise avec la langue des signes.»

    Anthony remarque qu'après quelques ratés, le seul candidat à proposer une accessibilité complète est Jean-Luc Mélenchon. Il regrette que les sourds soient encore considérés comme «des citoyens de seconde zone»:

    «Les gens vont donc peut-être plus se diriger vers Mélenchon parce qu'ils ont une accessibilité complète. Mais les autres partis politique, c'est le néant. Cela fait trop longtemps que ça dure. Mes parents n'ont jamais voté, je n'ai jamais voté et mes enfants? À un moment, il faut peut-être changer cela, c'est inacceptable.».