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    Soirée électorale: comment les éditorialistes se sont déchaînés contre Hamon

    Un Trump de gauche, le simple chef d'un parti de «Bisounours», un «social-populiste» au programme économique «dadaïste»... Entre 20h et 22h, six éditorialistes se sont lâchés contre Benoît Hamon.

    Comme de coutume en pareille soirée électorale, sondeurs et éditorialistes étaient de sortie dimanche soir sur les plateaux télé pour commenter les résultats. Sur France 2, l'ex-patron du Point Franz-Olivier Giesbert et l'éditorialiste de Marianne Caroline Fourest. Sur BFMTV, le patron du JDD Hervé Gattegno, l'ancien de L'Express Christophe Barbier, la journaliste du JDD Anna Cabana et Ruth Elkrief.

    Un point commun entre tous ces éditorialistes: ils voient tous le grand vainqueur de la soirée Benoît Hamon comme un loser en devenir qui n'a aucune chance pour la présidentielle. Tout simplement. Extraits.

    20h11 - BFMTV: Les résultats ne sont pas encore connus même si un sondage donnant Hamon en tête circule dans les rédactions. La journaliste de BFMTV Ruth Elkrief évoque le renoncement de François Hollande et prend la défense de Manuel Valls, accusé d'avoir poussé le chef de l'État à ne pas briguer un nouveau mandat:

    «Faut quand même pas tout mettre sur le dos de Manuel Valls, c’est un peu facile.»

    Elle est immédiatement soutenue par la journaliste du JDD Anna Cabana qui renchérit:

    «C’est pas parce que Valls a été mauvais au départ que Hollande s’est bien comporté!»

    20h23 - BFMTV: Après la présentation d'un sondage qui explique que 63% des votants ont choisi «celui qui porte le mieux les valeurs de la gauche» alors que 36% seulement pour «celui qui ferait le meilleur président», Christophe Barbier, l'ex-patron de L'Express, explique:

    «Les motivations sont intéressantes parce que c’est des motivations défaitistes, ce sont des motivations de battus. Choisir celui qui portera le mieux les valeurs de la gauche mais non pas celui qui ferait un bon président, c’est considérer qu’on n’aura pas le président, c’est considérer que ce camp-là va perdre l’élection.»

    20h29 - BFMTV: Anna Cabana fait la même analyse, alors que les résultats ne sont toujours pas connus. Pour elle, la probable deuxième place de Valls signe le défaitisme des électeurs socialistes:

    «Ils n'ont pas choisi le plus présidentiel d’entre eux tous. C’est là qu’on voit que la posture assez régalienne et assez efficace de Valls n’a pas forcément séduit non plus. Finalement ce qu’ils ont choisi, c’est un chef de parti

    La journaliste enchaîne:

    «Les électeurs, finalement, ce qu’ils ont choisi c’est un chef de parti. C’est une clarification de la ligne du PS avec des valeurs de la gauche portées de façon plus utopiques mais pas dans l’idée de gagner une élection.»

    20h45 - BFMTV: Les résultats officiels sont tombés: Benoît Hamon devance Manuel Valls. Ce qui donne à Christophe Barbier une idée de ce que devra faire Valls pour obtenir la victoire:

    «Valls a une seule chance, c’est de mobiliser tous ceux qui ne sont pas allés voter dimanche. (…) Cette gauche-là elle peut être mobilisée par Manuel Valls s’il montre qu’avec Benoît Hamon, s’il démontre qu’avec Benoît Hamon, la gauche va vers un désastre électoral et que surtout le programme de Benoît Hamon ne tient pas la route. Ils ont été dépassés par la gauche plus jeune, plus radicale, plus utopiste aussi de Benoît Hamon.»




    20h53 - BFMTV: Anna Cabana reprend la parole pour évoquer la défaite d'Arnaud Montebourg:

    «Alors c’est pas la gauche dont on pense qu’elle va gouverner, c’est pas la gauche qu’on veut porter à la présidentielle. Ils ont choisi une gauche qui ne va pas gagner, c’est comme ça qu’on peut lire ce scrutin

    20h53 - FRANCE 2: Franz-Olivier Giesbert, ex-directeur du Point, est interrogé sur la victoire de Benoît Hamon. Il annonce la mort du PS, qualifie Hamon de «social-populiste» et décrète déjà, trois mois avant l'élection présidentielle, que le candidat n’aura pas de «score raisonnable».

    «Hamon c’est quelqu’un qu’on peut qualifier de social-populiste. Vous le voyez vous au deuxième tour? c’est impossible! Vous le voyez même arriver avec un score raisonnable au 1er tour de l’élection présidentielle? C’est absolument impossible, en face il y a la montagne Mélenchon qui est pratiquement indestructible. Vous arrivez Benoît Hamon pour prendre des voix sur le terrain de Mélenchon? Mais faut être dingue!»

    20h54 - FRANCE 2: Franz-Olivier Giesbert compare le «social-populisme» de Benoît Hamon à «une sorte de trumpisme de gauche.»

    «On va mettre des murs partout, le souverainisme, un programme économique surréaliste... Hamon c’est exactement la ligne. On met des frontières, on reconstruit des frontières et un programme économique totalement surréaliste sinon dadaïste.»

    21h17 - BFMTV: Le patron du JDD Hervé Gattegno, visiblement contrarié par la victoire de Benoît Hamon, tente de minimiser celle-ci:

    «Quel est le débouché de cet espoir? On voit bien, et franchement ce n’est pas faire injure à Benoît Hamon de dire qu’il apparaît davantage comme un chef de l’opposition que comme un présidentiable.»

    21h18 - FRANCE 2: Pour Franz-Olivier Giesbert, le PS vit dans un «monde Bisounours»:

    «C’est un suicide auquel on assiste au PS, une grande partie du PS… partie dans un monde de Bisounours, parle de réformes sans mettre d’argent derrière.»


    21h19- FRANCE 2:

    D'après Franz-Olivier Giesbert, les candidats de gauche (Hamon-Montebourg), «il faut qu’ils changent, ils sont dans la pensée magique, rien ne marche comme ça».




    21h20 -FRANCE 2:

    Franz-Olivier Giesbert à propos du programme de Benoît Hamon:

    «La gauche brûle à travers une poussée du populisme, ça c’est nouveau.»

    21h36 - BFMTV: Ruth Elkrief explique que Benoît Hamon «refuse» de parler de terrorisme, de religion ou de laïcité. Selon elle, ce «refus» «pose un problème». L'éditorialiste conclut sa très longue tirade ainsi:

    «Sa position, elle est aussi un refus du réel, un refus sur ces questions précisément, un refus de ces questionnements et de ces thèmes.»

    22h15 - FRANCE 2: Caroline Fourest est invitée à son tour à réagir aux résultats. L'éditorialiste de Marianne compare le candidat socialiste au leader du Parti travailliste anglais Jeremy Corbyn. Et dénonce ses positions «dangereuses sur le communautarisme»:


    «Jeremy Corbyn, modèle de Benoît Hamon, dont tout le monde a félicité l’élection quand il a été élu à la tête du Parti travailliste. Je reviens d’Angleterre, je peux vous dire le désarroi, le désespoir des gens de gauche qui tiennent quand même au progrès, au droit des femmes, à la laïcité -encore un peu même en Angleterre.

    Et qui savent que Corbyn, dont ils ont salué les positions économiques et sociales, n’avaient juste pas vu qu'il avait des positions désastreuses sur le communautarisme, désastreuses sur la laïcité, qu’il soutenait notamment l’Iran, des groupes infréquentables.

    Ce qui veut dire que la gauche est morte pour 10 ans en Angleterre parce que ses positions, si on ne les voit pas au moment d’une primaire… On finit par les voir face à la droite.»

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