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    Quand le PS dénonçait les expulsions de migrants

    Très critiqué pour avoir violemment évacué un camp de migrants ce lundi à Paris, le gouvernement assume une position «humaine, mais ferme». Il y a quelques années, le discours était bien différent.

    Le gouvernement dans son ensemble assume son choix, celui d'avoir évacué le camp de migrants dans le 18e arrondissement de Paris lundi. Plusieurs demandeurs d'asile ont dû être pris en charge par les pompiers, un élu a été frappé par un policier, du gaz lacrymogène a été utilisé, mais le ministère de l'Intérieur refuse de parler de «violences policières».

    Contacté par BuzzFeed France, le cabinet de Bernard Cazeneuve avance l'élément de langage repris en chœur par l'exécutif:

    «Il n'y a pas eu de violences policières. Le gaz lacrymogène, c'est juste du maintien de l'ordre. Maintenant, les migrants vont être placés en centre de rétention pour ceux qui ne peuvent pas demander l'asile. La position de Bernard Cazeneuve est simple: humanité et fermeté

    En clair, les mêmes arguments déjà avancés par la droite il y a 20 ans, comme le pointe Libération dans un quiz et une vidéo.

    Pourtant, une plongée dans les archives des socialistes montrent une position tout à fait différente.

    À l'époque, ils étaient nombreux à dénoncer les violences contre les migrants et prônaient «une politique migratoire plus humaine».

    À commencer par François Hollande lui-même, qui dénonçait l'évacuation de migrants installés dans l'église Saint-Bernard en 1996. Il jugeait cette action «choquante», symbole d'un gouvernement sans «savoir-vivre».

    Lors d'un débat organisé en 1998, l'actuel Président lançait à Nicolas Sarkozy:

    «Écoutez, sur le laxisme je ne crois pas que l'on ait de leçons à recevoir. (...) Tout le monde l'a à l'esprit, sur l'église Saint-Bernard, il fallait à tout prix rentrer dans cette église, fracasser la porte, renvoyer les gens... Combien y-a-t-il eu d'expulsés ? Très peu. (...) Revenons à des textes humains qui évitent ce type de manifestations douteuses

    Pour cette même expulsion, le Premier ministre socialiste d'alors, Lionel Jospin, dénonçait «la brutalité» et «la violence» employées par le gouvernement pour expulser des étrangers.

    Martine Aubry, elle, participait même à une manifestation de protestation et demandait à ce qu'on ait «le courage de regarder les étrangers de notre pays pour ce qu'ils nous ont apportés»

    Même position en 2009, lorsque le gouvernement Sarkozy avait décidé l'évacuation de la «jungle», un camp de migrants à Calais:

    Dans ses communiqués, le PS n'avait pas de mots assez durs pour fustiger l'attitude de la droite.

    Martine Aubry dénonçait alors «un acte totalement inhumain», soulignant que dans la jungle «il y avait une organisation, une fraternité, certes pas digne de notre pays mais qui leur permettait d'attendre».

    François Hollande ajoutait:

    «C'est une opération de communication. Elle est douloureuse pour celles et ceux qui vont être ainsi traités mais elle ne va pas régler le problème" car il n'y a pas "une jungle mais des jungles" et "les réfugiés vont aller ailleurs.»

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