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    L'élu parisien Ian Brossat va porter plainte après un article menaçant de Riposte Laïque

    Info BuzzFeed News. Pour dénoncer la politique de logement de la ville de Paris, le site d'extrême droite s'en prend à l'élu communiste. Ian Brossat va déposer plainte.

    «Stalinien dégénéré», «petit fils d'un traître d'Israël», «militant du grand remplacement»... Voilà, pour ne citer que quelques exemples, comment le site d'extrême droite Riposte Laïque qualifie Ian Brossat dans un article publié mercredi. L'auteur, qui signe sous le nom de «Martin Moisan», entend dénoncer les derniers tweets postés par l'adjoint au logement de la ville de Paris.

    Adresse en partie divulguée et incitation à la violence

    Ian Brossat disait en effet vouloir lutter contre la concentration de logements sociaux dans les seuls 18, 19 et 20e arrondissements de la capitale et se réjouissait d'avoir presque triplé le nombre de HLM dans le chic 16e arrondissement.

    Passage aujourd'hui par l'îlot Saint-Germain bientôt transformé en logements sociaux. L'occasion d'un petit dévelop… https://t.co/CuQzy26B8j

    Mais pour Riposte Laïque, déjà condamné plusieurs fois pour incitation à la haine, rééquilibrer l'offre de logements sociaux, c'est imposer «des migrants, majoritairement hommes seuls musulmans» dans des quartiers jusqu'alors épargnés. Et appliquer la théorie complotiste du «grand remplacement».

    «Martin Moisan» s'appuie aussi sur les auteurs controversés du livre Notre drame de Paris (Éd. Albin Michel) pour fustiger cette politique et publie des photos du compte Facebook de l'élu en compagnie de personnes présentées comme musulmanes ou d'origine africaine. L'auteur, qui divulgue le nom de la rue dans laquelle réside Ian Brossat, conclut par cette incitation à peine masquée à la violence :

    «Moi, si j’étais Parisien, et que je croise Ian Brossat sur un trottoir, je sais ce que je ferais à ce militant du grand remplacement…»

    Un appel semble-t-il entendu par les lecteurs du site. «Pan pan pan», écrit un lecteur dans les commentaires truffés de messages racistes et islamophobes. «À ce petit jeu, Brossat risque fort de se faire balancer un jour du haut d’un immeuble comme on le fait pour certaines personnes dans certains pays… Et ce jour-là, que dira-t-on ? Qu’il l’a bien cherché !!!», ajoute un autre.



    Contacté par BuzzFeed News, Ian Brossat annonce qu'il va porter plainte contre cette publication :

    «Toutes les lignes rouges ont été franchies. En tant qu'élu, j'accepte la critique, même véhémente, mais l'appel à la violence n'est pas acceptable», explique-t-il.

    L’article 24 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 punit de cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende ceux qui auront directement provoqué à commettre des atteintes volontaires à la vie ou des atteintes volontaires à l'intégrité de la personne.

    Sollicité, le fondateur de Riposte Laïque, Pierre Cassen, ne trouve rien à redire. «Je ne vois absolument pas d'appel à la violence. C'est quelque chose comme un appel à un dialogue un peu viril. Si Ian Brossat veut jouer les victimes ou les pleurnicheuses, libre à lui.»

    «Ian Brossat est juif (...) Ian Brossat est homosexuel»

    «Riposte Laïque a publié plusieurs articles contre moi. Certains contenaient des allusions clairement antisémites ou homophobes, mais je considérais jusqu'à présent leurs crachats comme des honneurs», ajoute Ian Brossat.

    Dans des articles plus anciens publiés par le même Riposte Laïque, certains auteurs (sous pseudo) s'en prenait en effet à sa judéité ou à son homosexualité.

    «Par filiation, Ian Brossat est juif. Et, en appelant leur fils Ian, en 1980, (ses parents) montrent clairement qu’ils n’ont pas intégré l’assimilation française, pas davantage que les musulmans qui appellent leur enfant Mohamed ne l’ont fait trente ans plus tard», écrit le site dans un article publié le 19 mai 2016. Dans ce même article intitulé «Ian Brossat (PCF) trahit la France comme son grand-père (KGB) trahissait Israël», l'auteur poursuivait:

    «Ian Brossat est également homosexuel. Oserai-je dire, sans me faire traiter d’homophobe, que cela se voit sur son visage ?»

    Dans d'autres articles également publiés en 2016, Ian Brossat est décrit comme appartenant à «la pire espèce», celle du «bobo-homo» ou nommé «Brossette». On y apprend aussi qu'il est comme «nombre d’homosexuels», «pourvus d’un narcissisme pathologique».

    «On saura réagir en fonction de ce que vous écrirez»

    Encore une fois, Pierre Cassen, qui avait fait récemment parler de lui en invitant un responsable du Front national à l'un de ses meetings, assume ce genre de propos. «Il y a des caractéristiques physiques chez des personnes ou l'on voit clairement qu'ils ont plutôt un penchant sexuel plutôt homosexuel. Ce n'est pas homophobe de dire ça. Nous sommes simplement contre l'islamisation de la France. On a le droit de dire que les homosexuels comme les Juifs seront les premiers visés par la progression de l'islam dans notre pays et qu'il joue contre son camp.» Et de conclure, à notre intention :

    «Hé bien, bon article ! Et vous me connaissez suffisamment pour savoir qu'on saura réagir en fonction de ce que vous écrirez.»