Bien sûr, la cellulite au sens «infiltration du tissu cellulaire sous-cutané par du liquide séreux d’origine métabolique donnant à la peau l’aspect caractéristique dit "en peau d'orange"» n’est pas une invention mais une réalité –parfois affichée avec fierté, en attestent Lena Dunham et Ashley Graham.
C’est plutôt les cuisses lisses sans aucune aspérité ni irrégularité (pas de poils, pas de veines, pas de pores, rien de rien) des mannequins qui trouvent rarement leur équivalent dans la vraie vie. Sauf que, par leur prédominance sur le papier glacé des magazines ou les publicités dans l’espace public, ces corps jeunes et gâtés par la génétique ou améliorés à grands renforts de maquillage ou de retouches font de la cellulite un défaut.
Or, cette honte des capitons, pourtant simple détail anatomique influencé par les hormones féminines, est, elle, une création artificielle, et représentative du mépris sociétal dans lequel sont tenues les corps des femmes. Comme le formule la sociologue Rossella Ghigi dans son article «Le corps féminin entre science et culpabilisation – Autour d’une histoire de la cellulite», la façon dont est perçue la cellulite «peut être le vecteur de messages plus amples et abstraits, partiaux vis-à-vis des relations de pouvoir entre les sexes».