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Tripotée dans le train presque tous les jours pendant six ans, une femme japonaise écrit un livre à ce sujet

«Il y avait des hommes autour d'elle, mais personne n'a essayé d'arrêter les tripoteurs, voilà où en est au Japon.»

Kumi Sasaki est une écrivaine japonaise de 33 ans qui vit en France. Elle a publié Tchikan, un livre qui relate les attouchements quasi quotidiens qu'elle a subis à l'adolescence dans les trains japonais. L'ouvrage, publié en France l'année dernière, n'a pas encore été traduit en japonais, mais sa sortie a provoqué un vif débat au Japon sur le harcèlement sexuel dans les trains publics.

Là-bas, le terme «chikan» désigne les hommes qui tripotent les femmes (ou d'autres hommes) dans les trains. Des mesures ont été prises pour lutter contre cette culture de l'agression, notamment en créant des wagons réservés aux femmes, mais beaucoup dans la société japonaise refusent encore d'y voir un problème.

L'an dernier, des Japonais ont réclamé la création de wagons exclusivement masculins, à l'instar de ceux créés par le service ferroviaire pour les femmes.

«Il y avait des hommes autour d'elle, mais personne n'a essayé d'arrêter les tripoteurs»

Sur les réseaux sociaux, les Japonais ont réagi diversement à la sortie de livre. Des gens ont conseillé à Kumi Sasaki de ne plus prendre le train si elle était gênée par le harcèlement ou d'«arrêter de fanfaronner», les contacts étant soi-disant toujours le résultat d'un jeu de séduction volontaire. D'autres ont reconnu que le harcèlement était un problème majeur au Japon. «Il y avait des hommes autour d'elle, mais personne n'a essayé d'arrêter les tripoteurs. Voilà où en est au Japon», a déclaré un utilisateur de Twitter.

Des internautes expliquent cette culture du viol par le manque d'éducation de la société japonaise. «Les délits sexuels au Japon seraient causés par le stress, mais ce n'est pas une raison, a déclaré quelqu'un sur Twitter. Je suis sûr que la discrimination des femmes accentue les crimes ou le traumatisme qu'ils causent. J'ai entendu dire que dans un pays d'Afrique où les délits sexuels étaient fréquents, enseigner l'égalité des sexes avait diminué de moitié la criminalité. L'éducation est fondamentale».

90 % des femmes victimes ne portent pas plainte

D'autres ont dénoncé le «déclassement» des femmes dans la société japonaise. «Quand j'ai lu qu'elle avait été tripotée pendant six ans, je me suis d'abord dit : "Pourquoi n'a-t-elle pas arrêté de prendre le train pour aller à l'école ?"» a déclaré un utilisateur de Twitter au Japon. Mais elle n'avait pas d'autre choix pour des raisons familiales, je me suis donc dit que c'était une expérience douloureuse. Cependant, je ne suis pas sûr que les tripoteurs s'attaquent aux femmes parce qu'elles sont déclassées», ajoute l'utilisateur sur Twitter.

Un rapport publié en 2011 par la police japonaise révèle qu'environ 90 % des femmes harcelées dans les trains ne le signalent pas à la police et que nombre d'entre elles ne savaient pas vers qui se tourner.

Ce post a été traduit de l'anglais.