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    «I Fascisti Fora»: le meeting de Marine Le Pen fortement perturbé en Corse

    Des jeunes indépendantistes et des pro-Mélenchon ont manifesté devant le palais des Congrès d'Ajaccio, le jour de la venue de la candidate du FN. Une grenade lacrymo a retardé le meeting, la salle a été évacuée.

    «I fascisti fora!, FN Inno!» Il est 14h50 environ lorsqu'une une trentaine de personnes crient «les fascistes dehors! le FN dehors!» devant le palais des congrès d'Ajaccio où Marine Le Pen tenait un meeting ce samedi. Parmi la foule, des membres du collectif contre le fascisme corse, des militants du PCF, des pro-Mélenchon avec leurs étiquettes de la France Insoumise, mais aussi de jeunes indépendantistes. Dans la bouche de certains indépendantistes, on entendait: «Français dehors! Français de merde!», alors qu'un homme au micro a lancé: «Le palais se déshonore. On va l'appeler aujourd'hui le palais des fachos!»

    Face à un cordon de policiers, gendarmes et CRS, ils ont dénoncé la venue de celle qui incarne à leur yeux la «candidate des fachos». Quelques minutes après, la tension est grimpée d'un coup lorsque les forces de l'ordre ont décidé de repousser les manifestants. Des coups de matraque ont été donnés d'un côté, et de l'autre côté certains manifestants ont frappé des CRS.

    Pendant ce temps, à l'intérieur de l'auditorium un autre spectacle se jouait. Une quinzaine de militants indépendantistes ont été évacués par le service d'ordre du FN après s'être infiltrés à l'intérieur. Puis la salle a été évacuée à cause de gaz lacrymogènes. Selon deux témoins interrogés par BuzzFeed News, c'est la grenade lacrymo d'un CRS présent dehors et lancée pendant les manifestations extérieures, qui a causé l'évacuation.

    À cause du vent, la fumée se serait propagée à l'intérieur de la salle. Les organisateurs ont alors dirigé les spectateurs dans une salle annexe où une estrade a été montée à la va-vite pour que Marine Le Pen puisse y prononcer son discours. Un concert de toux s'est fait entendre, alors que certains spectateurs avaient les yeux très rouges. Des bouteilles d'eau ont été distribuées.

    Sur Twitter, Florian Philippot absent du meeting a écrit que «les petits fascistes rageux ont perdu: la démocratie a gagné», quant à David Rachline présent sur place, il a tweeté et dénoncé «des milices d'extrême-gauche». Avant que la candidate ne prenne la parole, Gilbert Collard a fait le chauffeur de salle en faisant directement allusion aux incidents.

    Il a qualifié les militants de «pignoufs», «de personnes de la CGT» puis a parlé de «comportements fascistes» avant de déclarer: «Je crois que ce pays est en train de dégringoler. On est en train d'utiliser la force contre un peuple qui veut voter.»

    En prenant la parole vers 15h40, Marine Le Pen n'a fait aucune allusion à ce qui s'est passé. Mais elle a a insisté sur l'identité corse: «Je respecte infiniment la Corse et les Corses», a-t-elle déclaré avant de dire: «Vous êtes Corses et vous êtes Français, et soyez les deux en même temps.»

    Sur Twitter, le mouvement de jeunesse des indépendantises A Ghjuventù Indipendentista a revendiqué ces événements:

    «Nous ne pouvions accepter que la candidate du Front national vienne sur notre terre distiller son discours marqué du sceau de la haine et de l'anticorsisme», explique le mouvement. «Jamais nous ne laisserons ce parti, dont l'ancien leader avait demandé la peine de mort pour les prisonniers politiques corse, venir en toute sécurité dans notre pays.»

    Après une heure de discours le meeting s'est achevé. Derrière le palais, les heurts se sont poursuivis entre militants anti-FN et les CRS.