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    9 fois où Nicolas Sarkozy «n'a pas menti» aux Français

    Par exemple, quand il a dit qu'il a «bénéficié de cinq non-lieux» (au lieu de deux).

    C'est une affirmation que Nicolas Sarkozy aime souvent rappeler ces derniers temps. Il n'est pas un menteur. «On m’a fait beaucoup de reproches dans ma vie politique, pas de mentir», a-t-il dit au JT de 20h de TF1 en août dernier.

    En septembre, il s'affichait comme «le candidat de la vérité».

    Je veux être le candidat de la vérité, celui qui parle de la réalité des Français. Je veux être le porte parole de la France silencieuse.

    Plus récemment, mardi 4 octobre, dans une interview à Famille chrétienne, il dit: «Je peux avoir déçu sur tel ou tel point mais, président de la République, je n’ai pas menti.»

    Nous avons donc compilé quelques-unes de ses phrases prononcées en 2016 lors de ses meetings ou en interview et qui montrent que Nicolas Sarkozy est «le candidat de la vérité»:

    1. Quand il explique qu'il a «bénéficié de cinq non-lieux».

    Interviewé sur Europe 1 le 26 septembre, Nicolas Sarkozy explique: «La semaine dernière j'ai eu mon cinquième non-lieu», et que «j'ai été cinq fois innocenté».

    C'est l'article 177 du code de procédure pénale qui définit le non-lieu: «Si le juge d'instruction estime que les faits ne constituent ni crime, ni délit, ni contravention, ou si l'auteur est resté inconnu, ou s'il n'existe pas de charges suffisantes contre la personne mise en examen, il déclare, par une ordonnance, qu'il n'y a lieu à suivre.» Mais comme le rappelle L'Obs, Nicolas Sarkozy n'a bénéficié que deux fois d'un non-lieu: en octobre 2013 lors de l'affaire Bettencourt et dans le dossier des pénalités en 2015.

    Lorsque Nicolas Sarkozy évoque le cinquième non-lieu de «la semaine dernière», il parle du non-lieu général ordonné dans l'enquête sur les voyages en jet privé de Nicolas Sarkozy en 2012-2013. Or, l'ancien chef de l'État n'avait pas été mis en cause judiciairement.

    2. Quand il affirme avoir «été mis en examen pour le seul fait de dépassement du plafond de ma campagne».

    Sur le plateau de France 2 le 15 septembre dernier, l’ex-président explique avoir été mis en examen «pour le seul fait de dépassement du plafond de ma campagne».

    Nicolas Sarkozy a été officiellement mis en examen pour financement illégal de campagne éléctorale, motif recoupant entre autres le fait de dépasser le plafond légal des dépenses électorales. Le parquet a ensuite demandé à ce qu'il soit renvoyé devant un tribunal parce que sa responsabilité est «pleinement engagée du chef de financement illégal de campagne car il était démontré qu’il avait donné, en connaissance de cause, des instructions en faveur d’une augmentation des dépenses, au mépris des recommandations contraires des experts comptables».

    Ce qui ne l'a pas empêché de réitérer ses propos le 26 septembre sur Europe 1.

    3. Quand il explique qu'«en France, 85% des demandes d’asile sont refusées».

    Cette affirmation a été prononcée lors de L'Émission politique de France 2. Comme l’a démontré Libé, le chiffre serait plutôt de 64% de refus. «Selon les chiffres fournis par l’Ofpra pour les cinq premiers mois de 2016, la taux de protection atteint en réalité 36,2% (si on intègre les décisions en appel devant la Cour nationale du droit d’asile – CNDA).» Rien à voir, donc, avec le chiffre de 85% avancé par Nicolas Sarkozy.

    4. Quand il annonce qu'il veut «des manuels où l'on n'enseigne pas la "théorie du genre"».

    En meeting mercredi 5 octobre à Montauban, Nicolas Sarkozy a réagi aux propos du pape prononcés le 2 octobre, où il accusait les manuels scolaires de diffuser un «sournois endoctrinement de la théorie du genre».

    Sauf qu'en fouillant les manuels scolaires, il est bien difficile de savoir de quoi parlent le pape et Nicolas Sarkozy. «Concernant les manuels de collège, qui viennent de changer depuis cette année: il n’y a pas une ligne sur la notion de genre. Pas une», assure à BuzzFeed News Alexandre Magot, professeur de SVT au lycée français de Barcelone.

    Concernant les manuels de lycée: «Accuser les manuels scolaires de traiter d’une “théorie du genre” est vraiment ahurissant –et complètement déconnecté de la réalité– alors que les programmes permettent à peine de traiter de genre, et que les manuels ne fournissent pas de matériel sérieux pour que les enseignant-e-s qui voudraient aborder cette notion essentielle puissent le faire correctement», estime Alexandre Magot.

    5. Quand il dit que «l’Allemagne a suspendu le regroupement familial pour les réfugiés».

    Nicolas Sarkozy souhaite suspendre le droit au regroupement familial. Il a évoqué cette mesure à plusieurs reprises, et notamment dans une interview accordée en septembre à La Voix du Nord. «Je demande la suspension du droit au regroupement familial tant qu’il n’y a pas le Schengen 2 que nous réclamons.»

    Interrogé sur la réaction d'Alain Juppé à cette mesure dont il disait qu'elle n'est «pas une attitude humaine», Nicolas Sarkozy a déclaré: «Le regroupement familial a été suspendu pour les réfugiés par Mme Merkel. Si ce n’est pas inhumain vu de l’Allemagne, pourquoi ce le serait vu de la France?»

    En fait, la décision d'Angela Merkel ne vise pas tous les réfugiés. Elle concerne les migrants qui bénéficient de la «protection subsidiaire», qui est «moins généreuse» que le statut de réfugié. Ce statut permet aux migrants d'obtenir une autorisation de séjour tous les trois ans, elle est donc renouvelable. Avec ces nouvelles conditions, ces migrants n'auront plus le droit de faire venir leur famille pendant deux ans. Mais elle ne concerne en aucun cas l'ensemble des réfugiés en Allemagne.

    6. Quand il est persuadé que «la France avec l’Europe» sont les territoires les plus «généreux» en matière d’immigration au monde.

    Sur le plateau de L'Émission politique de France 2 le 15 septembre dernier, Nicolas Sarkozy a dit que «la France avec l’Europe» sont les territoires les plus «généreux» en matière d’immigration au monde.

    Comme l'ont expliqué Les Décodeurs, «sur le plan du nombre de personnes accueillies, c’est faux». Ils précisent que le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) constate que neuf réfugiés sur dix se retrouvent dans des pays considérés comme économiquement moins développés –et non en Europe» et que la Syrie, la Colombie ou encore l'Irak font partie des pays les plus accueillants.

    7. Quand il avance que les heures supplémentaires défiscalisées ont permis à 9 millions de Français de gagner 500 euros par mois.

    En août dernier à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), Nicolas Sarkozy est revenu sur la mise en place du dispositif des heures supplémentaires défiscalisées que la gauche avait finalement supprimé en arrivant au pouvoir. «Nous le devons à ces 9 millions de travailleurs qui ont été trahis par la gauche, parce qu’ils ont perdu 500 euros par mois!» a dit Nicolas Sarkozy.

    Sauf que comme l'a constaté Libé, le gain moyen de ses heures défiscalisées n'est pas de 500 euros pas mois, mais de...42 euros par mois en moyenne. «Sachant que le coût du dispositif (supprimé par la gauche) avait avoisiné les 4,5 milliards d’euros annuels, et qu’il avait effectivement bénéficié à quelque 9 millions de salariés, on arrive, à l’aide d’une division assez élémentaire, à un gain annuel par salarié de 500 euros… par an. Soit donc 42 par mois», explique Libé.

    8. Quand il affirme qu'il ne connait pas Franck Attal.

    Franck Attal est un homme-clé au sein de l'Affaire Bygmalion, puisqu'il était l'organisateur des meetings de Nicolas Sarkozy en 2012. L'ancien chef de l'État a nié connaître personnellement Franck Attal. Mais ce dernier a prouvé le contraire en prenant pour la première fois la parole dans Envoyé Spécial diffusé en septembre.

    «On s’est croisés 45 fois sur les meetings, il m’a suivi 45 fois pas à pas pour retrouver son pupitre, il m'a appelé une trentaine de fois pour s'assurer que celui qui appuyait sur le bouton était physiquement là (…), mais en 2016, il ne me connaît pas.» Plusieurs images diffusées dans l'émission montrent aussi les deux personnes côte à côte.

    9. Bonus: «Je promets d'arrêter la politique en cas de défaite en 2012.»

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    Au micro de Jean-Jacques Bourdin en 2012, Nicolas Sarkozy a expliqué que s’il perdait à l’élection présidentielle, il arrêterait la politique. «Je ferai autre chose, quoi? Je ne sais pas.» On connaît la suite.

    Nicolas Sarkozy s'est justifié sur RTL, le 29 août dernier: «J'avais dit que j'arrêtais la politique, je l'ai arrêtée. Et puis il s'est trouvé que deux ans et demi après que j'ai arrêté la politique [...], j'ai vu mon parti d'alors, l'UMP, qui s'effondrait, M. Fillon et M. Copé qui se déchiraient, Mme Le Pen qui triomphait. Il a fallu que je reprenne le travail, que je redresse ma formation politique.»