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    Violences policières contre des migrants à Calais: le parquet ouvre une enquête

    En mai dernier, une association a publié une vidéo montrant des policiers frapper violemment des migrants à Calais. D'après nos informations, une enquête a désormais été ouverte par le parquet.

    En mai dernier, des militants de l'association Calais Migrant Solidarity (CMS) ont mis en ligne une vidéo où l'on voit des CRS violemment brutaliser des migrants qui tentent de monter dans des camions.

    La vidéo avait été tournée sur la branche d'autoroute menant au port ferry de Calais (A216), pendant la journée du 5 mai 2015.

    Voir cette vidéo sur YouTube

    Calais Migrant Solidarity / Via youtube.com

    Mise à jour du 7/08/15 : D'après nos informations, le parquet de Boulogne-sur-Mer a désormais ouvert une enquête sur la base de cette vidéo.

    Quelques heures après la diffusion de ces images, le directeur général de la police nationale avait en effet saisi l'IGPN (Inspection générale de la police nationale). Selon une source proche du dossier contactée par BuzzFeed France, cette «enquête administrative est maintenant terminée», mais les conclusions (pour savoir si les policiers seront sanctionnés administrativement ou non), n'ont pas encore été rendues.

    Le Défenseur des droits, qui avait été saisi, a également reçu les rushes des vidéos de l'association.

    Si l'examen de certains cas montrés dans la vidéo est toujours en cours, le cabinet de Jacques Toubon nous confirme que «certaines affaires dont nous avons été saisies ont donné lieu à l'ouverture d'enquêtes par le procureur de la République».

    Pour capter ces violences policières, Calais Migrant Solidarity (CMS) n'avait pas choisi son jour de tournage par hasard.

    Ces faits ont en effet été commis le lendemain du déplacement de Bernard Cazeneuve dans un centre pour migrants ouvert le 15 janvier dernier (seules les dernières minutes de la vidéo ont été filmées le 22 avril). Le ministre de l'Intérieur y déclarait notamment:

    «Calais est pour moi le laboratoire de ce que la République peut produire de meilleur (...) Notre action porte ses fruits (...) Nous menons une politique d'ensemble cohérente avec humanité, exigence et réalisme»

    Des propos que l'association CMS n'a pas hésité à reprendre pour les confronter à ses propres images.

    Sur son site, l'association commente les différentes scènes visibles sur le film.

    A la 12e seconde, trois membres des CRS «forcent une personne qui s'était cachée dans un camion à repasser de l'autre côté de la barrière. L'un d'entre eux pousse violemment une personne et la projette ainsi vers le bas-côté», écrit Calais Migrant Solidarity.

    A la 22e seconde, un deuxième policier «décharge une salve de gaz lacrymogène à l'aide d'un spray alors que les deux exilés étaient déjà en train de fuir».

    A la 28e seconde, un CRS évacue une personne qui s'était cachée dans un camion, et le projette violemment de l'autre côté de la glissière de sécurité.

    A la 42e seconde, une voiture de police ralentit et «décharge une salve de gaz lacrymogène en passant à proximité d'un groupe de migrants se trouvant de l'autre côté de la barrière», rapporte le CMS.

    Juste après, à la 51e seconde, une personne est violemment projetée à terre, hors du camion. «Un membre des CRS la poursuit, lui assène plusieurs coups de pieds au sol. L'homme parvient à se relever et tente de s'enfuir, mais reçoit alors de nouveau coups de pieds et coups de poing», poursuit l'association.

    Et ce n’est pas la première fois que des policiers français sont accusés de violences à l’encontre des migrants.

    En janvier dernier, l'ONG Human Rights Watch avait par exemple publié un rapport dénonçant d'autres violences policières.

    Dix-neuf personnes, dont deux enfants, avaient dans le rapport déclaré que la police les avait maltraitées au moins une fois, notamment par le biais de passages à tabac. Huit ont eu des membres fracturés ou d'autres blessures visibles, qui, selon eux, ont été causées par la police à Calais et dans les environs. Vingt et un, dont deux enfants, ont confié que la police les avait aspergés de gaz lacrymogène.

    Voir cette vidéo sur YouTube

    youtube.com / Via Human Rights Watch

    A l'époque, Bernard Cazeneuve avait balayé ces accusations dans un communiqué en reprochant à Human Rights Watch de ne pas avoir interrogé les policiers.

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