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    Comment les photos d'Alan Kurdi ont changé le débat sur les réfugiés

    Une étude montre que le choc provoqué par ces images a fait émerger le terme «réfugiés» à la place de celui de «migrants».

    Le 2 septembre un peu avant 9h (heure turque), l'agence de presse turque DHA a annoncé que 12 réfugiés syriens étaient morts après que leur bateau parti de Turquie avait chaviré en se dirigeant vers la Grèce.

    Ces images ont rapidement circulé dans le monde entier. Des journaux en ont fait leur une, et des dirigeants politiques du monde entier ont alors commencé à employer le terme «réfugiés», là où beaucoup utilisaient auparavant le terme «migrants».

    U.K. newspapers choose to confront decision-makers and public with tragedy and outrage during breakfast

    Une étude publiée cette semaine s'intéresse à la manière dont les images d'Alan se sont répandues à travers le monde, ainsi que leur rôle dans la reformulation du débat en ligne.

    Francesco D’Orazio, le vice-président des produits de la société d'analyse des médias sociaux Pulsar, s'est intéressé à l'utilisation des mots «migrants» et «réfugiés» sur Twitter.

    Il a découvert qu'au fur et à mesure que les photos d'Alan Kurdi se propageaient, les gens tweetaient de moins en moins au sujet de «migrants» mais employaient davantage le terme de «réfugiés».

    Vous voyez ici «migrants» (en blanc) et «refugees» (en orange) en anglais. Après la mort d'Alan, le débat était reformulé.

    Ce changement de vocabulaire a également été constaté dans une analyse effectuée par Google News Lab. Quand l'histoire d'Alan Kurdi a commencé à se propager, les recherches Google sur «réfugiés» ont augmenté bien plus que celles sur «migrants».

    Francesco D’Orazio a également analysé la manière dont les photos d'Alan se sont propagées sur Twitter. Durant la première heure, elles ont circulé parmi les utilisateurs turcs, suite à un tweet de la journaliste Michelle Demishevich.

    Peu après midi GMT, tout a changé. La cheffe du bureau de Beyrouth du Washington Post, Liz Sly, a tweeté une image agrandie du corps d'Alan et a déclaré que sa mort «symbolise l'échec du monde en Syrie.» Son message a été retweeté plus de 7000 fois.

    This image of the body of a Syrian boy drowned today on a Turkish beach is emblematic of the world's failure in Syria

    Francesco D’Orazio a constaté que même lorsque les articles commençaient à s'accumuler, l'histoire continuait à être relayée sur Twitter par des utilisateurs partageant des images (en bleu), mais pas de liens (en vert).

    Ce graphique illustre le chemin suivi par l'histoire depuis la presse turque vers le Twitter turc, jusqu'à sensibiliser le monde entier.

    En France, la classe politique s'est à l'époque indignée face à ces images, alors qu'elle n'avait jusque-là pas fait preuve d'une telle compassion à l'égard du sort des réfugiés.

    Manuel Valls au sujet des migrants syriens VS Manuel Valls au sujet des migrants roumains ! #Inconstance #AylanKurdi

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