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    L'hommage d'une ado aux victimes du Bataclan a ému des milliers de gens

    La fiction publiée sur Facebook par Tess, 16 ans, sur l'attentat du Bataclan a touché beaucoup de monde, dont des familles de victimes.

    Tess a 16 ans, elle est en première L et tient la page «Fuck it» sur Facebook. Samedi soir, elle a écrit ce texte fictif sur l'attentat au Bataclan:

    facebook.com

    Le texte de Tess a déjà été partagé plus de 40.000 fois sur Facebook. Elle dit aussi avoir reçu beaucoup de réactions touchantes, notamment de proches de victimes:

    «Plusieurs personnes sont venues me parler en privé pour me dire merci, qu'ils étaient touchés parce qu'un de leur proche avait été victime des attentats... C'était très touchant.»

    «Je pense que mon texte touche les gens parce que quand je l'ai écrit, j'ai vidé ma tête et j'ai fait mon maximum pour imaginer ce que ça devait être... Évidemment, c'était impossible! Mais j'ai fait ce que j'ai pu...», a dit Tess à BuzzFeed France.

    Dans un deuxième statut, elle explique avoir écrit son texte «en hommage à tous ceux qui ont fermés les yeux, aux blessés, et aux centaines de familles meurtries...»

    Facebook: permalink.php

    La jeune femme a même été contactée par des gens à l'autre bout du monde:

    «Une dame, professeure de français à Miami veut faire étudier mon texte à ses élèves... Ça m'a beaucoup marquée.»

    Voici le texte en entier:

    «Maman, j'ai beaucoup de choses à te dire.

    Ce soir, je suis rentrée dans cette grande salle et j'ai dansé. Dansé. Dansé. J'ai dansé à m'en écorcher les pieds, j'ai crié à m'en esquinter la gorge. Je n'ai plus de voix. Tu te souviens le nombre de fois où je t'ai demandé, les mains moites, si tu acceptais de me payer cette place de concert ? Tu as fini par dire oui. Alors ce soir, j'ai laissé la musique m'emporter. J'étais en transe, maman, tellement c'était dingue. On était tous là, collés, criants, suants, des sourires jusqu'aux oreilles. Une joie inconnue enveloppait nos corps et la musique nous enchantait.

    Puis il y a eu un "boum". Tu sais, le genre de "boum" qui rompt le charme, qui brise le rythme. C'était un son en plus de la musique, qui sonnait un peu faux. Tout s'est tu. Les instruments ont cessé de résonner, les cris sont devenus muets. J'étais essoufflée, désorientée, je respirais fort. Et le "boum" a retenti de plus belle. J'ai entendu des cris perçants, comme des appels au secours. Il faisait tellement chaud et pourtant, on avait si froid. Les boums sont devenus de plus en plus rapides, ils s'enchaînaient...

    Alors on s'est couchés. Le sol semblait trembler mais c'était nous, qui tremblions. Et les coups de canon ne s'arrêtaient pas de chanter. C'était un autre concert, des autres notes et les seules paroles audibles n'étaient que des râles agonisants, des plaintes affreuses. Maman j'aimais la musique, mais pas celle-ci... Et je crois qu'ils l'ont compris. Moi, au contraire, je n'ai pas eu le temps de comprendre. Ils m'ont tué maman. Ils ont fait chanter leurs balles contre moi pour la simple et bonne raison que j'étais là, au mauvais endroit. Le mauvais soir. Ils m'ont tué et je n'entendrai plus jamais la musique.

    128 autres personnes n'entendront plus jamais la musique.
    Maman, ce soir, je viens te dire que mes notes se sont tues mais que la chanson continue.»