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    Nouvelle mode chez les taxis: piéger et menacer des UberPop

    Uber qui s'obstine à contourner la loi, les taxis qui se font justice et s'en prennent à leurs concurrents... L'opposition vire au Far West et ce n'est pas près de s'arranger.

    Face à UberPop, les taxis en colère veulent désormais se faire justice eux-mêmes. C'est un nouveau sport né à Marseille le 8 juin dernier, où des taxis se sont vantés sur Facebook d'avoir «piégé» plusieurs chauffeurs d'Uber.

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    Depuis, les chauffeurs marseillais ont fait des émules. Les altercations entre taxis et conducteurs UberPop se sont multipliées à Nice, Strasbourg, Lyon, Lille ou encore Paris.

    À Strasbourg, le 16 juin dernier, une dizaine de taxis ont décidé de faire la loi à la place de la police. Ils ont ainsi aspergé de farine un chauffeur Uber et ont dégonflé ses pneus, raconte Rue89.

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    Tous ces chauffeurs bénéficient du soutien des syndicats de taxi. Jean-Michel Rebours, président de l'Union de défense des taxis parisiens et membre de la Fédération nationale des artisans du taxi, s'en justifie auprès de BuzzFeed France:

    «Bien sûr qu'on est du côté des taxis qui mènent ce type d'actions. Je ne souhaite pas que cela dégénère, mais cela fait quand même des semaines qu'on prévient nos gouvernants et que la situation n'évolue pas. Il y a un vrai ras-le-bol et on a du mal à tenir la base.

    Il y a des lois en France. Les services comme UberPop sont interdits, or il y a très peu de sanctions. Vous, par exemple, vous êtes journaliste. Si demain un monopole vient fixer ses lois dans votre secteur vous aurez peut-être la même réaction que nous.»

    Interrogé par BuzzFeed France, le porte-parole du ministère de l'Intérieur Pierre-Henry Brandet condamne la démarche:

    «Ce n'est pas la violence qui va arranger les choses. Ce n'est pas parce qu'on est victime qu'on doit se faire justice soi-même. Cela peut être dangereux et également contre productif vis-à-vis de l'opinion publique. Il y a eu des moments de tension, des accrochages, ça a pu être chaud. Cela peut vite dégénérer et c'est cela qu'on veut éviter.»

    Selon Pierre-Henry Brandet, le gouvernement fait déjà le maximum pour contraindre Uber à se plier à la loi Thévenoud.

    «Nous faisons appliquer la loi. Il y a eu environ 420 verbalisations pour exercice illégal de la profession de taxi ces derniers mois, majoritairement des chauffeurs Uber.

    Il y a aussi eu de premières condamnations, à des amendes pour l'instant mais parmi les sanctions encourues il y a aussi la suspension de permis et l'immobilisation du véhicule.

    C'est un bras-de-fer juridique. UberPop brave les interdits. Ce sera à la justice de se prononcer, mais cela prend du temps, c'est normal.»

    Depuis le 1er janvier 2015, le service UberPop est en théorie interdit par la loi Thévenoud. Malgré cela, la société basée à San Francisco maintient son service. Son porte-parole en France, Thomas Meister, nous affirmait récemment:

    «Aucun juge n'a dit pour l'instant que le service UberPop est illégal. Notre interprétation de la loi Thévenoud, c'est qu'UberPop ne pose pas de problème aux yeux de la loi.»

    Uber entend utiliser toutes les options juridiques à sa disposition, ce qui contribue à figer la situation dans cette sorte d'entre-deux.

    En attendant, la colère continue de monter chez les taxis, qui engageront jeudi 25 juin un mouvement national pour «une durée illimitée».

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