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    Cette mère ne veut plus qu'on dise que sa fille est «une petite trisomique»

    Caroline Boudet est la mère d'une petite fille de quatre mois, atteinte de trisomie. Elle a publié lundi un appel à voir sa fille pour ce qu'elle est, partagé plus de 15.000 fois sur Facebook.

    Caroline Boudet est la mère d'une petite Louise, âgée de quatre mois. Comme sa fille est atteinte de trisomie, elle fait face au quotidien à des remarques blessantes. Lundi 8 juin, elle a décidé d'y répondre dans un message publié sur Facebook:

    Facebook: caroline.boudet

    Dans ce post, cette journaliste qui travaille actuellement pour la région Ile-de-France appelle à faire attention aux mots qu'on emploie face aux parents d'un enfant atteint de handicap.

    Caroline Boudet demande par exemple, avec ses mots, de ne pas résumer un enfant à une maladie:

    «Ne dites pas à sa mère "comme c'est une petite trisomique, et etc." Non. C'est une petite âgée de quatre mois qui est atteinte de trisomie, ou qui a une trisomie, comme vous voulez. Ce 47e chromosome n'est pas ce qu'elle EST, c'est ce qu'elle A. Vous ne diriez pas "Comme c'est une petite cancéreuse, et etc."»

    Le témoignage de cette maman est rapidement devenu viral. En 24 heures, il a été partagé plus de 15.000 fois sur Facebook. Et les commentaires de soutien ont vite afflué.

    Contactée par BuzzFeed France, Caroline Boudet confie être un peu «dépassée», mais «très touchée» par l'engouement autour de son histoire.

    Elle nous explique sa démarche:

    «En fait, c'est très banal, c'est parti d'un coup de gueule. Avant la naissance de Louise, qui a été détectée trisomique seulement après l'accouchement, je ne me sentais pas concernée par le handicap. Depuis quatre mois, j'ai entendu beaucoup de remarques, notamment du personnel médical.

    Lundi, je suis allée avec elle à un rendez-vous où l'on m'a fait un condensé de toutes ces remarques. Je suis rentrée avec les larmes aux yeux, j'avais besoin d'évacuer. Je sais que ce n'est pas de la méchanceté, c'est de l'ignorance. Moi aussi j'aurais pu tenir ce genre de propos avant...

    C'est justement pour cela que je me suis dit qu'il fallait en parler. Alors j'ai publié ce statut sur Facebook, en me disant que si des gens le partageaient, ce serait toujours ça de pris.»

    Les réactions ont vite dépassé ce qu'elle avait anticipé. «Cela a été exponentiel», confie Caroline Boudet. Elle a également accepté que L'Express et le Huffington Post relaient son texte car «plus de gens liront et comprendront, mieux ce sera».

    Facebook: caroline.boudet

    Au-delà des chiffres, elle se dit aussi touchée par les réactions suscitées par son témoignage:

    Dans les commentaires, on trouve par exemple: «Je vous comprend! Que l'on arrête de parler de situation de handicap, c'est votre enfant, elle est différente et après?», écrit par Clément.

    «Elle est trop mignonne, malheureusement il n'y a pas de vaccin contre les imbéciles», souffle Fredo.

    «C'est extrêmement touchant et émouvant, ce n'est que du positif. Des médecins et des sages-femmes m'ont même contactée pour m'expliquer pourquoi ils en parlaient parfois comme ça, mais aussi me dire que mon message les a fait réfléchir.

    Au début, quand Louise est née, on avait l'impression d'être un peu seuls. Avec la puissance des réseaux sociaux, ce n'est plus le cas, on trouve des gens avec qui échanger. Cela a été très vite et j'avoue être encore un peu dépassée car ce n'était vraiment pas planifié!»

    Face à l'afflux de demandes d'ajout en ami, Caroline Boudet a ouvert son profil Facebook aux abonnements. Si vous avez été touché par son témoignage et souhaitez avoir des nouvelles de Louise à l'avenir, privilégiez cette option.

    Si son message a attiré énormément d'attention, Caroline Boudet insiste sur la dimension collective de son propos.

    «Je ne veux pas qu'on parle de mon cas de manière larmoyante. On n'est pas dans le monde des Bisounours. Ce qui compte, c'est que cela parle à de nombreuses familles qui connaissent des situations similaires.»

    «Moi aussi, au début, je me disais "j'ai un bébé trisomique". C'était dur. Maintenant, c'est fini. Je la vois elle, son caractère... J'aimerais que les gens voient eux aussi cela avant tout.»

    Un peu comme son fils aîné, Paul, qui a quatre ans: «Lui, il s'en fiche. On lui a expliqué que Louise était atteinte de trisomie, mais pour lui c'est sa sœur et c'est tout. Il a le regard qu'on devrait tous avoir.»

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