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    «Le saucisson sec m'est apparu comme une évidence»

    Un blogueur amoureux des bons produits, entièrement dévoué à la cause du saucisson, partage avec nous sa passion.

    Trouver le bon saucisson est une quête permanente. Et «Mikodos» est en quelque sorte un guide sur ce chemin tortueux. Depuis 2013, ce Nantais engloutit des dizaines de saucissons et les évalue sur son blog.

    A l'époque de la création du site, «j'étais en perte de repères», nous explique Mikodos, qui préfère rester anonyme. «J'avais envie de soutenir une noble cause et le saucisson sec m'est apparu comme une évidence. Enfin, j'avais trouvé un but à ma vie».

    C'est parti d'un délire entre amis. J'étais en vacances avec eux et à l'apéro, lorsque je découpais le précieux, je me suis exclamé, pris dans l'enthousiasme du moment: «Je devrais créer un blog sur le saucisson!» L'idée nous a tous fait rire et 15 jours après je me suis lancé sur un coup de tête.
    Le saucisson est un digne représentant du terroir français et de sa gastronomie. Je pense même que c'est un produit culturel, au même titre que la baguette de pain, révélateur à son petit niveau d'une certaine part de l'identité française. Les images de convivialité, de partage et d'échange lui sont clairement associées. C'est ce qui fait que tout le monde l'aime, non?
    J'ai bien conscience que la plupart ne font que passer, sans approfondir mais je sais aussi que j'en piège certains, qui arrivent par hasard sur le blog et qui s'aperçoivent après qu'ils ont passé plus d'une heure à lire des tests de saucissons.

    Il faut dire que Mikodos met du sien pour rendre ses articles intéressants. «Je les fais sérieusement, mais j'essaie d'apporter une touche humoristique». Et ça marche:

    Voici par exemple ce qu'il écrit sur le saucisson sec 1KG «Mon Clocher» de Montserret: «Toucher ce saucisson relève de la gageure. Je me sens faible. Pourquoi s'infliger une telle torture? Je l'attrape malgré tout et je sens alors la main de Lucifer transpirer par la peau synthétique de cette immondice. Un frisson glacial me parcourt l'échine. Je suffoque, je transpire et je m'évanouis.»

    Voilà le sort, impitoyable, réservé par ce connaisseur aux plus mauvais: un «carton rouge», sa note la plus basse.

    Un jugement sans concession pour des produits à éviter selon lui: «Ils représentent pour moi une certaine métaphore de la société de consommation et de ses dérives poussées à l'extrême dans l'alimentaire: l'élevage intensif, le manque de traçabilité, des sociétés hors-sol, du marketing insultant, de la qualité déplorable pour obtenir le prix le plus faible possible, la course à toujours plus de rentabilité...»

    Quelle gueule! Burinée, abimée, sinueuse...Enfin un produit de supermarché qui ressemble vraiment à un produit du terroir. Je suis emballé par ces courbes irrégulières et par son teint brut, sans fard, qui fait fi de toute propreté suspecte des produits industriels.
    J'ai commencé, et je n'ai toujours pas terminé d'ailleurs, à tester les saucissons de la grande distribution car ils représentent environ 90% du marché. Je voulais prouver que plus de 75% de ces saucissons étaient infects mais que malgré tout, il en existait quelques-uns, pas forcément plus chers, qui tiraient leur épingle du jeu. C'est ces derniers que je souhaiterais voir devenir la norme.

    Et puis, «il ne faut pas être dupe, les meilleurs saucissons, faits artisanalement avec des produits de qualité, ont un coût largement supérieur aux saucissons de grande surface.»

    J'aurais envie de ne promouvoir que le terroir mais je sais bien qu'on ne reviendra pas 100 ans en arrière et qu'il est plus utile de vouloir améliorer les conditions de ce qui, par l'augmentation toujours plus importante de la population mondiale, n'est pas prêt de disparaître. Il doit bien y avoir moyen de nourrir tout le monde de manière raisonnée, enfin je l'espère.
    vine.co

    A force, cet engouement présente quand même quelques inconvénients. «Je consomme beaucoup trop de saucisson sec, surtout depuis qu'on m'en envoie régulièrement par la poste. Autant vous dire que ma femme n'en peut plus».

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