«Il faut se rendre à l'évidence: au cœur de l'Europe, la sympathique Belgique est devenue une plaque tournante du djihadisme». Voilà le constat dressé par un éditorial du Monde lundi 23 novembre.
Le quotidien cite deux faits avérés qui montrent l'ampleur des réseaux djihadistes en Belgique:
- Qu'une «bonne partie des terroristes de Paris et le coordinateur présumé des attentats, Abdelhamid Abaaoud, venaient de Belgique.»
- Que la Belgique est le pays d'Europe où l'on compte le plus de djihadistes en Syrie par habitant, devant la France. Avec, comme symbole, la ville de Molenbeek, régulièrement qualifiée de «plaque tournante des djihadistes en Europe» dans la presse ces derniers jours.
Les articles à charge contre la Belgique comme celui du Monde sont plutôt mal accueillis par nos voisins.
Pour beaucoup, Paris n'est pas forcément bien placée pour tacler Bruxelles après les attentats.
Lundi soir, La Libre Belgique a publié une réponse aux critiques venues de Paris.
«La condescendance française n’a pas de limites», écrit le rédacteur en chef du journal, Francis Van de Moestyne, qui rappelle que plusieurs auteurs des attentats étaient aussi Français:
«Oui, il y avait des Belgo-Marocains, parmi les terroristes. Mais il y avait aussi des ressortissants français, vivant en Belgique.
S'il est exact que plusieurs auteurs d'attentats sont passés par Bruxelles ou par Molenbeek, d'autres n'ont jamais quitté l'Hexagone sauf pour aller "se former" en Syrie. Des djihadistes, dont Nemmouche, ont été radicalisés dans les prisons françaises.»
«Reconnaissons-le: cet exercice -c’est pas moi, c’est lui…– a quelque chose d’un peu minable (...) Il y a eu des failles partout», conclut le journal.
«Les critiques seraient plus faciles à accepter si elles venaient d'un État infaillible, un État qui serait un modèle du vivre ensemble et de l'intégration. Si c'était le cas, le FN, parti raciste, xénophobe, anti-européen, ne serait pas le premier parti de France. Mais sans doute les responsables du FN ont-ils été formés en Belgique…»