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    Jean Lassalle à BuzzFeed: «Désolé pour le retard, je n'ai aucune excuse, je faisais la sieste»

    Jean Lassalle est passé en coup de vent à BuzzFeed. Le temps de quelques fulgurances.

    Il devait venir à 16h30, il a repoussé à 17h30, il est arrivé à 18h15. Jeudi soir, Jean Lassalle est passé en coup de vent à BuzzFeed pour participer à l'un de nos Facebook Live consacrés à la présidentielle. Quand il sort sa longue carcasse d'un taxi, il a son portable collé à l'oreille. Il parle de sport, de rugby, de ballon rond. Il s'engouffre dans l'ascenseur. Au téléphone, un journaliste lui demande de citer ses joueurs de foot préférés. Il évoque Messi, Maradona. Puis, tancé du regard par son attaché de presse, il raccroche et nous serre la main. «Bonjour, désolé pour le retard, je n'ai aucune excuse, je faisais la sieste.»

    Début de l'interview. Première question sur sa femme qu'il a affublée dans le passé du sobriquet de «petite cochonne», pour savoir si ce n'est pas à cause de ce genre de sorties que sa candidature n'est pas toujours vue comme très sérieuse. Sa réponse dure six minutes et dix secondes. Il évoque tour à tour Canal+, sa belle-mère, Noël, le tunnel du Somport, les services publics, Nicolas Sarkozy, les Corses, les Basques, des policiers tués, les émeutes à Paris, Jacques Chirac, Édouard Balladur, les intermittents du spectacle, Jean-Jacques Aillagon, les «personnels régionaux des collèges», les journalistes, l'aménagement du territoire, John Fitzgerald Kennedy, Nikita Khrouchtchev, de Gaulle, les concessions pétrolières, Christine Deviers-Joncour, les entreprises en crise, la vallée des Anges. Deuxième question.

    Jean Lassalle se raconte un peu. «Je me suis shooté littéralement à la musique, à la littérature.» Dans sa chaîne hi-fi: Vivaldi, Brel, Serge Lama. On lui demande s'il n'y a rien d'un peu «plus contemporain». Il nous parle de Carmen. Sur sa table de chevet: Houellebecq et Michel Onfray. Chez Onfray, «incontestablement il y a quelque chose, vous êtes pris, moi j'ai besoin d'être très très pris», dit-il.

    On lui demande le titre du dernier film qu'il a vu. Il évoque Il était une fois dans l'ouest pour rigoler puis il coupe court: «Ce n'est pas très intéressant.»

    On lui fait remarquer qu'en 1977, quand il a été élu pour le première fois, aucun des treize salariés de BuzzFeed France n'était né. Le renouvellement, c'est pour quand? Il répond: «Il faut rassembler notre pays et puis ensuite les peuples qui ne se sentent pas bien» puis il nous parle, dans ce même jet, de «l'époque napoléonienne». «Il n'y avait pas le cinéma à l'époque», note-t-il. On essaye d'enchaîner.

    Après le débat avec les onze candidats, la petite-fille d'une électrice a dit «j'aime beaucoup le grand mais je ne comprends rien à ce qu'il dit», raconte-t-il. Mais il n'avait pas bu avant le débat, précise-t-il. Il nous dit qu'il a refusé d'être ministre sous Chirac et sous Sarkozy. «Si c'est pour servir le petit peu d'image que j'avais sans pouvoir aller au bout, ça n'a pas de sens». Il nous parle de son voisin de débat, Jean-Luc Mélenchon. «Ce qu'il disait, j'aurais pu le dire et lui m'a dit la même chose de moi. Il y avait une espèce de connivence.»

    On aurait voulu lui parler de son programme. Sa volonté de mettre tous les élèves de France aux Arts martiaux, sa fête de la philo. Et des choses plus sérieuses: son soutien à Sarkozy, son opposition au mariage pour tous, sa volonté, s'il est élu, de demander «au peuple de s'habiller de blanc et de marcher pour me soutenir». Mais l'attachée de presse, dont le téléphone portable s'agite dans tous les sens, devient menaçante.

    On demande trois minutes pour lui faire subir notre mini-interview casseroles. Elle dit «je vais mourir». Jean Lassalle lui dit: «Ne meurs pas». Elle ajoute, sans y croire: «Faudra faire court, Jean, pour une fois.» C'est l'heure de repartir, Yves Calvi l'attend pour une émission en direct. On le raccompagne. Dans l'ascenseur, plus ou moins en off, on essaye de gratter un truc: «Si par malheur vous n'étiez pas au second tour, pour qui appelleriez-vous à voter?» Il nous saisit le bras, le broie méthodiquement, et en se penchant vers nous ouvre grand ses yeux: «Monsieur, le peuple de France va stupéfier le monde, je serai au deuxième tour.» Et d'ajouter, avant de sortir, «peut-être avec l'aide de votre voix». À bientôt M. Lassalle.