La Barbe est un collectif féministe, créé en 2008, qui intervient régulièrement lors de colloques ou d'assemblées pour protester contre la surreprésentation des hommes dans les instances de pouvoir.
Samedi 26 novembre, quatre militantes du collectif sont intervenues lors d'un colloque «Bigeard et l'Indochine» organisé par la fondation Général Bigeard, à l'École militaire à Paris, où «devaient intervenir 12 hommes sur 13 intervenants» selon le collectif.
Le tract de cette première et très virile action chez les militaires #fondationbigeard.
Ce lundi, la Barbe a publié la vidéo de cette intervention et on peut voir sur les images que les militantes ont été évacuées sans ménagement de la salle.
On voit tout d'abord les militantes monter sur la scène...
... et prendre la parole, après avoir revêtu, comme à leur habitude, une fausse barbe.
Très rapidement elles sont interrompues par des hommes, montés sur l'estrade...
... et sont tirées et poussées hors de la salle.
On les voit ensuite être évacuées par un escalier par plusieurs hommes.
Veronica Noseda, une des militantes participant à l'action, dit avoir eu des cheveux arrachés.
Cheveux arrachés, bras tordus, activistes de @labarbelabarbe dégagées manu militari de colloque colonisation. La po… https://t.co/vD34qn0nkk
«Ils m'ont pris par les cheveux pour me tirer vers le couloir, ils nous ont évacuées de manière brutale», décrit-elle à BuzzFeed News.
«J'ai participé à plein d'actions de La Barbe, y compris des actions où on nous a dégagées de manière pas pacifique, mais c'est la première fois que j'ai ressenti une telle violence.»
L'activiste de 42 ans précise:
«On avait donné nos cartes d'identité pour entrer dans les lieux, et ils ont tout d'abord refusé de nous les rendre. Ils en ont fait des photocopies et ont appelé la police.»
Selon elle, ce sont les forces de l'ordre qui leur ont ensuite rendu leurs papiers. Contactée par BuzzFeed News, la préfecture de police de Paris confirme qu'il y a eu une intervention de la police, mais ne donne pas plus de détails.
Du côté du ministère de la Défense, on se refuse à parler de violences, évoquant plutôt une sortie «empoignée» et du «chahut».
«De leur côté, il y aussi eu un certain nombre de violences, ne serait-ce que la manière dont elles ont interrompu le colloque, nous précise-t-on. Ce genre d'actions, c'est rarement des actions tranquilles. Il y a peut-être eu une sortie un peu désordonnée et empoignée mais de là à dire qu'il y a eu des violences, on en est quand même assez loin.»
Dans son communiqué, La Barbe évoque également des «propos sexistes et racistes» qui auraient été prononcés lors du colloque. Sur cette question, le ministère met en avant le fait que la journée était organisée par une institution privée, pour laquelle le ministère «a mis à disposition une salle».
Nous avons contacté la fondation Général Bigeard et mettrons à jour notre papier en cas de réponse.
Vous pouvez voir la vidéo entière ici:
