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    Et si les amendes pour les livres en retard à la biblio ne servaient à rien ?

    «Quand on supprime le système d'amende, les lecteurs reviennent plus facilement vers nous dès la première relance», explique une bibliothécaire de Dunkerque.

    Les auteurs Julien Brygo et Olivier Cyran étaient à la bibliothèque de Dunkerque, le 10 mars, pour discuter de leur livre sur les «boulots de merde» et ils y ont fait une «découverte intéressante», comme le raconte ce dernier sur Twitter.

    A notre causerie sur les boulots de merde à la bibliothèque de Dunkerque, @JulienBrygo et moi, on a fait une découverte très intéressante :

    Cela peut paraître surprenant mais «le système de mise à l'amende des usagers qui rendent leurs bouquins en retard coûte plus cher que ce qu'il rapporte», écrit-il.

    Mettre des amendes couterait plus cher mais serait aussi moins efficace.

    «Cela fait des années qu'on n’applique plus d’amende, car le système punitif ne marche pas», a confirmé la bibliothèque de Dunkerque à BuzzFeed News. Sa bibliothécaire Vanessa Jonas détaille:

    «Quand on supprime le système d'amende, les lecteurs reviennent plus facilement vers nous dès la première relance. C’est psychologique. On accorde notre confiance aux usagers et cela marche mieux comme cela.

    Nous avons fait la comparaison par rapport à d'autres collègues bibliothécaires qui mettent des amendes ailleurs en France et nous avons un meilleur taux de restitution.»

    Elle précise que, si le règlement intérieur de la bibliothèque ne met pas en oeuvre de systèmes d’amende, il prévoit par contre la restitution d’un ouvrage à l’identique en cas de livre perdu.

    Dans la conversation qui a suivi sur Twitter, la communauté urbaine caennaise a confirmé que c'était également le cas dans ses bibliothèques.

    @francescuG @OlivierCyran Nous confirmons :) > https://t.co/8teYCP7Wxq

    «Les amendes, c’est une recette qui coûte très cher à faire rentrer», explique Olivier Tacheau, directeur des bibliothèques de Caen, à BuzzFeed News. «Il faut des caisses, ça mobilise du personnel…»

    «Ça nous rapportait 6000 euros par an... mais le coût de gestion était trois ou quatre fois plus élevé.»

    Olivier Tacheau explique avoir proposé d’arrêter ce système en septembre 2016, tout de suite après être arrivé à son poste. En plus du coût induit, il voit deux autres arguments contre ce système:

    «Certains usagers connaissent bien le personnel ou mettent en avant leur situation financière difficile pour demander à ne pas payer l’amende. Il est donc difficile de maintenir l’égalité de traitement devant l'amende. On n’avait pas la garantie que c’était bien appliqué partout sur notre réseau de bibliothèques.

    Enfin, ce n’était pas efficace: les gens très en retard payaient leur amende et ça ne changeait pas leur comportement. Au contraire, certains retardataires pouvaient avoir peur de rendre les ouvrages, par crainte de se faire taper sur les doigts. L’aspect punitif est contreproductif dans la relation à l’usager. En tant que bibliothécaire, vous faites tout pour que l’usager vienne, emprunte… et au final vous lui tapez dessus. Ça allait à l’encontre de notre vision.»