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    Affaire Polanski: «C’est une victoire de la mobilisation des féministes»

    Après une mobilisation féministe, Roman Polanski a renoncé à présider la cérémonie des César.

    Mardi 24 janvier, Roman Polanski a annoncé via un communiqué de son avocat qu'il renonçait à présider les César.

    Le communiqué explique que cette polémique a «profondément attristé Roman Polanski et atteint sa famille», et que le cinéaste franco-polonais «a décidé de ne pas donner suite à l’invitation» des organisateurs.

    Sur Twitter, de nombreuses militantes féministes se sont félicitées de cette nouvelle.

    Certaines ont salué l'efficacité des mobilisations féministes.

    Très efficace mobilisation féministe.L'AFP vient d'annoncer que Polanski renonce à présider les César. https://t.co/L1y4v662JJ

    !!!!!!! #BoycottCesar a fonctionné ! Bravo à vous tou.tes !! https://t.co/WzZSuWpeE9

    «C’est clairement une victoire de la mobilisation des féministes», estime auprès de BuzzFeed News Marie Cervetti, directrice de l’association FIT Une femme, un toit, qui a co-organisé avec d’autres féministes un appel à se rassembler mercredi, pendant la conférence de presse des César.

    «C’est rare que la pression féministe fonctionne comme ça», se félicite également de son côté Marie Allibert, porte-parole d’Osez le féminisme, qui avait appelé à un rassemblement devant la salle Pleyel lors de la cérémonie des César, le 24 février.

    Marie Cervetti évoque une «mobilisation incroyable» des mouvements féministes.

    «On aurait été très nombreuses lors des rassemblements. Les mouvements féministes, qui ont des divergences parfois profondes, signaient des deux mains pour être présents. Je pense qu'il a anticipé l’importance de cette mobilisation et que c'est pour ça qu'il a préféré renoncer.»

    Mais les deux militantes apportent tout de suite des nuances à leur satisfaction. «C’est tout de même regrettable que ce ne soit pas l’académie elle même qui ait décidé de renoncer», estime Marie Cervetti. Et d'ajouter:

    «Par ailleurs, dans son communiqué, Polanski met en avant le fait que ça l’a atteint, lui et sa famille. C’est typiquement la stratégie des agresseurs: ils se transforment en victime; c’est un comportement classique.

    On l’avait vu avec DSK: l’empathie s’est faite autour du présumé coupable, pendant que certains se mettaient à détester sa victime.»

    «C’est une victoire, mais sur le fond ça change rien dans le fait que l'académie des César n’a pas vu le problème dans le fait d’inviter un homme accusé de viol et de pédocriminalité», indique Marie Allibert à BuzzFeed News.

    «Je n’y vois pas une prise de conscience du milieu culturel de la gravité de cette culture du viol, j’y vois la décision d’un vieil homme qui supporte mal la pression et la visibilité dont il est l’objet, détaille-t-elle. Il n’y a pas de contrition ni une reconnaissance du fait que c’est grave de valoriser les hommes qui se sont rendus coupables de telles choses.


    Dans cette histoire, on a vraiment eu tous les arguments habituels de déni de la culture du viol: “c’est un grand artiste et ça n’a rien à voir” -comme si on pouvait dissocier le violeur et l’artiste, “c’était il y a longtemps”, “les années 70, c’était une autre époque”… Certains ont carrément nié que ça a eu lieu.»

    «Vis-à-vis du grand public, ça a tout de même le mérite de montrer qu’on peut empêcher que des agresseurs soient valorisés médiatiquement et mis en avant en dépit de ce qu’ils ont commis, et ça c’est une bonne chose», conclut-elle.