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    Voici comment les journalistes sont harcelés en ligne partout dans le monde

    Reporters sans frontières vient de publier un rapport sur le harcèlement en ligne des journalistes. Il montre que les réseaux sociaux sont une arme de choix pour faire pression sur les professionnels de l'information, a fortiori quand ce sont des femmes.

    La journaliste de La Voix du Nord Béatrice Quintin, dans un billet publié ce jeudi 26 juillet, fait part des insultes qu’elle a reçu pour un article mettant en cause le site d’extrême droite Fdesouche. «Grosse conne», «journalope», «scribe zélé au froc baissé» et autres injures souvent teintées de sexisme.

    Total soutien à @BatriceQ face aux imbéciles numériques et aux idiots digitaux.

    En France, le harcèlement en ligne des journalistes est devenu un moyen fréquent de pression. Il provient souvent de nébuleuses plus ou moins organisées et motivées politiquement, soit par leur rattachement à un mouvement, soit par des convictions anti-féministes, comme en a attesté la vague de harcèlement dont a été victime la chroniqueuse Nadia Daam.

    Un rapport publié par Reporters sans Frontières publié ce jeudi montre que le cas français est loin d’être isolé. Dans certains régimes autoritaires, leur proximité au pouvoir est évidente. Et parfois, le harcèlement est tout simplement rémunéré.

    Le harcèlement est souvent plus violent lorsqu’ils vise des femmes journalistes, confirme le rapport qui cite une étude du think tank britannique Demos. Voici quelques cas mis en avant par l’ONG.

    En Inde, une réception organisée pour les harceleurs

    Rana Ayyub est une journaliste indépendante, auteure des Gujarat Files, sur les émeutes anti-musulmans du Gujarat en 2002. Elle expose comment les autorités e la région, et notamment Narendra Modi, désormais premier ministre indien, ont exercé de la violence d’État. En représailles, «on m’a traitée de prostituée. Mon visage a été apposé à la photo d’un corps nu et la photo de ma mère a été prise sur mon compte Instagram et "photoshoppée" de toutes les manières possibles», explique la journaliste au Washington Post.

    Derrière ces campagnes, les nationalistes hindous soutiens de Narendra Modi, qui suit sur Twitter de nombreux comptes insultant les journalistes à foison. En 2015, explique RSF, «le Premier ministre indien est même allé jusqu’à inviter les détenteurs de 150 de ces comptes à une rencontre». Ces derniers ont posté des selfies avec Narendra Modi.

    En Iran, la milice en ligne de la république islamique

    «Plus de 18.000 volontaires surveillent le réseau et dénoncent auprès du parquet les délits et crimes commis sur les réseaux sociaux», indique en mars 2017 Abdolsamad Khoramabadi, responsable d’un comité gouvernemental iranien chargé de l’identification de sites non-autorisés par le régime iranien. Dans le viseur de ces volontaires, on trouve les journalistes du pays comme les correspondants étrangers. Parmi les méthodes de ces milices, le phishing, qui consiste à faire interagir les journalistes avec de faux sites pour récupérer leurs identifiants et accéder à leurs comptes.

    En Thaïlande, des étudiants chasseurs de têtes traquent les dissidents

    Ils s’appellent les Cyber Scouts: une armée d’étudiants qui identifie les opposants au régime thaïlandais, y compris des blogueurs ou des journalistes. Au début de l’initiative, en 2014, ces étudiants recevaient l’équivalent d’une quinzaine d’euros par personne identifiée. Aujourd’hui, ils ne reçoivent plus d’argent mais, comme l’explique Vice, reçoivent des points qui servent pour des classement des meilleurs Cyber Scouts.

    En Turquie, des hackers pro-Erdogan mettent des tweets dans la bouche des journalistes

    «Désolé d’avoir diffusé des informations négatives au sujet d’Erdogan». Ce tweet étrange était publié en janvier dernier sur le compte Twitter de Klaus Brinbäumer, rédacteur en chef du Spiegel. Le journaliste a tout simpement été victime de phishing de la part de hackers pro-régime. Les «AKTrolls», nom des harceleurs en ligne embauchés par le gouvernement pour défendre la politique d’Erdogan, viennent compléter l’arsenal. Leur nombre est estimé à 6.000.

    En Finlande, des harceleurs pro-Poutine s’en prennent à une journaliste qui enquête sur eux

    Dès que Jessikka Aro a commencé à enquêter sur la propagande en ligne de l’État russe, elle a été victimes de nombreuses vagues de harcèlement venant de harceleurs pro-Kremlin. Ils l’ont faite passer pour une espionne, et de nombreuses personnes qui sont tombées dans le panneau l’ont appelée et insultée. Ils ont retrouvée une vieille condamnation pour usage de drogue afin de la faire passer pour une narco-traficante. Ils ont également voulu lui faire croire qu’elle recevait des messages de son père, décédé il y a 20 ans.