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    Quand les athlètes cherchent des sous pour leur «road to Rio»

    De nombreux sportifs ont lancé des cagnottes participatives pour couvrir leurs frais liés à l'entraînement, ou encore faire venir leur famille à Rio.

    Voici Ariana Washington, une Américaine de 19 ans, qui a été sélectionnée aux Jeux olympiques, pour l'épreuve de relais 4×100 mètres.

    Cette sportive souhaitait que sa mère puisse venir la soutenir à Rio, mais n'avait pas assez d'argent pour lui payer le billet d'avion.

    Elle a donc lancé une cagnotte sur le site GoFundMe et a récolté près de 10.000 dollars grâce à la générosité de fans ou de personnes souhaitant l'aider. Soit un beau coup de pouce pour que sa mère puisse vivre avec elle ce rêve olympique.

    Ariana Washington n'est pas la seule à avoir utilisé le site. Sur GoFundMe, on trouve 147 campagnes lancées par les athlètes olympiques, qui ont récolté, en cumulé, plus de 780.000 dollars grâce à plus de 8000 donneurs.

    Une grande partie de ces cagnottes a pour but de couvrir des frais liés à la préparation des Jeux, comme des stages d'entraînements, des besoins en équipement...

    «C'est un moyen pour les athlètes de lever des fonds afin de rester concentrés sur l’entraînement et la compétition», explique Rob Solomon, le directeur général de GoFundMe à BuzzFeed News.

    D'autres se sont lancés dans le crowdfunding pour pouvoir faire venir des membres de leur famille, ou de leur staff, à Rio. Comme la Française Justine Fedronic, qui a demandé 15.000 dollars pour faire venir au Brésil son coach et son physiothérapiste et indemniser son staff.

    Mais on trouve surtout les Français et Françaises sur la plateforme Sponsorise.me, spécialisée dans le crowdfunding sportif, qui a lancé une opération de soutien aux sportifs de Rio avec Powerade en février dernier.

    Sur la page dédiée, on peut voir 77 projets, lancés par des sportifs français, brésiliens, espagnols, britanniques, mexicains... On trouve également quelques cagnottes françaises sur Fosburit.

    Du côté des fédérations françaises, on ne voit pas toujours d'un bon œil cette nouvelle démarche, affirmant que les fédérations ont tout ce qu'il faut pour les athlètes.

    «C’est une démarche personnelle avec laquelle on n’est pas vraiment d’accord», explique ainsi à Libération Patrick Rosso, directeur technique national de la fédération de taekwondo, au sujet de la cagnotte d'Haby Niaré. Pour lui, «c’est une petite erreur de jeunesse, peut-être qu’elle veut des fonds pour autre chose, peut-être que ça vient de son entourage.»

    L'État est en effet censé soutenir financièrement le sport de haut niveau. Cette année, il a versé, selon Libération, 59 millions d’euros aux fédérations olympiques, qui utilisent ensuite ces fonds comme elles le souhaitent.

    Mais les athlètes n'étant pas rémunérés par leur fédération, et les sponsors se focalisant avant tout sur les athlètes les plus médiatisés, certains sont obligés de cumuler leur entraînement avec un emploi, et ont du mal à joindre les deux bouts.

    «Les sportifs de haut niveau sont dans une situation de précarité méconnue du grand public: parmi les 250 sportifs pouvant être médaillables à Rio, plus de la moitié vivent en deçà du seuil de pauvreté», expliquait le secrétaire d'État aux Sports, Thierry Braillard, dans Paris Match, il y a quelques mois.

    Selon un chiffre du ministère des Sports, 40% des sportifs français vivraient avec moins de 500 euros par mois.

    Mais ce sont aussi les plateformes de crowdfunding qui poussent les sportifs à appeler à la générosité des fans, car l'actualité des Jeux olympiques leur permet de faire parler de leur site.

    Du côté de GoFundMe, on évoque l'intérêt de la «popularité du sport». La plateforme a ainsi créé une page recensant tous les athlètes olympiques porteurs de projet, et a lancé un concours pour faire gagner 10.000 euros supplémentaire à l'athlète qui aura récolté le plus d'argent à travers une cagnotte GoFundMe.

    «Alors que les yeux se tournent vers Rio, un concours de collecte de fonds était une opportunité parfaite pour motiver notre communauté de donneurs à soutenir les compétiteurs utilisant notre plateforme pour que leur rêve devienne réalité», justifie Rob Solomon.