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    Ce député a voulu parler des personnes trans mais s’est complètement planté

    Non, les «personnes handicapées de sexe anatomique», ça n'existe pas.

    Christophe Premat est le député des Français établis en Europe du Nord.

    Cet homme politique socialiste a rédigé une question sur la simplification de la procédure de changement d'état civil pour les personnes trans à l'attention du ministère de la Justice, le 9 février dernier.

    Mais pour parler des personnes trans, le parlementaire a utilisé une expression très étrange: «Une personne handicapée de sexe anatomique». Il a également utilisé son acronyme: H.S.A.

    Pourtant, comme l'a fait remarquer sur Twitter cette militante pour les droits des personnes trans, cette expression n'existe pas.

    et le dicklit d'or est attribué au député d'Annecy Christophe Premat et ses "handicapés de sexe anatomique" https://t.co/lbn1V2DmXw #bravo

    «C'est vraiment une expression qui sort de nulle part, personne ne l'utilise», indique à BuzzFeed News Coline Desbuttes, qui milite au sein de l'association «d'autosupport trans» OUTrans.

    «L'expression donne l'impression qu'il imagine les personnes trans handicapées par leur anatomie.»

    Interpellé sur Twitter, le député a tenté de s'expliquer, mais sans être beaucoup plus clair.

    @marieslavicek @colinedesbuttes faire la différence entre le changement de sexe et le fait de ne pas pouvoir choisir de sexe

    @prematc @marieslavicek "le fait de ne pas pouvoir choisir de sexe" ???

    Il a fini par reconnaître une «maladresse de la formulation» et a présenté ses excuses.

    @colinedesbuttes @marieslavicek merci je conçois la maladresse de la formulation et vous prie de m'en excuser

    «Je vais retirer ma question et la réécrire, en demandant de l'aide pour la formulation» a-t-il indiqué à BuzzFeed News, juste avant de tweeter un message allant dans ce sens.

    @colinedesbuttes @marieslavicek bonjour, j'ai retiré ma question, pourriez-vous m'aider à la reformuler?

    «Je reconnais la maladresse», a confirmé Christophe Premat à BuzzFeed News. «D'ailleurs en relisant mon texte j'ai été un peu surpris, je ne me souvenais pas de l'avoir formulé comme ça.»

    «C'est quelqu'un qui a dû me parler comme ça dans une permanence et j'ai dû le reprendre», explique-t-il. Le député affirme avoir voulu poser cette question car il a été contacté par plusieurs personnes trans françaises vivant en Angleterre «qui ont eu des problèmes en tentant d'obtenir leur changement d'état civil en France».

    «Je leur avais promis de poser cette question. Mais je reconnais maintenant qu'il aurait fallu une autre formulation.»

    La question du député se veut pourtant bienveillante. «Mais le problème c'est que les politiques ne consultent pas les associations trans et produisent des discours approximatifs» selon Coline Desbuttes.

    Pour elle, cette confusion lexicale illustre bien «la pathologisation des transidentités».

    «Cette expression est dans la parfaite continuité de la manière dont on considère les personnes trans. On ramène tout le temps les personnes trans à des parcours médicaux et pathologisants. On les considère comme des corps à réparer, en évacuant toutes perspectives féministes, politiques et sociales.»

    La militante rappelle que «ce que demandent les associations trans, ce n'est pas juste une simplification de la retranscription, mais tout simplement sortir ces procédures de changement d'état civil de tout jugement judiciaire et médical.»

    Au-delà des mots choisis, ce qui est important c'est que le changement d'état civil puisse pouvoir être libre et gratuit.»