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    Comment les politiques utilisent le sondage de l'Institut Montaigne pour leurs intox

    Comment des membres des Républicains et du FN utilisent le sondage sur les musulmans français de l'Institut Montaigne pour avancer de faux chiffres.

    Depuis sa sortie le 17 septembre, beaucoup de politiques citent l'étude de l'Institut Montaigne, publiée avec l'IFOP et le Journal du dimanche sur les musulmans en France. Souvent à tort et à travers.

    Seulement, les résultats de cette enquête sont bien souvent déformés. Ainsi, cette affirmation selon laquelle le sondage indique que 28% des musulmans sont pour «l'application de la charia (la loi religieuse musulmane, qui n'est pas codifiée)» est fausse.

    Il n'y a pas non plus «29% d'une communauté qui se trouve tentée par la charia», comme l'affirme Nicolas Sarkozy sur Europe 1.

    De la même façon, il n'y a pas 28% de musulmans qui sont favorables à la polygamie, mais 75% de musulmans qui trouvent «normal que la polygamie soit interdite en France».

    Dans son blog, Alain Juppé avance le même chiffre erroné de 28% de musulmans qui «approuvent la polygamie». Jean-François Copé affirme aussi que «28% des musulmans rejettent en bloc nos valeurs en défendant notamment le port du voile intégral et la polygamie».

    Par ailleurs, certains politiques qui commentent les chiffres de l'Institut Montaigne ont tendance à oublier l'estimation de l'Institut, selon laquelle il y a entre 3 et 4 millions de musulmans en France.

    Le sondage en lui-même ne fait pas l'unanimité dans sa méthodologie. Dans une tribune au Monde, Patrick Simon, un socio-démographe directeur de recherche à l'INED, critique «la formulation équivoque des questions posées» par l'IFOP.

    «Les questions qui sont évoquées se montrent très hétérogènes. Leur formulation ambiguë conduit à différentes interprétations. Ainsi, on demande : "En France, la laïcité permet-elle de pratiquer librement sa religion?" et si l’on répond non ou plutôt non, les auteurs avancent que l’on "conteste la laïcité"», explique notamment le socio-démographe.

    Des questions ambiguës + des chiffres partiellement dévoilés + des politiques = beaucoup d'embrouilles.