Seulement, les résultats de cette enquête sont bien souvent déformés. Ainsi, cette affirmation selon laquelle le sondage indique que 28% des musulmans sont pour «l'application de la charia (la loi religieuse musulmane, qui n'est pas codifiée)» est fausse.
Il n'y a pas non plus «29% d'une communauté qui se trouve tentée par la charia», comme l'affirme Nicolas Sarkozy sur Europe 1.
De la même façon, il n'y a pas 28% de musulmans qui sont favorables à la polygamie, mais 75% de musulmans qui trouvent «normal que la polygamie soit interdite en France».
Par ailleurs, certains politiques qui commentent les chiffres de l'Institut Montaigne ont tendance à oublier l'estimation de l'Institut, selon laquelle il y a entre 3 et 4 millions de musulmans en France.
Le sondage en lui-même ne fait pas l'unanimité dans sa méthodologie. Dans une tribune au Monde, Patrick Simon, un socio-démographe directeur de recherche à l'INED, critique «la formulation équivoque des questions posées» par l'IFOP.
«Les questions qui sont évoquées se montrent très hétérogènes. Leur formulation ambiguë conduit à différentes interprétations. Ainsi, on demande : "En France, la laïcité permet-elle de pratiquer librement sa religion?" et si l’on répond non ou plutôt non, les auteurs avancent que l’on "conteste la laïcité"», explique notamment le socio-démographe.
Des questions ambiguës + des chiffres partiellement dévoilés + des politiques = beaucoup d'embrouilles.