Mercredi, 26 auteurs, y compris Joyce Carol Oates et Junot Díaz, ont signé une pétition critiquant la remise de prix. Dans leur lettre, les écrivains affirment que Charlie Hebdo se moque d'une «partie de la population française déjà marginalisée, assiégée et persécutée.»
Le PEN American Center, une organization qui défend la liberté d'expression dans la litérature, a décidé de remettre son prix Toni et James C. Goodale du courage dans la liberté d'expression à Charlie Hebdo.
«Dans toute société libre, c'est le rôle des satiristes que de défier le pouvoir et le sacré, de repousser les limites pour rendre l'expression plus libre et robuste pour nous tous», peut-on lire sur le site de l'organisation. «En payant le prix ultime pour l'exercice de leur liberté, en persévérant envers et contre tout, Charlie Hebdo mérite d'être salué pour sa détermination face à l'une des attaques contre la liberté d'expression les plus nocives dans l'histoire de ces dernières années.»
Mais la décision de PEN n'a pas plu à tout le monde et six auteurs qui devaient participer au gala se sont retirés en protestation. Ils sont:
Peter Carey, écrivain australien qui a reçu deux fois le prestigieux Booker Prize.
Michael Ondaatje, l'auteur canadien du Patient Anglais, lui aussi primé deux fois par le Booker Prize.
Francine Prose, une écrivain américaine.
Teju Cole, un écrivain nigérian-américain.
Rachel Kushner, une écrivain américaine.
Taiye Selasi, une photographe et écrivain britannique.
Les six auteurs ont expliqué que leur opposition était due à la façon dont Charlie Hebdo dépeint selon eux la communauté musulmane.
Selon le New York Times, Rachel Kushner a expliqué qu'elle se retirait car «l'intolérance religieuse» de l'hebdomadaire et sa promotion «d'une vision forcée de la laïcité» la mettaient mal à l'aise.
L'écrivain australien Peter Carey a quant à lui affirmé dans un email au New York Times:
«Tout cela est rendu compliqué par l'aveuglement apparent de PEN face à l'arrogance culturelle de la nation française, qui ne reconnait pas sa responsabilité morale face à une portion marginalisée de sa population.»
Salman Rushie, ancien président de PEN qui a lui aussi reçu le prix, a vivement critiqué les six auteurs:
«C'est une question très claire», a-t-il écrit. «Les artistes de Charlie Hebdo ont été exécutés de sang-froid pour avoir dessiné des dessins satiriques, ce qui est une activité parfaitement légitime. Il est tout à fait normal que PEN honore leur sacrifice et condamne leur assassinat sans avoir à faire à ces "mais" révoltants.»
Le débat s'est vite emparé de Twitter où Salman Rushdie est allé encore plus loin dans ses critiques:
PEN a publié un communiqué pour répondre aux critiques des auteurs, affirmant que remettre un prix à l'hebdomadaire ne revient pas à promouvoir le contenu de leurs dessins, mais bien le principe de liberté d'expression.
Nous ne pensons pas devoir être d'accord avec le contenu des dessins de Charlie Hebdo pour affirmer l'importance de la satire, ou pour applaudir le courage de l'équipe qui a défendu ces valeurs face aux menaces de mort.