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    Ces deux Suédois ont attrapé l'agresseur sexuel de Stanford

    Les deux hommes ont plaqué Brock Turner et l'ont neutralisé jusqu'à ce que la police arrive. La victime de Turner les a qualifiés de héros.

    Carl-Fredrik Arndt et Peter Jonsson, les deux étudiants suédois en thèse qui ont trouvé Brock Turner en train de violer une femme inconsciente derrière une benne à ordures à Stanford, ont dit qu'ils ont vu immédiatement que quelque chose clochait.

    Il y a presque un an et demi, Carl-Fredrik Arndt et Peter Jonsson se rendaient en vélo à une fête sur le campus de Stanford quand ils ont vu Brock Turner, un homme d'une vingtaine d'années, à califourchon sur sa victime derrière une benne à ordures. Ils ont réussi à arrêter Turner dans sa fuite et ils ont appelé la police.

    Les deux hommes étaient des témoins clés dans l'affaire contre Turner, qui a finalement été reconnu coupable de trois chefs d'agression sexuelle et a été condamné par le juge Aaron Persky à six mois dans la prison du comté, dont trois mois de sursis en cas de bonne conduite. Le juge a dit qu'une peine plus longue en prison aurait un «impact sévère» sur l'athlète de Stanford.

    Depuis la publication vendredi de la lettre de la victime —suivie de celles du père de Turner et de son ami qui prennent sa défense— des gens du monde entier, y compris des personnalités publiques et des célébrités, se sont exprimés en soutien à la victime et en exprimant leur indignation contre la courte peine infligée à Turner.

    Dans la lettre, elle décrit les deux étudiants —qu'elle n'a toujours pas rencontrés— comme de «véritables héros».

    Mardi, Carl-Fredrik Arndt a décrit la nuit de l'agression au journal suédois Expressen, en disant qu'ils avaient lu la lettre et qu'ils avaient été très émus. (Carl-Fredrik Arndt n'a pas répondu immédiatement à la demande d'interview de BuzzFeed News et Peter Jonsson a refusé, en disant qu'il ne parlait pas actuellement à la presse.)

    Alors que Carl-Fredrik Arndt et Peter Jonsson s'approchaient de la benne à ordures où Turner attaquait sa victime, ils ont dit qu'ils ont vu immédiatement que quelque chose clochait.

    «Nous avons vu qu'elle ne bougeait pas, alors qu'il bougeait beaucoup», a dit Carl-Fredrik Arndt en suédois. «Nous nous sommes donc arrêtés et nous avons pensé: "C'est louche".»

    Les deux étudiants ont rapidement décidé d'aborder Turner pour voir ce qui se passait. Peter Jonsson s'est approché de lui en premier, dit Carl-Fredrik Arndt, et lui en second.

    «Quand il s'est relevé, nous avons vu qu'elle ne bougeait toujours pas, donc nous nous sommes avancés et nous avons dit quelque chose comme, "Vous faites quoi?"»

    Dans la lettre écrite par la victime, elle décrit des images qu'elle a eues d'elle-même derrière cette benne à ordures:

    «Évanouie, les cheveux emmêlés, long collier enroulé autour du cou, soutien-gorge sorti de ma robe, robe poussée au-dessus de mes épaules et de ma taille, [...] nue jusqu’à mes bottes, les jambes écartées», écrit-elle. Elle avait des aiguilles de pin et des débris dans ses cheveux et à l'intérieur de son vagin.

    Les amis échangent quelques mots avec Turner quand il se retourne brusquement et s'enfuit en courant. Peter Jonsson a alors pris Turner en chasse et a réussi à le rattraper et l'immobiliser quelques mètres plus loin.

    Carl-Fredrik Arndt s'est penché pour s'assurer que la victime inconsciente était encore en vie. «Elle était totalement immobile», dit-il.

    Les deux hommes ont ensuite neutralisé Turner et ont appelé la police. Ils ont immobilisé le nageur qui avait à l'époque 19 ans jusqu'à ce que la police arrive. Les hommes ont fait leurs dépositions à la police et ont témoigné dans le procès, mais ils ne se sont jamais retrouvés face à la victime de Turner.

    Dans sa lettre, la victime dit qu'on lui avait dit que l'un des deux hommes pleurait tant il était bouleversé par l'état dans laquelle elle se trouvait. Elle dit aussi qu'elle sera éternellement reconnaissante à Carl-Fredrik Arndt et Peter Jonsson pour ce qu'ils ont fait.

    «Mais surtout, merci aux deux hommes qui m’ont sauvée, que je n’ai toujours pas rencontrés», écrit-elle. «Je dors avec deux dessins de vélos que j’ai faits, scotchés au-dessus de mon lit, pour me rappeler qu’il y a des héros dans cette histoire. Que nous nous préoccupons les uns des autres. Avoir connu tous ces gens, avoir senti leur protection et leur amour, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais.»

    Carl-Fredrik Arndt était assistant professeur à Stanford en mathématiques et en ingénierie tout en étudiant pour son diplôme. Il a également travaillé à J.P. Morgan. Peter Jonsson a obtenu un master de Stanford en sciences et ingénierie du management en mai. Auparavant, il avait fréquenté l'université d'Uppsala en Suède en sciences économiques.

    Peter Jonsson a publié mardi la lettre de la victime sur sa page Facebook en remerciant ses amis et tous ces inconnus qui l'ont «encouragé et soutenu» au cours des derniers mois. Il a dit qu'il ne commenterait pas publiquement le déroulement et le résultat du procès, mais il a demandé à chacun de lire la lettre.

    «Pour moi, elle est exceptionnelle dans sa forme, écrit-il, et elle réussit, pour autant qu'il est possible de réussir, à mettre des mots sur une expérience que les mots ne peuvent pas décrire».