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    Baptiste, symbole de «Nuit Debout»: «Je suis encore plus déterminé à me mobiliser»

    Libéré jeudi après deux jours de garde à vue, l’étudiant de Paris 8 dit à BuzzFeed qu’il compte revenir manifester dans les rues de Paris.

    C'était l'un des combats de «Nuit Debout», ce mouvement présent tous les soirs place de République à Paris depuis 14 jours: «libérer Baptiste».

    Cet étudiant en science politique de 19 ans, dreadlocks blondes, a été violemment interpellé mardi en marge d'une manifestation sauvage vers la gare Saint-Lazare pour défendre les cheminots. Son arrestation près de l'Opéra Garnier, filmée en direct sur Periscope, avait ému les autres membres de la manifestation et ses camarades de l'université Paris 8.

    Rapidement, l'information s'est propagée place de la République et quelques centaines de militants ont décidé mardi soir, de se rendre vers minuit devant le commissariat du 2e arrondissement pour exiger la libération de leur camarade.

    #nuitdebout le cortège fait face aux CRS

    À l’issue du défilé, quatre personnes ont été arrêtées pour «dégradations volontaires en réunion» sur un chantier situé en face du poste de police, avant d'être relâchées le lendemain.

    «Nous avons le devoir de soutenir nos étudiants»

    Au tribunal ce jeudi soir, des étudiants et une dizaine de professeurs de Paris 8 sont venus soutenir Baptiste, jugé en comparution immédiate. «Ce sont nos étudiants, on leur fait confiance. Baptiste ne fait qu'exercer son droit politique, nous avons le devoir de le soutenir», estime l'universitaire Éric Fassin qui félicite ce mouvement «bien mieux organisé que les profs».

    Le parquet précise auprès de BuzzFeed News que le jeune homme est poursuivi pour avoir frappé un policier et parce qu'il était «porteur d'une arme». Me Vejnar, l'avocat de Baptiste, nuance immédiatement:

    «Il était porteur d'un couteau suisse avec une lame de moins de 5cm et il est accusé d'avoir donné deux coups à un policier qui a eu deux jours d'ITT. Mais Baptiste a également eu un jour d'ITT après avoir reçu des coups de matraque.»

    Soutien du maire de Saint-Denis au tribunal

    Devant le tribunal, le nuitdeboutiste demande le renvoi de son procès «pour pouvoir le préparer». Après avoir passé deux jours en garde à vue, il demande aussi -et le procureur avec- à être libéré.

    Avant la délibération, son avocat lit une lettre rédigée par le maire PCF de Saint-Denis (93), Didier Paillard, qui souligne l'implication de Baptiste dans le milieu associatif local.

    Vers 20h, le juge accepte de reporter l'audience au 26 mai et de libérer Baptiste. Ambre, l'une de ses camarades et membre de la «legal team» de Paris 8 se réjouit de cette décision, même si ce n'est que de courte durée:

    «On va aller le retrouver, mais demain on va déjà soutenir un autre camarade. Un étudiant en L3 de cinéma à Paris 8 a été interpellé aujourd'hui.»

    On est avec #Baptiste, mais je ne vous fait pas de photo car il a besoin d'une douche. 😂 #Paris8

    «Je n’avais pas imaginé toute cette mobilisation»

    Contacté vendredi après-midi par BuzzFeed News, Baptiste dit avoir été étonné de voir que sa garde à vue avait provoqué une telle mobilisation. «Je n'avais pas imaginé toute cette mobilisation, je pensais que ça ne concernerait que mes amis restreints de la fac. J'étais aussi étonné d'apprendre la lettre du maire de Saint-Denis comme le soutien des professeurs, c'est énorme» dit-il.

    Mais ses heures passées en garde à vue ont été une épreuve psychologique pour lui. Il réfléchit avec son avocat à mener une action judiciaire dans le futur. «J'ai de quoi porter plainte, après il faudra voir ça avec mon avocat, mais en attendant je suis sûr qu'on pourra plaider le vice de procédure», explique l'étudiant.

    Prochainement, il compte regagner les rues de Paris mais pas les manifestations «sauvages», «ma tête est assez facile à repérer en ce moment», plaisante-t-il. «Mais je compte me mobiliser le plus possible au sein de mon université, et au final je suis encore plus déterminé à me mobiliser contre la loi Travail aujourd'hui», assure Baptiste. D'autant qu'il est persuadé qu'il y a «une vraie prise de conscience par rapport à la répression policière, par rapport à l'injustice que cela représente, et au fait qu'il ne faut pas se laisser faire.»

    MISE À JOUR

    Nous avons ajouté les citations de Baptiste que nous avons eu au téléphone vendredi après-midi.