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    Ce réfugié pris pour un terroriste en Allemagne poursuit Facebook en justice

    Anas Modamani est régulièrement accusé à tort par des militants d'extrême droite d'être un terroriste. Il veut obtenir une injonction qui obligerait le réseau social à retirer ces fausses informations.

    Anas Modamani est un réfugié syrien résidant en Allemagne, dont la photo avec la chancelière Angela Merkel est devenue virale. Il est maintenant en train de poursuivre Facebook devant les tribunaux parce qu'il a été accusé de terrorisme dans des publications sur le réseau social.

    Il a déposé une demande d'injonction qui obligerait Facebook à retirer tout contenu hébergé sur sa plateforme qui lierait le jeune homme au terrorisme. Si la demande est accordée, elle imposerait également une amende de 250.000 euros chaque fois que Facebook ne réussit pas à éviter que ces fausses allégations sur Anas Modamani ne se répandent. Une audience est prévue début février.

    «[Anas Modamani] ne veut plus être victime de diffamations incessantes, a déclaré son avocat, Chan-jo Jun, à BuzzFeed News. Il a peur de se promener dans la rue et de se faire prendre pour un terroriste ou pour quelqu'un qui aurait tenté de commettre un assassinat.»

    Chan-jo Jun a ajouté que sur Facebook, de nouveaux contenus qui accusent Anas Modamani d'être un terroriste, ou qui le lient à des actes violents en Allemagne, sont publiés. Dans une vidéo sur Facebook à propos de l'action en justice, il a évoqué un mème récent sur Facebook qui accuse Anas Modamani d'avoir participé à une attaque sur un SDF à Berlin, et d'un autre qui le lie à l'attaque d'un marché de Noël à Berlin.

    «Facebook offre un terrain fertile pour diffuser des fausses infos illégales et pour encourager leur propagation», a commenté l'avocat à BuzzFeed News.

    «Nous n'arrêtons pas d'alerter sur de nouveaux cas et nous recevons comme réponse que [le contenu] "ne viole pas les standards de la communauté"», note Chan-Jo Jun, remarquant que dans certains cas, l'entreprise a retiré le contenu uniquement pour les utilisateurs allemands. Il a décrit cette pratique comme étant «insuffisante», et a dit qu'il y avait toujours des centaines de posts sur Facebook qui incriminaient Anas Modamani.

    L'Allemagne a des lois très strictes contre l'incitation à la haine, mais Chan-jo Jun affirme que Facebook ne les applique pas correctement.

    «Facebook rencontre de grosses difficultés à se mettre en conformité avec les lois allemandes, a-t-il affirmé dans une vidéo. La diffamation et les insultes sont interdites par la loi en Allemagne, mais ne sont pas interdites par les standards de la communauté [de Facebook]. Cette action montrera si l'on peut faire appliquer les lois allemandes ou si –comme le défendent les hommes politiques– des changements dans les lois allemandes sont nécessaires pour que Facebook change son comportement.»

    Dans un communiqué, Facebook a dit à la BBC qu'ils avaient rapidement retiré une image offensante à la demande de l'avocat, et qu'ils ne pensaient pas «qu'il y avait un quelconque fondement à la demande d'injonction».

    Anas Modamani est arrivé en Allemagne en septembre 2015 après avoir fui la Syrie. Le même mois, Angela Merkel s'est rendue au centre d'hébergement à Berlin où il avait été accueilli. Il a réussi à prendre un selfie avec elle et très rapidement sa photo –et de nombreuses photos de presse de lui en train de prendre le selfie– se sont propagées en Allemagne et au-delà.

    Depuis, Anas Modamani est devenu une cible de fausses accusations de terrorisme. Quand des bombes ont explosé dans l'aéroport de Bruxelles au mois de mars, sa photo a commencé à circuler, certains affirmant qu'il faisait partie des attaquants. La même chose s'est produite de nouveau en juillet, quand un réfugié syrien s'est fait exploser près d'un bar à vins à Ansbach, en Allemagne.

    «Je ne pouvais plus le supporter encore une fois, donc on a décidé [avec ma famille d'accueil] de prendre un avocat», a dit Anas Modamani à la BBC.

    Chan-jo Jun, son avocat, a ajouté que l'affaire démontrera que «Facebook ne se pliera aux lois nationales que sous une très forte pression.»

    Ce post a été traduit de l'anglais.