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    Voici à quoi ressemble le sexe après avoir vécu une agression sexuelle

    «Il ne m'a pas pris mon corps ni mon consentement. Ils m'appartiennent encore. Je suis encore en vie.»

    Nous avons récemment demandé à des membres de la Communauté BuzzFeed de nous confier dans quelle mesure une agression sexuelle qu'ils ont subie a eu un impact sur leur vie sexuelle, et quels conseils ils pourraient donner aux personnes qui sont aussi dans cette situation.

    Remarque: certains des témoignages suivants contiennent des descriptions très explicites de leur agression, et font mention d'automutilation et de suicide. D'autres se sentent coupables, si c'est votre cas, sachez que ce n'était pas de votre faute.

    Les conseils dispensés ici n'ont pas vocation à se substituer à l'aide de professionnels. Vous pouvez vous adresser à quelqu'un en appelant gratuitement
    le 0 800 05 95 95, SOS Viols Femmes Informations –qui est également à l'écoute des hommes victimes de violences sexuelles–, ou le 39 19, la Fédération nationale solidarité femmes. Vous pouvez également trouver d'autre ressources ici.

    Et, surtout, nous vous croyons.

    1. «Votre corps est à vous et il est beau, et vous pouvez le sentir vôtre à nouveau. Vous n'avez rien fait de mal.»

    2. «Je n'aime même pas les câlins de ma famille ni de mes amis.»

    «J'ai été agressée sexuellement à l'âge de 13 ans par l'un de mes camarades de classe qui était aussi un bon ami à moi. Depuis, j'ai toujours été mal à l'aise lors de conversations sur le sexe ou tout ce qui s'y rapporte. J'ai réussi à repousser tout le monde et il m'est devenu très inconfortable de parler de moi, parce que cette personne a suscité un si profond dégoût de moi-même.

    Ça fait six ans mais cela continue de m'affecter chaque jour de ma vie. C'est pratiquement impossible pour moi d'avoir un contact avec qui que ce soit. Je n'apprécie même pas les câlins de ma famille ni de mes amis. J'en garde des séquelles, mais depuis peu j'apprends à dépasser ça et à faire en sorte que ça ne me déchire plus autant que par le passé.»

    —Cameron

    3. «Je ressens le besoin de m'éloigner des trucs typiquement romantiques (se tenir la main, s'embrasser, se toucher) quand mon trouble de stress post-traumatique devient particulièrement aigu.»

    4. «Je n'arrive toujours pas à être pénétré à cause de cette expérience.»

    «J'ai été agressé sexuellement en 2013 par un type que j'avais rencontré par hasard chez [le fast food NDLR] Wendy's. J'y étais en tant que client et lui en tant qu'employé. Je venais d'emménager dans mon propre appartement et j'étais excitée à l'idée de pouvoir y inviter des gens. Je lui ai donné mon numéro et quelques jours plus tard il m'a contactée en me demandant si on pouvait se faire un plan "Netflix and chill" pour mieux se connaître. Je lui ai naïvement répondu oui.

    Il m'a obligée à être passif, ce qui m'a mis mal à l'aise. Je lui ai demandé de se retirer et d'arrêter, mais il est allé jusqu'au bout. Puis il m'a dit qu'il fallait qu'il aille quelque part. Il m'a pris mon téléphone, aussi. J'ai fini par aller jusque chez mon ex et puis à l'hôpital cette nuit-là. J'ai été examiné quand j'ai pris conscience de ce qui m'était arrivé. J'avais peur et j'étais en colère pendant les mois qui ont suivi. Par chance, je lui ai fait utiliser un préservatif et je n'ai pas de MST. Mais je ne peux toujours pas être passif à cause de cette expérience.»

    —S.C.

    5. «À chaque fois je reste allongée après coup à me demander si c'était la bonne chose à faire et à cogiter sur mes motivations, si c'est ce que je voulais vraiment ou si je l'ai juste fait pour faire plaisir à l'autre.»

    6. «Refusez de vous excuser à propos de votre sexualité, et reconquérez-la peu à peu.»

    «J'ai subi des abus sexuels à l'âge de sept ans et cela m'a forcée à découvrir ma libido des années avant que ce soit normalement le cas. Je me masturbais et avais des orgasmes sans savoir de quoi il s'agissait et j'ai toujours pensé que j'avais une maladie physique. Le collège est passé par là et j'ai fini par découvrir ce que ces deux choses étaient, mais à ce moment-là j'avais déjà développé un sentiment de culpabilité intense par rapport à ma sexualité.

    J'ai fait une première tentative de suicide, et ma seconde avait déjà eu lieu depuis un bout de temps quand ma mère a vu les entailles. On m'a envoyée suivre une thérapie et j'ai le souvenir net d'avoir dit aux psys que je ne leur dirais rien de force. Et c'est ce qui m'a permis de retrouver le contrôle. C'était pas grand chose, mais j'ai commencé à apprendre à dire non à ce que je ne voulais pas ou à ce avec quoi je n'étais pas d'accord.

    L'autre moyen que j'ai employé pour me sentir mieux a été la masturbation. Ce qui avait jadis été une pulsion instinctive qui me donnait le sentiment d'être répugnante est devenu quelque chose qui me donnait un sentiment de puissance. Je pouvais me procurer ce bien-être sans personne ne puisse m'ôter le contrôle de moi-même. C'était mon corps à moi, je pouvais le toucher, et personne d'autre n'avait ce privilège à moins que je ne l'y autorise. J'ai lu des fan fictions qui déclenchaient mes peurs jusqu'à ce qu'elle décline peu à peu. Je me suis imposée une sorte de thérapie par exposition, si vous voulez.

    Mon conseil aux survivant-e-s est de faire tout ce qui peut vous redonner un sentiment de puissance. Faites les choses que vous aimez, qu'importe qu'elles soient idiotes ou triviales, simplement parce qu'elles vous font du bien. Refusez de vous excuser à propos de votre sexualité, et reconquérez-la peu à peu. Regardez votre corps et pensez aux choses incroyables qu'il fait pour vous. Autorisez-vous à ressentir la honte et la solitude et l'isolement. Et puis construisez doucement votre échelle pour sortir hors de ce trou. Vous pouvez parfois y retomber, et ce n'est pas grave. Mais vous rappeler sans arrêt que vous vous aimez est la chose la plus importante. Parce que personne ne peut vous enlever ça.»

    —Anonyme

    7. «Vous vous inquiétez constamment de savoir si votre partenaire va respecter votre décision si vous décidez d'arrêter en plein milieu, ou si vous risquez de fondre en larme en cours de route.»

    8. «Je ne suis une thérapie que depuis cinq mois, mais cela a changé ma vie.»

    «J'ai été agressée par celui qui a été mon beau-père pendant cinq ans —un homme qui m'a élevée à l'adolescence et que je considérais vraiment comme une figure paternelle. L'impact qu'a eu cet événement sur ma vie a été énorme. Je me sentais répugnante. J'ai fait une dépression et j'avais des angoisses. Pour surmonter ma situation, je me suis mise à boire et me suis exposée à des "conduites à risque". En recherchant l'attention de n'importe qui, j'essayais simplement de reprendre le contrôle de ma sexualité et de ce qu'il m'avait retiré. Cela a mis fin à la relation que j'entretenais depuis quatre ans.

    Il a fallu que je vive deux ans en me comportant de cette façon avant de finalement me rendre compte que j'avais un problème. Je me suis dit que ça allait, que j'étais solide et que c'était pire pour les autres victimes de viol et d'agressions sexuelles. Je ne m'étais jamais considérée comme une rescapée ou une victime avant de commencer une thérapie après trois semaines de fête et de beuverie.

    Je ne suis une thérapie que depuis cinq mois, mais cela a changé ma vie. Je souris maintenant. Je me dis que lorsque des hommes veulent discuter ou être gentils avec moi, peut-être qu'ils ne cherchent pas à me faire du mal. Il se peut qu'ils soient réellement gentils. Je suis amoureuse pour la première fois depuis deux ans. J'ai permis à quelqu'un d'entrer dans ma vie sans le rejeter. Je travaille encore à trouver le courage de l'annoncer à ma mère et à ma famille, mais je sais maintenant qu'il s'agit de mon histoire et que je peux la dire selon mes conditions, au moment où je le déciderai et comme il me plaira. Le processus de guérison n'est pas terminé, mais, pour la première fois, je vois la lumière au bout du tunnel et je sais qu'à un moment ou à un autre, cet événement ne déterminera plus mon existence. Ce ne sera guère qu'un point sur une carte.»

    —Anonyme

    9. «Le simple fait de raconter cette histoire m'aide à reprendre possession de moi-même en tant qu'homme et à aller vers l'homme que je veux être un jour.»

    10. «Mon agression sexuelle a affecté ma vie sexuelle telle un feu qui se consume tout doucement.»

    «Mon agression sexuelle a affecté ma vie sexuelle telle un feu qui se consume tout doucement. Immédiatement après que ce se soit produit, je me sentais OK. À l'âge de 19 ans, j'ai commencé à sortir avec le garçon qui a été mon petit ami pendant longtemps et on faisait constamment l'amour. J'étais très à l'aise avec ma sexualité. Mais à peu près un an après, je me suis mise à être bloquée en plein milieu des relations sexuelles que nous avions. C'était comme si mon vagin s'asséchait tout d'un coup. Je me suis mise à avoir le sentiment qu'il n'y avait plus de donnant-donnant quand nous faisions l'amour, c'était à sens unique, tout était centré sur ses besoins. J'avais l'impression d'être utilisée quand on faisait l'amour; j'avais l'impression de céder à une réalité que je ne voulais absolument pas. Je me suis mise à m'éloigner de lui et, pire encore, je continuais à accepter de faire l'amour avec lui même si j'avais une impression de viol répété, tout ça parce que j'avais le sentiment de lui faire une faveur.

    Il m'a toujours dit qu'il ne voudrait faire l'amour avec moi que si j'en avait aussi envie. C'était et c'est toujours un homme extraordinaire, mais je ne pouvais plus accepter cette intimité forcée. J'ai récemment rompu avec lui après deux ans et demi, et la culpabilité qui me consume est parfois trop difficile à supporter. Je ne sais pas si je parviendrai à nouveau un jour à avoir des relations sexuelles consensuelles.

    Enfin, je pense que tout témoignage sur une agression sexuelle est légitime, quel que soit le degré de violence ou le traumatisme qui en découle. Le témoignage de chaque femme est important.»

    —Amber

    11. «Je me suis retrouvée en état de dysfonction sexuelle suite à mon agression, mais j'ai rencontré quelqu'un de patient et d'attentionné qui m'a toujours demandé ma permission et a respecté mes limites.»

    12. «Je n'ai jamais été vraiment capable de détendre mon corps pendant une relation sexuelle.»

    «Pendant ma première année à l'université, j'étais dans une relation stable. Elle avait bien commencé, comme c'est généralement le cas, mais elle a peu à peu évolué, puis s'est rapidement dégradée en une relation basée sur la maltraitance. C'était essentiellement des violences d'ordre émotionnel, mais des éléments de violence sexuelle et physique ont commencé à surgir. Il a cessé de m'écouter quand je lui disais que je ne voulais pas, ou se mettait dans des rages terribles parce que "je n'étais pas comme ça avant", et au bout du compte j'ai juste appris à me taire et à me laisser faire. J'ai fini par rassembler assez de courage pour partir, et mes merveilleux amis ont su me soutenir en me mettant en sécurité et en prenant soin de moi au cours des mois qui ont suivi.

    Je me sens mieux à présent, grâce à la thérapie, à la distance et à mes amis, mais l'intimité physique et sexuelle n'a plus jamais été la même pour moi. Avec chacun de mes partenaires potentiels, je dois passer en revue une liste interminable de trucs qui sont susceptibles d'arriver. Que faire s'ils font quelque chose accidentellement, si j'ai une crise de panique, dans quelle mesure ils n'y sont pour rien. Je ne me suis juste pas encore totalement remise de ce traumatisme.

    Je me sens toujours tellement coupable. Je dois dire que mes partenaires ont tendance à me traiter comme quelque chose d'incroyablement fragile. Je n'ai jamais été vraiment capable de détendre mon corps pendant une relation sexuelle. J'ai aussi tendance à faire franchir bien plus d'obstacles aux gens qu'avant, et passe rarement la nuit avec quelqu'un à moins que je ne puisse lui accorder ma totale confiance, parce que je n'ai plus confiance en ma capacité à me protéger.»

    —Anonyme

    13. «Il y a quelques années, j'ai commencé les spectacles érotiques. J'ai repris possession de mon corps dans un rapport sain à ma sexualité, et je n'ai jamais été plus heureux.»

    14. «J'ai eu un flashback sorti de nulle part et j'ai été submergée par un flot d'émotions avant de fondre en larmes.»

    «Quand j'avais 17 ans, mon petit ami de l'époque (qui est bien sûr aujourd'hui mon ex) m'a agressée sexuellement. Nous étions ensemble au lit, je m'étais assoupie et je me suis réveillée en sentant ses mains dans mon pantalon. Sur le moment, je suis restée pétrifiée et je ne savais pas quoi faire. J'avais toujours imaginé que je serais la sorte de fille capable de faire face à cette situation, mais on ne sait jamais comment on réagit quand ça se produit.

    Maintenant, deux ans se sont écoulés, j'ai ramené récemment un type chez moi après une soirée où j'étais sortie. Nous n'avons pas vraiment couché ensemble, mais alors que nous étions au lit ensemble, nous nous sommes retrouvés sans le vouloir dans la même position que cette nuit où mon ex m'avait agressée sexuellement. J'ai eu un flashback sorti de nulle part et j'ai été submergée par un flot d'émotions avant de finir par fondre en larmes. J'ai dû mettre ce type dehors et j'ai appelé une amie qui a passé un long moment à me calmer et à me réconforter. Je ne pense plus à mon ex depuis longtemps, mais cela montre juste que des choses comme ça peuvent toujours avoir un impact sur vous, même des années après.»

    —Anonyme

    15. «Le fait d'être avec elle m'a aidée à me remettre de l'agression d'une façon que je n'ai connue avec aucun médicament ni aucune psychothérapie.»

    16. «Je peux communiquer avec mon partenaire maintenant. Lorsque le traumatisme refait surface quand je fais l'amour, je l'exprime.»

    «Mon père est pédophile. Quand j'avais 13 ans, j'ai découvert sa cachette de porno pédophile. J'ai tout regardé en sanglotant. Mes parents ont divorcé peu de temps après.

    J'ai évité toute relation sexuelle jusqu'à mes 18 ans où une femme rencontrée à une soirée m'a violée. J'ai eu un épisode de dissociation jusqu'à ce qu'elle ait fini. Puis je suis sortie avec elle pendant un an. Je pensais que c'était ça, le sexe. La douleur, la contrainte, l'agression, le vide.

    J'ai commencé une psychothérapie à l'âge de 24 ans quand j'ai commencé à avoir des crises de panique au quotidien. Après deux ans de sessions hebdomadaires (merci au système de santé canadien), j'ai réussi à renouer avec ma sexualité et à éprouver de la colère mais aussi de l'indulgence vis-à-vis de mon passé. Je peux communiquer avec ma partenaire maintenant. Quand le traumatisme refait surface pendant une relation, je l'exprime. Ça marche. J'ai réappris à aimer baiser. Je suis si reconnaissante.»

    —Juliet

    17. «Je me suis aussi mise à pratiquer le yoga régulièrement.»

    18. «Il ne m'a pas enlevé mon corps ni mon consentement. Je les ai toujours. Je suis toujours vivante.»

    «J'ai bientôt 19 ans. Je suis une femme non-binaire et pansexuelle. J'ai été agressée sexuellement par mon ex-petit ami, qui m'a ensuite agressée trois fois de plus après cela. Une des agressions a eu lieu le jour de mon dix-septième anniversaire. Chaque année lors de mon anniversaire, je suis trop déprimée pour faire la fête parce que mon corps a été violé ce jour-là. Ce garçon dégoûtant m'a retiré le droit que j'ai en tant qu'être humain d'accorder mon consentement vis-à-vis de mon propre corps.

    Lorsque la relation a pris fin, j'ai repris une relation avec un autre ex. Je me sentais souillée et j'avais l'impression qu'il se souillerait en me touchant. Impossible de faire l'amour pendant des mois et des mois. Et même quand nous l'avons fait, il y avait des gestes qu'il ne pouvait pas faire sur moi ou alors je me mettais à pleurer. J'ai essayé de prendre des douches pour enlever la sensation des mains de mon assaillant sur moi. Quand ça ne marchait pas, j'ai essayé de me faire du mal. De me couper, de me brûler, de me cogner, de faire n'importe quoi pour me détourner de ce qu'il m'avait fait. J'ai porté plainte et rien n'a été fait. J'avais l'impression que je ne valais rien. Je ne suis même pas parvenue à obtenir justice pour moi-même. J'ai développé une addiction à des médicaments sur ordonnance pour essayer d'atténuer ce que je ressentais.

    Il m'a fallu passer d'innombrables nuits à avaler des pilules, à m'entailler la peau et à pleurer avant de me rendre compte que ce n'était pas du tout ma faute. J'étais dans une situation que je ne pouvais pas contrôler. Mon corps est toujours à moi. Il ne m'a pas enlevé mon corps ni mon consentement. Je les ai encore. Je suis toujours vivante.

    À toute personne qui a été victime d'agression sexuelle: Je vous crois. Ce n'était pas de votre faute. Avec le temps, vous prendrez conscience de cela. Avec le temps, vous vous en sortirez plus forte encore qu'avant. Il se peut que vous ne soyez jamais capable d'oublier ou de vous en remettre à 100%, mais vous pouvez et vous allez traverser cette épreuve. Je crois en vous.»

    —Tyler

    19. «Ce n'est pas comme avoir envie de gâteau quand on est au régime, c'est plutôt comme se rendre compte qu'on n'aime plus les gâteaux.»

    20. «Le mieux que vous puissiez faire pour vous-même est de demander de l'aide et de vous battre contre cette petite voix dans votre tête.»

    «Après une relation émotionnellement maltraitante et manipulatrice de deux ans qui a abouti à de nombreuses agressions sexuelles lorsque j'étais à la fac, je me suis sentie brisée. Je n'avais aucune pulsion sexuelle ni estime de moi, et j'étais absolument terrifiée à l'idée de faire à nouveau l'amour. Chacune des relations qui ont suivi a été courte parce que j'étais incapable d'encaisser quelque interaction physique intime que ce soit du fait de sentiments écrasants de panique, de culpabilité et de honte qui s'en seraient suivis. Je me suis carrément mise à éviter tout rapport intime.

    Ce n'est que quatre ans plus tard, lorsque j'ai rencontré un homme auquel je tenais beaucoup, que je me suis rendue compte que je ne pouvais pas juste m'insensibiliser pour contourner le problème. Son soutien et sa patience m'ont permis de voir que je méritais mieux et que je n'avais jamais vraiment affronté l'angoisse et la peur: au lieu de ça, je les avais enterrées pour éviter de les réveiller.

    J'ai finalement demandé de l'aide à la "Anxiety and Behavior Health Clinic" de ma fac. Ils ont diagnostiqué une forme atténuée de trouble de stress post-traumatique et j'ai passé huit mois en psychothérapie et appris à ne pas contourner l'angoisse mais à la confronter. Ces petits pas sont importants, mais l'élément capital pour moi a été de me rendre compte que ce qui s'était produit n'était pas de ma faute. Je n'avais aucune raison de me sentir honteuse ou coupable parce que je n'avais rien fait de mal. Un fois que j'ai eu ce déclic, il était plus facile pour moi de me reconstruire. Je voudrais que les autres victimes d'agression sexuelle sachent qu'elles ne doivent jamais contourner cette angoisse. Souvenez-vous que chaque histoire est différente et qu'il existe un large éventail de situations. Ce n'est pas parce que je n'étais pas sous la menace d'une arme que je n'ai pas été violée. Et le mieux que vous puissiez faire pour vous-même est de demander de l'aide et de vous battre contre cette petite voix dans votre tête. Et rappelez-vous que vous n'êtes absolument jamais seuls.»

    —Anonyme

    21. «La semaine dernière, j'ai été capable de prendre un copain dans mes bras sans être tendue, j'étais tellement fière de moi!»

    22. «J'étais persuadée que j'étais lesbienne alors que je suis en réalité bisexuelle, parce que la seule pensée d'avoir des rapports avec des hommes me répugnait.»

    «À l'adolescence, j'ai subi des attouchements sexuels pendant quelques années. À cause de cela, j'ai développé une crainte des hommes au point que je ne pouvais pas me laisser toucher.

    J'étais persuadée que j'étais lesbienne alors que je suis en réalité bisexuelle, parce que la seule pensée d'avoir des rapports avec des hommes me répugnait. Les hommes m'attiraient encore, j'avais juste peur d'eux. Pour dépasser ma peur, il m'a fallu laisser le temps guérir mes blessures, mais aussi en parler, trouver un homme en qui j'aie confiance et apprendre à me défendre. L'attouchement sexuel et le viol ne sont pas la même chose, mais c'est tout de même utile de parler d'attouchement sexuel.»

    —Anonyme

    23. «Commencez doucement, par exemple en envoyant des SMS ou en parlant au téléphone avec la personne qui vous plaît.»

    24. «C'est toujours moi qui prend l'initiative et je pense que c'est un moyen d'éviter qu'on me fasse à nouveau du mal.»

    «En troisième, j'ai eu un petit-ami avec lequel j'ai perdu ma virginité. Il a fini par me violer. J'étais endormie quand ça a commencé et j'ai fait semblant de rester endormie jusqu'à ce qu'il ait terminé, puis je me suis rendormie. Je n'ai jamais porté plainte et à chaque fois que je lui disais que j'allais le quitter, il menaçait de se suicider. Lors d'une dispute où nous en sommes tous les deux venus aux mains, je l'ai poussé et il a fini par mettre sa main sur ma gorge et me rejeter contre le lit. Ça faisait presque deux ans que j'étais avec lui quand nous avons rompu.

    Aujourd'hui, je me rend compte que depuis que j'ai été agressée alors que j'étais en couple, j'ai tendance à être l'instigatrice de nos rapports sexuels dans ma relation actuelle. C'est toujours moi qui prend l'initiative et je pense que c'est un moyen pour moi d'éviter qu'on me fasse à nouveau du mal, et c'est pourquoi je suis ouverte sexuellement à tout, même si je n'ai pas vraiment envie de l'être.»

    —Chloe

    25. «Aussi idiot que ça puisse paraître, j'ai beaucoup regardé New York, unité spéciale. Cette série compte tant d'épisodes que j'avais vraiment l'impression d'entendre Olivia Benson me rassurer sur chacune des inquiétudes que j'avais.»

    26. «La peur que je ressens quand je suis dans une situation d'ordre sexuelle me paralyse, mais la seule chose qui me contrarie plus que ma peur, c'est l'ignorance autour des agressions sexuelles.»

    «Quand j'avais à peu près sept ans, j'ai commencé à être agressée sexuellement par quelqu'un dont j'étais très proche et en qui j'avais pleinement confiance. Ces agressions ont duré environ un an et demi et allaient de me regarder pratiquer des actes sexuels à toutes sortes d'attouchements. Je ne savais absolument pas que ce qui m'arrivait était mal, jusqu'à ce que ma mère l'apprenne.

    Quant à l'impact sur ma vie sexuelle, je me suis souvent sentie obligée de précipiter les choses et de prendre en main des situations qui sont hors de mon champ afin d'avoir un peu de contrôle sur les personnes qui font partie de ma vie. Je suis une lesbienne de 16 ans qui marche vite dans les lieux publics et évite de croiser le regard des hommes de mon âge. J'ai parfois des accès de panique en plein câlins avec ma petite amie. Et tandis que je vois tous mes amis perdre leur virginité et vivre pleinement l'épanouissement de leur vie sexuelle, la mienne est obscurcie par la peur, les souvenirs refoulés et par ma frustration en tant que femme.

    La peur que je ressens quand je suis dans une situation d'ordre sexuelle me paralyse, mais la seule chose qui me contrarie plus que ma peur, c'est l'ignorance autour des agressions sexuelles. Mon homosexualité n'a rien à voir avec mon agression. Je suis homosexuelle parce que c'est ma putain de nature. Je n'ai pas été agressée parce que je m'habillais de manière provocante, j'ai été agressée parce que le viol n'est pas une question de sexe, c'est une question de pouvoir. Et même s'il y a des gens pour vous dire que ce que vous traversez n'est pas grand chose, je vous assure que tous vos sentiments sont légitimes même si vous ne les comprenez pas.»

    —Anonyme

    27. «Je me suis toujours demandé si mon asexualité était liée aux abus que ce type m'a fait subir quand j'avais six ans.»

    28. «Il est parfois plus simple pour moi d'avoir un orgasme lorsque j'échafaude des scénarios irréels dans ma tête avec des gens imaginaires ou des célébrités, que lorsque je me concentre sur ce que vit mon corps actuellement.»

    «Il y a quatre ans environ, je me trouvais dans une relation abusive et violente, d'un point de vue émotionnel et physique, et ça m'affecte encore aujourd'hui.

    Ça fait maintenant presque deux ans que je suis avec mon petit ami actuel (nous l'appellerons Hugh), et c'est l'homme le plus gentil, doux, compréhensif et aimant que je puisse imaginer. Malgré tout, il est parfois terriblement difficile pour moi d'avoir des rapports intimes avec lui. Aujourd'hui encore, il est parfois plus simple pour moi d'avoir un orgasme lorsque j'échafaude des scénarios irréels dans ma tête avec des gens imaginaires ou des célébrités, que lorsque je me concentre sur ce que vit mon corps actuellement avec Hugh —c'est, je crois, ce qui reste de l'époque où je pensais à autre chose (n'importe quoi) quand j'avais des relations sexuelles (souvent forcées, non désirées) avec mon ex.

    Je préfère aussi parfois le "faire moi-même" plutôt que de faire l'amour avec Hugh. Pas parce que je n'en ai pas envie avec lui, mais parce que je suis absolument certaine que je ne veux plus jamais me faire du mal de quelque manière que ce soit. Je ne ferai que ce qui me fera du bien, ni plus ni moins.

    Il m'arrive parfois aujourd'hui de détester que Hugh me regarde lorsque nous faisons l'amour. Et il m'est fréquemment arrivé de pleurer après, simplement à cause de la honte que je ressens encore quand nous faisons l'amour. C'est une piqûre de rappel de la relation dans laquelle je me trouvais et pendant laquelle la honte était le sentiment dominant. Je continue de ressentir de la honte, encore aujourd'hui, et même si la partie rationnelle de mon esprit sait que le sexe est quelque chose de sain, de bon et de beau avec la bonne personne. Je me suis également rendu compte que je cherchais beaucoup trop à plaire. Là encore, c'est ce qui reste de mon ex manipulateur qui cherchait à me faire faire tout ce dont il avait envie, que j'en aie moi-même envie ou pas.»

    —Isabel

    29. «J'achète des sous-vêtements dans lesquels je me sens sexy parce que je suis enfin prête à me sentir à nouveau sexy.»

    30. «Je suis presque sûre que c'est à cause de ça que je souffre maintenant de vaginisme.»

    «J'ai 21 ans et je suis étudiante. Quand j'avais 18 ans, j'ai dit à mon petit ami que nous ferions l'amour le soir du bal de fin d'année. Le problème, c'est que je n'étais pas attirée par lui et je ne comprenais pas qu'il fallait avoir de l'excitation pour ressentir du plaisir lors d'une relation sexuelle. Quand il a commencé à me pénétrer, j'ai presque crié tellement ça faisait mal. Je lui ai demandé d'arrêter, mais il m'a culpabilisée et m'a dit qu'il fallait qu'on continue. Je me suis sentie piégée et j'ai dit d'accord, mais je me sentais malheureuse. La douleur a continué, mais comme je voulais être une "bonne petite amie", je n'ai rien dit.

    Je suis quasiment sûre que c'est à cause de ça que je souffre maintenant de vaginisme. Je peux ressentir de l'attirance, mais dès que quelqu'un essaie de mettre sa bite en moi, je ne peux plus continuer.»

    —Emma

    31. «J'aimais la façon dont on mettait l'accent sur la communication et le consentement dans la communauté BDSM.»

    32. «Redécouvrir ma sexualité a été une libération. C'était le dernier pan de ma vie dont mon violeur m'avait dépossédée, et ça aussi, je l'ai repris.»

    «Quand j'étais à la fac, je suis sortie avec un homme qui, quand j'y repense, s'est montré de plus en plus violent sexuellement au fur et à mesure de notre relation. Il a été mon premier partenaire sexuel et était plutôt discret de ce point de vue quand nous étions ensemble, je n'ai rien remarqué. Après notre rupture, j'ai déménagé et changé de numéro de téléphone, mais il a réussi à savoir où j'habitais et s'est introduit deux fois par effraction dans mon appartement et m'a violée en me menaçant avec une arme.

    Plus tard, j'ai eu une discussion avec un ami et nous nous sommes mis d'accord pour coucher ensemble en restant amis. C'était parfait pour m'aider à reprendre confiance parce que je n'avais pas à m'inquiéter de plaire à l'amour de ma vie, c'était juste un ami qui pouvait s'en aller n'importe quand sans avoir de rancune ni le cœur brisé. Sexuellement, c'était parfois exceptionnel et les expériences étaient excitantes, d'autres fois, alors que tout pouvait bien se passer, j'étais soudain saisie de terreur et j'arrêtais tout ou je n'arrivais même pas à m'y mettre. Il était patient, respectueux, et quand il était frustré, il ne le montrait jamais. Mais il me traitait aussi comme une femme: il ne me traitait pas comme si j'étais brisée, fragile ou naïve, ce qui était vraiment quelque chose.

    J'ai toujours eu peur que le viol me définisse. Peu de personnes connaissent mon histoire (même si mon plus grand regret reste de ne pas l'avoir dénoncé à la police). Redécouvrir ma sexualité a été une libération. C'était le dernier pan de ma vie dont mon violeur m'avait dépossédée, et ça aussi, je l'ai repris. Je ne suis pas sûre que mon ami pourra un jour mesurer quel beau cadeau il m'a offert.»

    —Anonyme

    33. «Parfois, mon petit ami veut me faire un câlin ou m'embrasser et, même si je n'y suis pas vraiment opposée, je me retrouve à lui dire non parce que je le peux

    34. «Je comprends à présent que ce que je choisis de vivre au plan sexuel et mon agression sont deux choses totalement différentes. Maintenant, j'ai le choix.»

    «J'ai été victime d'agressions sexuelles tout au long de mon enfance. Je connaissais les organes génitaux et la pornographie avant de savoir ce que c'était vraiment que faire l'amour. À l'âge de 15 ans, les agressions ont cessé. J'étais tellement détraquée émotionnellement par tout ça que je croyais que la masturbation/les pulsions étaient quelque chose de mal. Je me maudissais d'avoir des pulsions et de la curiosité, parce que j'avais brouillé les lignes entre les agressions et ce qui était normal; je pensais que je ne valais pas mieux que lui.

    J'ai porté une bague de chasteté tout au long du lycée et suis restée chaste pendant quatre ans, ce dont je suis encore fière. J'ai été proche de deux garçons, deux garçons pour qui j'avais des sentiments forts, et cela n'a pas été facile. Il m'a fallu beaucoup de patience et de temps pour guérir, mais je comprends à présent que ce que je choisis de vivre au plan sexuel et mon agression sont deux choses totalement différentes. Maintenant, j'ai le choix.»

    —Lindsey

    35. «Je suis avec mon petit ami depuis presque trois ans et je ne suis toujours pas capable de faire l'amour avec lui.»

    36. «Je suis beaucoup plus renfermée, et beaucoup de gens qui ne savent pas ce qui m'est arrivé pensent que c'est seulement parce que je me suis casée et que je me suis mariée, mais ce n'est pas le cas.»

    «Avant mon agression, les relations intimes étaient un domaine de ma vie qui me procurait beaucoup de joie et me permettait de relâcher la tension. Je flirtais beaucoup, j'adorais la jolie lingerie, j'étais en phase avec ma sexualité. Depuis que j'ai été agressée, je suis devenue bien plus réservée. Je me reproche parfois encore d'avoir été agressée parce que je flirtais beaucoup. J'étais du genre à écrire mon nom sur les serviettes des bars et les faire passer au mec le plus mignon du groupe. Je flirtais de manière platonique avec les hommes comme avec les femmes.

    Aujourd'hui, il m'est difficile de faire ce genre de choses sans avoir le sentiment que cela peut se retourner contre moi. Je suis beaucoup plus renfermée, et beaucoup de gens qui ne savent pas ce qui m'est arrivé pensent que c'est seulement parce que je me suis casée et que je me suis mariée, mais ce n'est pas le cas. J'ai l'impression d'avoir perdu une grande partie de moi-même. Je peux toujours trouver de la joie dans les relations intimes, mais c'est également une zone de grand stress dans ma vie, plutôt qu'une oasis hors du stress.

    Je continue tous les jours à travailler sur mes problèmes. J'aimerais avoir autant le goût de l'amusement et de la légèreté qu'auparavant, et, même si je regrette de n'avoir pas poursuivi mes études (j'ai dû les interrompre à cause de mon TSPT), je ne pense pas que je voudrais revenir en arrière et tout recommencer si je le pouvais. Ce serait super de ne pas souffrir de ce TSPT, mais ma vie porte aussi en elle un certain nombre de choses dont je n'imagine pas qu'elles auraient été possibles si je n'avais pas vécu ce profond bouleversement. J'ai un mari fantastique et nous avons tous les deux une super maison et un chat vraiment adorable. Évidemment, il ne s'agit pas pour moi de dire que je suis contente d'avoir été violée —je me ferais une joie de brûler mon violeur si c'était légal— je dis juste que la vie finit par reprendre le dessus si on continue d'avancer.»

    —Vivienne

    37. «Certains ont pu être affectés de façon différente, c'est mon cas ainsi que celui de beaucoup d'autres qui font l'expérience d'une hypersexualité induite par le traumatisme.»

    38. «Vous êtes légitime, vous méritez d'être aimé-e, ça n'a jamais été de votre faute et ça ne le sera jamais. Vous méritez de vivre la meilleure existence qui soit.»

    «Je suis un homme trans de 19 ans. L'agression sexuelle que j'ai subie m'a rendu solitaire et m'a presque dégoûté de toute relation de couple à partir du moment où il était question de sexe. Parfois, de simples sentiments amoureux suffisaient à me détourner de l'autre et à vouloir mourir. J'ai eu le sentiment d'être un jouet, et c'est toujours le cas, et je trouve déprimante la façon dont cela a affecté la perception que j'ai de la notion de confiance. Je continue à avoir l'impression que je dois donner du sexe à mes partenaires en échange de leur amour, et que mon consentement n'aura jamais aucune importance tant qu'ils ne seront pas satisfaits.

    Je souffre de TSPT et j'ai souvent des pensées suicidaires, ces deux troubles étant en partie liés à ce traumatisme. Je sais que j'ai la vie devant moi, mais je n'envisage toujours pas de relation dans laquelle on ne m'exploitera pas pour la seule chose pour laquelle mes agresseurs me trouvent des qualités, à savoir le sexe. Cela m'a malgré tout pris du temps de me rendre compte que mes expériences sont légitimes.

    Mon meilleur conseil aux rescapés: ne laissez absolument personne vous dire que vous n'avez pas été meurtris ni traumatisés. Vous êtes légitime, vous méritez d'être aimé-e, ça n'a jamais été de votre faute et ça ne le sera jamais. Vous méritez de vivre la meilleure existence qui soit.»

    —Damian

    39. «À tous les autres qui ont survécu au viol, je voudrais dire: quelle que soit la façon dont vous envisagez aujourd'hui le sexe, c'est la bonne! Votre corps vous appartient, ce qui veut dire que votre vie sexuelle est légitime, sous quelque forme que ce soit.»

    Pour des raisons de longueur et/ou de clarté, les réponses ont été modifiées.

    Ce post a été traduit de l'anglais.